Quelle personnalité a donné son nom à la rue SPREAFICO ?
Question d'origine :
Bonjour,
quelle était la personnalité qui à donné son nom à la rue SPREAFICO à Villeurbanne.
Merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet
Il s'agit du glacier d'origine italienne Antonio Spreafico, qui ouvrit la première boutique de glacier-limonadier à Lyon en 1775.
Bonjour,
Le nom de la rue de Villeurbanne rend hommage au glacier Antonio Spréafico. Voici ce que nous apprend de lui un article de Lyon capitale :
Les premiers sorbetti sont arrivés à la cour de France au XVIe siècle grâce à Catherine de Médicis. Mais il faut attendre 1775 (ou 1762 selon les auteurs) pour voir l’installation du premier glacier-limonadier lyonnais (recensé comme glacier-limonadier – en 1676, la corporation des limonadiers et marchands d’eau de vie reçoit le droit de fabriquer des glaces et des boissons glacées).
Après un apprentissage à Venise, Vienne et Londres, Antonio Spréafico, un bourgeois italien de Milan, ouvre“Le Jardin de Flore”, aux Brotteaux. La maison porte ce nom en raison des massifs fleuris qui éclairent les vastes pelouses du jardin attenant. L’établissement est adjacent au “Pré Morand” – l’actuelle place Kléber (point de départ du projet de l’architecte Jean-Antoine Morand dans l’édification du quartier urbain au milieu des Brotteaux, alors entièrement rural). “Dans les salles de réception éclairées à la nuit tombante par les chandelles des candélabres et des lustres à cristaux sont servis sur des tables de marbre : sorbets, glaces napolitaines aux parfums variés et limonades dont la qualité fait la réputation de la maison.”
Bon lyonnais et bien implanté en ville, Spréafico (rebaptisé Antoine Pierre Cyr Spréafico) est défrayé par la municipalité de Lyon “pour les rafraîchissements qu’il a fournis aux troupes nationales et aux troupes de lignes” lors de l’insurrection du 26 juillet 1790.
L'article d'Alphonse Vachon Antonio Spréafico glacier-limonadier à Lyon au siècle des lumières, paru en 1997 dans la revue Rive-gauche, d'où est extraite la citation terminant le second paragraphe, est consultable à la bibliothèque de la Part-Dieu.
La présence des commerçant italiens a été notable sur le développement économique et culturel de l'agglomération lyonnaise. Au point qu'en 2014, les Archives municipales de Lyon ont organisé l'exposition "Lyon l'italienne", dont la courte description cite notre homme :
Dès le 18e siècle, des Transalpins ont fondé des commerces à Lyon, tels Pietro Casati, qui crée en 1750 une chocolaterie et un café attenant où l’on peut consommer un « sciocolato » chaud, ou Antonio Spreafico qui fonde en 1775 un café où il propose, pour la première fois à Lyon, des glaces et sorbets.
Ces commerces sont fréquentés par la bourgeoisie lyonnaise, contrairement aux nombreux cafés, épiceries et petits commerces créés par les immigrants italiens aux 19e et 20e siècles.
Ceux-ci, destinés surtout à leurs compatriotes, leur offrent des produits introuvables à Lyon, telle la charcuterie italienne ; ils leur permettent de se retrouver entre migrants de la même région et de pratiquer les divertissements auxquels ils sont attachés, en particulier les jeux de cartes italiens comme la Mora ou la Scopa.
Le catalogue de l'exposition Lyon l'italienne peut être consulté en ligne sur Calaméo.
On lit encore le nom de Spréafico dans l'article de la Tribune de Lyon Que reste-t-il de l’héritage italien à Lyon ? :
Au XIXe siècle, les banquiers italiens ont laissé place aux commerçants qui, eux aussi, ont changé Lyon. Le café d’Isaac Casati sur la Presqu’île devient une véritable institution. Des fabriques en vogue comme le chocolat ou les glaces sont dominées par les Italiens.
Le Milanais Antonio Spreafico a lancé cette mode à Lyon avec sa boutique très courue des Brotteaux, aujourd’hui disparue. Plus modestes, les épiciers œuvrent non loin des habitations bon marché où logent les artisans et ouvriers transalpins de la rive gauche du Rhône. La famille Nardone, basée à Saint-Jean depuis 1929, entretient encore la tradition du bon goût à l’italienne.
Pour aller plus loin :
Lyon à l'italienne : deux siècles de présence italienne dans l'agglomération lyonnaise / Jean-Luc de Ochandiano ; avec la collaboration de Nuria Pastor Martinez
Bonne journée.