Je cherche des informations sur la liste d'ursidés détenus par le parc de la Tête d'or
Question d'origine :
Bonjour,
En novembre 2018, le dernier ours du Parc de la Tête d'Or est décédé d'un cancer du foie et du pancréas, il fut alors décidé par la direction de ne pas le remplacer, marquant une rupture avec l'histoire du parc. Véritable animal totémique de la Tête d'Or, l'ours marqua l'histoire du Jardin Zoologique par sa présence continue dans le parc. C'est donc tout naturellement que j'aimerais savoir si vous avez, dans les ressources qui vous sont disponibles, des informations sur les ours possédés par le Parc de la Tête d'Or (race, dates d'entrée/sortie etc) pendant le XIXe siècle ?
Les séries lacunaires 485 WP et 1923 W des archives municipales de Lyon révèlent pour le XIXème siècle :
- 1 ours "acclimaté" (d'espèce inconnue), premier ours de l'histoire du parc, qui fait son apparition dans le premier recensement de 1865, il est probablement arrivé cette année là, expliquant la création de l'emblématique cage aux ours. (1923 W)
- 1 jeune ourson de Russie offert par M. Arnaud, un ingénieur dans la Loire en juillet 1877 et dont l'accueil par le parc est impossible, poussant la ville à l'échanger l'année suivante contre d'autres animaux à la Société d'Acclimatation de Paris. (485 WP /11)
- 2 oursons ("Ours du Caucase") offerts par M. Chantre (du Muséum d'Histoire Naturelle de Lyon) qui font leur entrée en septembre 1881 et dont l'un tombe malade au point de devoir être abattu en 1882. (485 WP/12)
- Un ours de Cochinchine, dont l'Ingénieur en chef stipule que la ville possède déjà lors de l'arrivée de Martin. (485 WP/11)
- L'ours Martin fait son entrée à environ un an, janvier 1892 offert par M. Thomasso écuyer au cirque de Rancy. Martin "paraît" être un ours de Cochinchine comme le souligne l'ingénieur de la ville, au vue des photographies qu'on a de lui (comme celle ci-jointe à la question), et de la forte présence des ours à lunettes dans les pays de l'ex Cochinchine, il est possible qu'il appartienne à cette espèce. (485 WP/11)
- Il y a également l'incontournable Michat (ours de Syrie, également désigné comme ours du Caucase), sorti de l'anonymat lorsqu'il dévora un jeune de 15 ans en 1892. (voir ma précédente question de 2022 sur cet ours). Cet ours est probablement un des deux oursons offert par M.Chantre en 1881.
Avez-vous, de votre côté, des informations qui pourraient confirmer, infirmer ou préciser cette liste d'ursidés détenus par le parc au XIXe siècle ?
Très cordialement,
Réponse du Guichet
Si nous avons trouvé des mentions concernant certains de ces ours nous ne pouvons en revanche vous proposer de liste ou d'inventaire.
Bonjour,
Nos recherches dans les ouvrages de la bibliothèque municipale ou de références en ligne ne nous ont pas permis de trouver une liste des ursidés et il vous faudra vraisemblablement poursuivre vos recherches aux Archives en consultant notamment toutes les délibérations municipales et en essayant de retrouver les registres du parc. Pour l'heure, nous avons trouvé (de manière certainement non exhaustive) diverses descriptions dans la presse lyonnaise :
En 1872, dans le cadre de l'Exposition Universelle de Lyon, Le Guide Lyonnais apporte une première mention :
Le Parc de la Tête-d’or n’a pas, comme le Jardin des plantes de Paris ou le jardin de Marseille, sa collection d’animaux féroces. Il a tenu cependant à avoir son ours Martin, comme tout jardin des plantes ….
Le catalogue d'exposition Tête d'Or : un parc d'exception créé par Denis Bühler : juin-août 1992, à l'Orangerie du Parc indique d'ailleurs que "vers 1863, on a construit la première cage à ours" et Xavier de Mérona complète ces éléments dans l'ouvrage Richesses du Parc de la Tête d'Or en mentionnant la présence d'ours en 1865.
De manière plus détaillée, La Société d'anthropologie et de biologie de Lyon indique dans le Bulletin de la Société d'Anthropologie de Lyon (1882) :
Cet animal, âgé de deux ans, ramené du Caucase par M. Chantre, présentait depuis le mois dernier, une irrégularité de la locomotion qui, s’accentuant de jour en jour, prit bientôt les caractères de l’ataxie décrite en médecine humaine …
Le Procès-verbal - Conseil municipal [de Lyon ]. annexe au Bulletin municipal officiel de 1882 apporte d'autres informations :
Messieurs, par délibération du 29 septembre 1881, vous avez demandé qu’un projet fût préparé en vue de la construction d’une nouvelle cage destinée à recevoir définitivement les deux oursons offerts à la Ville par M. Chantre, sous-directeur du Museum d’histoire naturelle (.. .) Mais, ainsi que l’explique M. Domenget dans son rapport joint au dossier, une allocation de 1000 fr. votée par votre délibération précitée, pour une installation provisoire des deux oursons dans la cage de l’ours Martin, est restée sans emploi, ces oursons ayant été placés dans une ancienne cage retrouvée dans les magasins de la Voirie …
L'écho de Lyon du 24 août 1892 dresse une liste des ours à cette période :
Tous les lyonnais connaissent les fosses aux ours (…) parmi les pensionnaires de ces fosses, il y a dans l’une d’elle le légendaire Martin, un ours noir et, dans une autre, trois ours de Syrie, don de M. Chantre directeur du Muséum. La fosse est divisée par une haute barrière, derrière laquelle se trouvent un mâle et une femelle, « Pierre » et « Catherine », puis dans l’autre case, un troisième ours que son humeur farouche à fait isoler.
Le registre du Parc porte qu’il s’appelle « Michat » ; mais les visiteurs lui ont substitué déjà depuis longtemps le nom de « François ». Le carnassier, qui est âgé de dix ans environ, est dans toute la force de l’âge.
Enfin en 1908, Jules Hutinel dans Une visite aux animaux du parc de la tête d'or de Lyon rapporte que
Dans la première rotonde, se trouvent 2 ours bruns de Sibérie et la deuxième renferme les ours de Syrie qui diffèrent peu de l'ours brun.
Certaines de ces informations sont également mentionnées dans Un instrument symbolique de la domestication : le jardin zoologique aux XIXe-XXe siècles (l’exemple du parc de la Tête d’Or à Lyon) par Eric Baratay.
Bonne journée,