Existe-t-il des conditions médicales favorisant ou inhibant le sentiment amoureux ?
Question d'origine :
Bonjour,
De nombreuses questions ont été posées au Guichet du savoir sur ce que ce qu'est être amoureux.
Je m'interroge aujourd'hui sur le lien entre santé et sentiment amoureux. Existe-t-il des conditions médicales favorisant ou inhibant ce sentiment ? Je pense notamment à des situations de santé qui auraient des impacts sur le système hormonal (dénutrition, aménorrhée...) ou des troubles psychiques (dépression, anxiété...). Y a-t-il des études sur le sujet ?
Merci
Réponse du Guichet
Amour et santé sont liés !
Bonjour,
Nos synapses nous ont égarées sur les chemins de l’amour et nous voici désormais en retard pour vous répondre. Ces petits détours nous permettent néanmoins d’affirmer que oui, santé et amour sont bien liés.
Ainsi, le site doctissimo.fr revient sur une expérience menée par deux scientifiques :
Assez logiquement, l’hypothèse de départ postule que la santé mentale augmente les chances de se retrouver dans une relation amoureuse. Nous aurions donc plus de chance de nourrir une relation saine et longue, si notre santé mentale est déjà au beau fixe. Mais une autre hypothèse courante est que l’expérience du mariage est associée à une meilleure santé mentale. De nombreuses études montrent ainsi que “ceux qui entretiennent des relations saines et satisfaisantes jouissent d’une meilleure santé mentale et l’amélioration de la qualité des relations précède l’amélioration de la santé mentale” indiquent les auteurs.
En menant leur examen, les chercheurs ont en effet appris qu'il existe un lien plus fort entre les relations et la santé mentale que l’inverse. De sorte que les personnes engagées dans le mariage sont plus susceptibles d’avoir une meilleure santé mentale que celles en couple, sans aucun engagement. Par conséquent, le type de relation jouerait un rôle important dans l’association entre la santé mentale et la qualité de la relation.
En effet, chez l’être humain, les constructions négatives telles que la dépression et les symptômes dépressifs ont un plus grand impact sur les relations amoureuses que les constructions positives (par exemple, l'estime de soi, la santé, le bonheur, la satisfaction). Les auteurs concluent que la littérature suggère que ”les relations sont un élément clé du fonctionnement humain et peuvent potentiellement influencer un large éventail de résultats en matière de santé mentale”. Cela signifie que les relations amoureuses saines constitueraient ainsi un facteur de protection contre une mauvaise santé mentale. Mais dans ce constat, les chercheurs donnent une dernière astuce : il semble plus important de prévenir les mauvaises relations que d’améliorer les relations “assez bonnes”.
Par ailleurs, dans le rapport santé et relation amoureuse, l’arginine/vasopressin et l’ocytocine jouent un rôle prépondérant. En 2011, l’article Amours et "neurologie" publié dans la Revue neurologique (consultable sur em-consulte) s'intéresse à ce phénomène
Des avancées récentes ont identifié des réseaux neuronaux spécifiques de chacun de ces comportements. Il semble exister un état de complétude en amour intriquant plusieurs systèmes interconnectés comme le montre l’activation commune de plusieurs aires appartenant notamment au système limbique et paralimbique. Un rôle primordial de l’arginine/vasopressine et de l’ocytocine a été retrouvé dans le choix du partenaire et son attachement.
Le Journal du Cnrs consacre d’ailleurs en 2021 un article à l’ocytone, Ocytocine : du philtre d’amour au médicament :
L'ocytocine semble impliquée dans plusieurs formes d’attachement dont l'amour. Marcel Hibert nous explique ses mécanismes chimiques et biologiques ainsi que les espoirs thérapeutiques qu'elle suscite, notamment dans le traitement de l'autisme.
Vous étudiez depuis plus de vingt ans l’ocytocine et son rôle dans les troubles du comportement. Une aventure scientifique que vous retracez dans Ocytocine mon amour, paru en septembre dernier. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à cette hormone qu’on a un temps qualifiée de « molécule de l’amour » ?
(...)
L’ocytocine est-elle donc l’hormone de l’amour ?
M. H. Non, le prétendre serait un raccourci abusif. L’ocytocine est présente chez les animaux à reproduction sexuée depuis des millions d’années. À mon sens, l’évolution l’a sélectionnée pour associer du plaisir à toutes les fonctions nécessaires à la survie de l’espèce. Synthétisée par le cerveau, cette hormone est produite dans l’hypothalamus puis envoyée dans l’hypophyse. En passant par la circulation sanguine, elle diffuse dans tout le corps, en flux continu, avec des pics de production comme lors de l’accouchement4 ou de l’allaitement. Mais l’influence de l’ocytocine s’étend en fait largement au-delà. On sait désormais qu’elle protège le nouveau-né de la douleur et de l’hypoxie (manque d’oxygène, Ndlr) lors de l’accouchement, et qu’elle participe à la construction de son microbiote. Dans les premiers jours, elle lui permet de décrypter les émotions primaires dans les regards et sur les visages qui l’entourent, et de créer un lien affectif avec son entourage.
(…)
Plus largement, l’ocytocine participe ensuite à la construction et au renforcement de liens particuliers et d’interactions sociales. Elle module l’altruisme, l’empathie, l’amitié, la confiance en l’autre, ou encore les mécanismes amoureux. Bien évidemment, d’autres éléments peuvent être déterminants, comme les prédispositions génétiques, l’histoire personnelle, l’environnement, l’éducation, le hasard ou la nécessité. Il faut faire très attention aux extrapolations : l’ocytocine en spray nasal ne nous apportera pas le succès, ni en affaire ni en amour. Il ne sert à rien de s’en administrer, sans raison et sans contrôle.
Radio France consacre une émission à ce propos : Vous reprendrez bien une dose d'ocytocine.
Nous vous suggérons aussi les lectures suivantes ;
Ocytocine mon amour / Marcel Hibert
Un cerveau nommé désir : sexe, amour et neurosciences / Serge Stoléru, 2016.
Le site passeportsante.net traite aussi ce propos :
L’exaltation des premiers jours
Lorsqu’on tombe amoureux, le sentiment d’euphorie, d’exaltation et d’allégresse est lié à la sécrétion d’une hormone : la phényléthylamine (PEA). Elle est d’ailleurs surnommée « l’hormone de la passion » et le chocolat connu pour ses effets positifs sur l’humeur en contient. Les phényléthylamines ont un rôle de neurotransmetteur (= molécule chimique qui assure la transmission des messages d'un neurone àl'autre) ce qui leur permet d’avoir une action particulière sur certains neurones.En l’occurrence, la phényléthylamine apaise le stress et l’anxiété et constitue également un psycho-stimulant1.
L’attachement et la construction du couple
Après les actions stimulantes de la phényléthylamine interviennent celles de la dopamine (hormone du bonheur) et de l’ocytocine (hormone de l’attachement). La dopamine est un neurotransmetteur associé aux sensations de plaisir et de dépendance. Elle interviendrait dans le processus d’attachement et dans les sentiments de fidélité.
L’ocytocine2 est naturellement sécrétée par notre cerveau. Également produite naturellement pendant l’accouchement et la lactation, cette hormone est à l’origine de la sensation de détente, l’attraction et l’attachement pour une autre personne. Elle serait un anti-stress puissant et aurait des effets dopants sur le système immunitaire.Elle est sécrétée lors d’un câlin, d’une pensée amoureuse ou par un simple regard.
L’amour durable
Tout au long de la relation amoureuse, les endorphines sont à l’origine de la sensation de bien-être. Ces hormones sont des neurotransmetteurs de la famille des opiacés. Elles agissent de la même façon que la morphine en se fixant sur des récepteurs spécifiques qui bloquent la transmission des signaux douloureux et réduisent la sensation de douleur. Elles serviraient à combattre l’anxiété.
Pour finir, nous vous laissons consulter un article, pourquoi l'amour est bon pour la santé", publié dans l'express ainsi qu'une de nos réponses portant sur les hormones.