Le spectacle Starmania respecte-t-il les trois unités du théâtre classique ?

Bonjour, 

Starmania est une comédie musicale de type "opéra rock" (l'un des premiers en français) écrite par Luc Plamondon (livret) et Michel Berger (musique). Elle a été jouée pour la première fois en 1979 à Paris et a rencontré un succès planétaire qui a donné lieu à de nombreuses réinterprétations aussi bien en français qu'en anglais. Avec plus de 2 millions d'exemplaires écoulés, le disque original demeure l'une des plus grosses ventes de l'industrie musicale française. 

L'action se déroule à Monopolis, capitale d'un Occident unifié aux inégalités sociales exacerbées. Les élections présidentielles approchent et la bataille fait rage entre deux candidats que tout oppose. En parallèle un jeune homme prénommé Ziggy rêve de devenir la star d'un soir de l'émission à succès Starmania.

Vous nous demandez si cette comédie musicale rentre dans les standards de la règle des trois unités au théâtre telle qu'elle fut développée au XVIIe siècle. Pour rappel en voici les critères : 

1. L’unité de lieu : l’action doit se dérouler en un seul lieu (une pièce, un jardin, une place publique, etc.)

2. L’unité d’action : toute intrigue secondaire doit être évitée. Celles-ci nuisent à l’action principale et participent à perdre l’attention de l’auditoire. Si action secondaire il y a, elle doit être liée à l’intrigue principale.

3. L’unité de temps : l’action de la pièce de théâtre doit se limiter à 24h maximum pour entretenir l’illusion du réel auprès des spectateurs.

Source : culturelivresque

Mais d'autres exigences peuvent venir s'ajouter comme l'unité de ton, qui permet de maintenir sur scène une stricte séparation des genres dramaturgiques (tragédie/comédie par exemple) ou encore des principes de bienséance. Les bienséances externes impliquent de ne pas heurter le public et à prohiber tout ce qui dérogerait à la morale de l'époque (violence, adultère, morts etc.). Les bienséances internes insistent quant à elle sur la cohérence du développement des personnages et de l'intrigue tout au long de l’œuvre.   

Source : Etudes-littéraires

Au regard des critères qui régissent la règle des trois unités il nous semble difficile d'y intégrer Starmania pour plusieurs raisons. Pour ce faire nous nous basons sur la version originale de l’œuvre, disponible en intégralité sur Youtube : 

Unité de lieu : Le café Underground, la tour du milliardaire et candidat aux présidentielles Zéro Janvier, ou encore la discothèque située à son sommet font l'objet de scènes distinctes qui fragmentent l'unité d'espace du spectacle. 

Unité d'action : Plusieurs "intrigues" se déroulent simultanément. La règle impose une unité d'action qui empêche normalement le développement de ces à-côtés. L'élection de Zéro Janvier demeure la trame principale du récit, mais d'autres histoires gravitent autour. On pense aux ambitions musicales de Ziggy mais aussi à la fuite amoureuse de Johnny et Cristal ou encore aux déboires de l'actrice Stella Spotlight etc.

Unité de temps : En raison du développement de toutes ces intrigues et de l'évolution des personnages qu'elle accompagne, il est improbable que l'action de Starmania soit conscrite en 24h. Zero Janvier devient président, avant cela il rencontre et épouse Stella, Marie-Jeanne se reconvertie en disc-jockey après avoir été serveuse, et Johnny Rockfort complote avant d'être assassiné. 

Nous ne reviendrons pas sur l'unité de ton ou les principes de bienséance tant ce la relève de l'évidence. qui Nous vous soumettons quand même les paroles des Adieux d'un sex-symbol pour vous refaire une petite idée, ave en prime un petit extrait pour le plaisir : 

Moi qui suis sage
Comme une image.
Comme une image divine
Qu'on adore et qu'on adule,
Une image de magazine
Sur qui on éjacule.
Seule sur mon acropole,
Je sens que j'dégringole,
Je sens que j'dégringole.
Ce n'était qu'un feu de paille
Que tout ce show business.
Dessous le strass
Y avait le stress,
Y avait ma jeunesse.
Venez voir mourir
Le dernier sex symbol.
Venez boire, venez rire
A la fin d'une idole.

Parole de Diane Dufresne

Autre époque, autre mœurs 

Bonne journée,