Certaines théories scientifiques imaginent-elles une répétition des vies sur Terre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Est-ce que certaines théories scientifiques imaginent que la vie serait apparue plusieurs fois sur Terre ?
Merci
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé de théories tablant sur une disparition totale puis une réapparition de la Vie au long de l'histoire de la Terre. Mais quelques épisodes sont désormais connus comme des périodes d'extinction massive des espèces vivantes sur notre globe à un moment donné.
Bonjour,
Il faut déjà définir ce qu’est la Vie.
Trois éléments fondamentaux caractérisent un être vivant : un métabolisme permettant les transformations de matières et d’énergie ; le confinement (vis-à-vis du milieu externe) ; la capacité de se reproduire de façon indépendante qui suppose l’existence d’un support d’information héréditaire. (Paléontologie / Quentin Boesch, pp. 129-130).
Votre question est intéressante et originale : nous avouons que nous n’avons jamais pensé à votre hypothèse de départ.
En effet, selon l’avancée actuelle de la Science, il est admis que la Vie serait apparue très trop après la formation de la Terre, il y a au moins 3,7 milliard d’années (environ). Certaines découvertes récentes mais encore discutées reculent ce moment à – 4,28 milliards d’années.
Bref, cet intervalle de temps est incommensurable pour nous qui vivons dans le meilleur des cas un peu plus d’un siècle. On pourrait imaginer une disparition totale de la Vie, puis une réapparition: un «stop and go» en quelque sorte.
Mais nos recherches ne nous ont pas permis de trouver une théorie scientifique avançant cette thèse d’une «résurrection» après disparition...
Cependant dans les quelques milliards d’années depuis son apparition, la Vie sur la Terre a quelque fois été fortement bousculée.
La paléontologie a permis d’établir la trace de cinq moments de l’histoire de la Terre où une grande partie des espèces vivantes s’est éteinte dans un temps relativement court au point de vue géologique.
C’est ce que l’on nomme communément les cinq extinctions massives. La plus importante a eu lieu à la frontière du Permien et du Trias, sur une période autour de – 250 Ma (millions d’années).
« Cette crise sans équivalent décime environ 55% des familles, 80 % des genres et 95 % des espèces marines » (Paléontologie / Quentin Boesch, p. 180).
Mais les êtres vivants ne se limitent pas aux animaux terrestres et marins : il faut compter aussi les plantes, les champignons, et tous les êtres vivants «invisibles» tels que les microbes et bactéries et archées.
Et pour ces dernières catégories, le peu de traces fossiles qu’elles peuvent laisser ne peut pas permettre de juger d’une éventuelle extinction massive voire disparition à un moment donné.
A l’ère du Précambrien (de la naissance de la Terre à -540 MA), la Vie se résumait essentiellement à ces êtres microscopiques : archées et bactéries.
Et c’est justement vers la fin de cette ère que l’analyse de roches a permis de révéler un phénomène extraordinaire apparu (au moins) trois fois: le SnowBall Earth ou Terre boule de neige.
Phénomène se produisant lors de périodes pendant lesquelles une très grande partie des continents et océans se sont trouvés recouverts par les glaces.
« D’après les modélisations climatiques, lorsque la moitié environ de la Terre est recouverte de glace, la rétroaction positive s’emballe de manière irréversible et conduit inéluctablement à la formation d’une planète entièrement gelée. Au plus fort de la glaciation, les océans [et les continents] sont recouverts de glace et seule l’activité interne du globe peut limiter la congélation» (Le Précambrien /Jean-François Deconinck, p. 144).»
La question est : dans ces conditions (dans le froid et sans lumière solaire et sans oxygène), la Vie a-t-elle pu se maintenir?
Il semblerait que oui. Le volcanisme sous-marin peut introduire un biotope favorable à la continuation de la Vie sans lumière (et sans oxygène).
« Des cheminées blanches dressées sur un relief de fond océanique [qui] peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres de haut sont faites de carbonates de calcium. Les fluides qui en sortent […] renferment de l’hydrogène et du méthane en solution. L’écosystème microbien qui tapisse ces fumeurs [les cheminées blanches] comporte de nombreuses archées. […]. La vie de ces archées est liée aux fluides réducteurs chauds des fumeurs blancs, en l’absence d’oxygène et de lumière ». (La Terre et la vie / Anne Nédélec, p. 157).
Vous l’aurez compris, la Vie a plus d’un tour dans son sac ! Et c’est plutôt rassurant.
On peut comprendre que pour l’instant, il n’y ait pas de théorie scientifique postulant une disparition de la Vie puis une «résurrection».
Quand bien même ! Une telle théorie ne ferait que renchérir l’affirmation : la Vie a vraiment plus d’un tour dans son sac !
Cordialement