Faut-il savoir prendre soin de soi avant de pouvoir bien aider les autres?
Question d'origine :
Est-ce qu'il faut savoir prendre soin de soi avant de pouvoir bien aider les autres?
Réponse du Guichet
En effet, prendre soin de soi comme préalable pour pouvoir soutenir et aider les autres est un des postulats récurrents des essayistes en développement personnel. Cependant, d’autres points de vue, notamment de psychologues et de neuroscientifiques, estiment que c’est l’altruisme et l’engagement dans la société qui sont susceptibles d’augmenter notre bien-être. Sur ce sujet comme bien d’autres, donc, pas de réponse ferme et définitive !
Avant de prendre soin du milieu social et humain qui nous entoure, il faut s’aider soi-même et développer son intériorité. C’est la thèse d’un auteur comme Thomas d’Ansembourg, conférencier-formateur en développement personnel et en communication non violente.
Dans Du Je au nous, l’intériorité citoyenne : le meilleur de soi au service de tous, il s’efforce de démontrer « qu'un citoyen pacifié est un citoyen pacifiant et qu'un être humain ayant trouvé son élan de vie propre se met invariablement au service des autres. Pour lui, le développement personnel profond est la clé du développement social durable ».
Dans Cessez d’être gentil, soyez vrai, il va même jusqu’à affirmer que « la tendance à s’ignorer ou à méconnaître ses propres besoins conduit à se faire violence et à reporter sur d'autres cette violence, transformant un phénomène individuel en un véritable enjeu de santé publique ».
Nombreux sont les auteurs de développement personnel à soutenir que le premier pas pour aider les autres est de s’aider soi-même. Vous pourrez consulter sur ce point de vue :
- Nicole Prieur, Les trahisons nécessaires : s’autoriser à être soi.
- Inès Weber, Etre soi : une quête essentielle au service du monde.
- Marc Pistorio, Mieux s’aimer, mieux aimer.
Néanmoins, d’autres auteurs soutiennent que le processus inverse est également de nature à favoriser le bien-être individuel. La psychologue Rebecca Shankland et le psychiatre Christophe André montrent dans Ces liens qui nous font vivre : éloge de l'interdépendance « comment l'interdépendance des individus permet leur mieux-être ». Interviewé par le magazine Figaro Madame, le psychologue Christophe Haag affirme même que « face à cette sinistrose ambiante, un des meilleurs remèdes pour réguler ses états émotionnels est d'aider les autres ».
Car le risque existe de ne se focaliser que sur son bien-être personnel dans une dynamique de repli individualiste, certes protecteur, mais occasionnant un déni de la réalité. C’est la thèse que soutient le journaliste Vincent Cocquebert, allant même jusqu’à parler d’uneCivilisation du cocon ; phénomène qui s’est particulièrement développé à partir du confinement en 2020.
Or, l’altruisme aurait des effets bénéfiques sur notre santé psychique et aiderait même les personnes à « se reconstruire après une maladie ou tout autre traumatisme ». C’est en tout cas l’angle de l’article d’Andrea Ostojic pour le magazine Sciences humaines qui s’appuie notamment sur les travaux du psychologue Jacques Lecomte.
« Dans son livre La Bonté humaine, le psychologue Jacques Lecomte s’intéresse à cette forme particulière de résilience que des chercheurs américains ont baptisée “altruisme né de la souffrance”. Ervin Staub et Johanna Vollhardt, de l’université du Massachusetts, ont recensé plusieurs études qui mettent en évidence des comportements particulièrement altruistes chez des personnes qui ont vécu des événements traumatiques, que ce soit des guerres, des génocides, des attentats terroristes, des catastrophes naturelles, ou encore des maladies graves […]. La motivation à aider est alimentée par une empathie accrue pour les personnes en souffrance et par une plus grande capacité à comprendre ce qu’elles vivent. Est-ce l’altruisme qui aide à se reconstruire, ou bien le comportement altruiste qui résulte de la reconstruction ? Jacques Lecomte parle de “spirale vertueuse” : “se sentir bien incite à vouloir aider les autres, et aider les autres conduit à se sentir bien” ».
Bonnes lectures !