Question d'origine :
Je m'intéresse au site d’Habuba Kebira, (vallée de l’Euphrate, Syrie) et plus particulièrement ses éléments et techniques de fortifications. Auriez-vous des lieux de recherches à Lyon ainsi que des références bibliographiques pouvant m’aider à creuser?
Merci d’avance,
Réponse du Guichet
Régis Vallet apparaît comme le spécialiste d'Habuba Kébari et, sur Lyon, nous vous conseillons de vous rendre à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux.
Bonjour,
Régis Vallet semble être le spécialiste de la question. Il a consacré et soutenu une thèse en 1995 sur l'urbanisme dans la Mésopotamie ancienne : étude de cas, dans laquelle il étudie Habuba Kebira.
Son article, "Habuba Kebira ou la naissance de l'urbanisme" (Paléorient, 1996, vol. 22, n°2. pp. 45-76) consultable en ligne, décrit à partir des fouilles, comment était le site d'Habuba Kebira. Nous en reproduisons de brefs extraits mais il vous faudra consulter l'étude dans son intégralité :
l’emplacement de la ville dans son environnement est typique des établissements sur l’Euphrate de toute la région : sur l’ancienne terrasse du fleuve comprise entre son ancien lit et le plateau désertique, position qui présente e double avantage d’être à proximité immédiate du fleuve et relativement protégée de ses crues...
Pour ce qui est de la forteresse il évoque :
Implanté une cinquantaine de mètres à l’ouest de la vieille ville, le rempart a un tracé parfaitement rectiligne, parallèle à l’Euphrate, reconnu sur 540 m jusqu’à son angle nord, et sur plus de 140 m de cet angle vers le fleuve. Principalement construit en briques crues de grand format (5)x50x14 cm), il est épais de 3 m à 3,30m et renforcé tous les 13,50 m par des bastions larges de 5,50 m, saillant entre 3,50 m et 4,20 m et accessibles de l’intérieur de la ville par des cages d’escalier. La totalité de la face externe du rempart est ornée de niches et deux portes permettent d’accéder à la ville. Leur système de protection se compose de pièces de garde qui allongent et encadrent le passage proprement dit (large de 2 m) dont la fermeture était assurée par une porte à double battant….
Par ailleurs divers ouvrages évoquent cette ville dont L’époque des premiers bourgs fortifiés. Pertinence de l’existence d’un processus d’urbanisation dans le Levant sud au troisième millénaire par Christophe Nicolle qui mentionne : :
Habuba Kebira est le site le mieux connu de l’époque de l’Uruk récent (3150-2900 av. J-C-). Il s’agit d’une fondation ex nihilo qui a existé seulement une centaine d’années, avec trois phases d’extension de sa surface construite.
Le fait que le site urukéen de Syrie euphratique ne soit pas réoccupé après son abandon, à la fin de la période d’Uruk, explique que pour une fois, les ruines de l’époque n’aient pas été profondément enfouies. Elles sont recouvertes par une trentaine de centimètres de terre seulement. Les fouilleurs ont pu reconnaître facilement le tracé du rempart et dégager près de 5 a d’un habitat urbain relativement dense avec sa voirie hiérarchisée et son bâti monumental (...) Habuba Kebira appartient à la même culture matérielle. La « colonie urukéenne, d’une superficie de 26 ha dans sa phase finale, témoigne de la diffusion vers le nord d’un modèle d’organisation socio-économique d’origine sud-mésopotamienne.
(…) la première ville que l’on identifie avec certitude est Habuba Kebira. Toutefois, cet exemple tardif ( de la période de l’Uruk récente entre 3150 et 2900 av. J-C) doit être considéré comme une exception. Il s’agit d’une implantation urukienne en terre étrangère. Même si son développement a été relativement lent et progressif, il s’agit d’une fondation ex nihilo. Cela lui confère un statut particulier.
Dans un tel cas de « ville neuve », la concentration des habitats derrière les remparts résulte d’un souci de protection et témoigne d’une organisation particulière du finage de la ville et de ses rapports avec les installations autochtones des alentours. Elle n’est pas le fruit d’un lent processus de regroupement de communautés villageoises.
(…)
Habuba Kebira date de l’Uruk récent (315à-2900 av J-C) et on ne connaît pas de plan de ville pour les périodes de l’Uruk ancien et moderne. De même, il est difficile de saisir une différence des pouvoirs entre la période d’Obeid et le début de la période d’Uruk et entre le début et la fin de cette même période d’Uruk.
Nous vous suggérons également les lectures suivantes :
"Habuba Kébira sud, approche morphologique de l’habitat" in : Castel, Al-Maqdissi, Villeneuve, Les maisons dans la Syrie antique du IIIe millénaire au début de l’Islam : pratiques et représentations de l’espace domestique : Actes du colloque international, Damas, 27-30 juin 1992, p. 105-119
Mitchell S. Rothman (éd.), Uruk Mesopotamia & Its Neighbors. Cross-Cultural Interactions in the Era of State Formation, 2001.
Chazan M., World Prehistory and Archaeology, 2015.
Viollet P.-L.,L'hydraulique dans les civilisations anciennes 5000 ans d'histoire, 2004
Liverani M., The Ancient Near East. History, Society and Economy, 2013.
Par ailleurs, sur Lyon, nous ne pouvons que vous conseiller de vous rendre à la Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux. L'interrogation de son catalogue donne 12 résultats (certains en langue allemande) dont :
Butterin P, "Deux colonies urukiennes : Habuba Kabira et Jebel Aruda" in Atlas historique du Proche-Orient ancien, 2020.