Je fais des recherche sur l'universalisme en Franc Maçonnerie
Question d'origine :
je fais des recherche sur l'universalisme en Franc Maçonnerie
Réponse du Guichet
Voici quelques pistes pour vous aider dans vos recherches.
Bonjour,
Dans le numéro spécial de L'Express, La grande histoire des Francs-maçons, Roger Dachez répond à la question : quelles étaient les motivations des initiés au XVIIIe siècle ? Cela donne un aperçu de l'idéal maçonnique universel envisagé dès le départ.
« Il n’y a pas une, mais des franc-maçonneries, d’où une pluralité de motivations. A l’époque fondatrice, c’est d’abord un désir de convivialité, de sociabilité festive. Alors que les états, les ordres, les classes étaient assez cloisonnés, la franc-maçonnerie fut très tôt un des rares endroits où l’on pouvait se retrouver indépendamment de son origine sociale… à l’exception des très pauvres ou des domestiques. A la fin de la tenue maçonnique, le vénérable de la loge disait : « j’invite les frères à un banquet frugal et fraternel, qu’ils viennent y gouter dans une société de frères les charmes de l’égalité. ». La seconde motivation, c’est la recherche intellectuelle ou spirituelle. En franc-maçonnerie, on prononce des discours, on proclame des principes, on défend des valeurs –la tolérance, le cosmopolitisme, l’égalité, l’amour fraternel.
Le discours d’André-Michel Ramsay, un des plus célèbres textes du XVIIIe siècle maçonnique, écrit en 1736, commence par : « Le monde entier n’est qu’une grande République, dont chaque nation est une famille, chaque particulier un enfant. C’est, messieurs, pour faire revivre et répandre ces anciennes maximes prises dans la nature de l’homme que notre société fut établie ». La République universelle, c’est tout de même un programme intellectuel ambitieux et typé ! A cette époque, le clergé catholique a une image déplorable. La Franc-maçonnerie va offrir, avec ses mystères, ses symboles, ses emblèmes, ses hiéroglyphes, ses légendes et ses personnages mythique empruntés à la Bible, un monde rêvé, parallèle, qui permet une évasion vers des thèmes plus ou moins ésotériques. La classe bourgeoise devient majoritaire dans toutes les loges, puisque les aristocrates, nombreux au départ, vont vite s’en aller. La bourgeoisie trouve là le moyen de proclamer des valeurs et un débuché spirituel, une religion de substitution. »
La Franc-maçonnerie de Roger Dachez et Alain Bauer revient en conclusion sur le projet maçonnique lui-même : « Quels sont, en fin de compte, la nature profonde et l’objet du projet maçonnique ?
« Aucune réponse univoque à cette question ne peut être proposée, mais il est possible de distinguer au moins trois composantes dont la confrontation dynamique permet à chaque initié de vivre au moins un projet maçonnique : le sien.
- L’humanisme maçonnique : « attachement profond à la dignité humaine, dans toute son extension, une vision positive et confiante de l’être humain » ; et « le respect en tout homme de cette dignité essentielle, la tolérance fraternelle et la solidarité morale et matérielle»
- L’ésotérisme maçonnique (même si là encore tous ne s’accordent pas sur ce caractère ésotérique) : « l’ésotérisme (dans la démarche maçonnique) n’est ni un corps de doctrines ni une qualité intrinsèque à des objets que l’on pourrait qualifier d’ésotériques, mais un certain regard porté sur le monde : monde vivant, chargé de correspondances, provoquant l’imagination créatrice et suggérant l’expérience de la transformation. »
- La voie initiatique : « la franc-maçonnerie est une recherche, un doute bien plus qu’une certitude initiale, une longue suite de questionnements et le ferme propos d’avancer toujours, d’aller droit devant soi, à la découverte de l’inconnu, humain, intellectuel, moral, ou spirituel… » « c’est le cocktail improbable, au dosage infiniment variable, entre l’engagement citoyen et la démarche spirituelle… »
Le Dictionnaire de la franc-maçonnerie propose une définition de l'universalisme. La voici :
Malgré ses divergences internes, la Maçonnerie prétend à l'universalisme, c'est à dire à grouper les hommes, quelles que soient leurs convictions religieuses et politiques, leur nationalité, leur race. "Signer un traité éternel au nom du Ciel et de l'Humanité ", écrivait Joseph de Maistre.
Bien des termes employés dans les rituels maçonniques affirment cet universalisme. "A la gloire de la Maçonnerie universelle", précède l'intitulé de toutes les planches de Droit Humain. Aux agapes, une traditionnelle "santé" est portée à tous les "Francs-Maçons, heureux ou malheureux, vivant ç la surface du globe". Les dimensions du Temple, son caractère cosmique témoignent aussi du fait que "la Franc-Maçonnerie est universelle."
Universalisme ou universalité ? Avec J. Corneloup, nous préférons le second terme qui transcende l’institution et qui vise "à un idéal, unélan d'hommes qui ne négligent aucun moyen de perfectionnement matériel, moral, social, intellectuel, artistique et spirituel de l'individu et de la collectivité."
Le Maçon a d'ailleurs très fréquemment le sentiment de cet universalisme, même en dehors de toute reconnaissance obédentielle ou non. Combien de maçons anglo-saxons se sont, pendant les guerres mnodiales, présentés dans les Temples français, malgré l'existence d'une impossibilité théorique. La commune ascendance de toutes les loges et Obédiences du monde, la relative identité du rituel, la tradition opérative qui est restée partout très vivante, tout ceci témoigne de l'unité profonde de la Maçonnerie à travers les rites et les Obédiences.
Universelle, la Maçonnerie n'a jamais été internationale. Chaque loge tient à son autonomie et chaque Grande Loge s'affirme "puissance souveraine", tout comme les Suprêmes Conseils, malgré les réunions périodiques, régionales, continentales, ou internationales de leurs Grands Commandeurs.
Les nombreux groupes internationaux n'ont pas et ne peuvent pas avoir autorité. Ce fut pendant longtemps, un des chevaux de bataille de l'antimaçonnisme que de dénoncer les crimes d'une Internationale maçonnique, dirigée par de hauts gradés inconnus à la plupart des Maçons. Personne ne le soutient plus guère aujourd'hui, encore qu'il arrive fréquemment qu'on accuse la Maçonnerie d'être un fidèle agent de l'impérialisme anglo-saxon.
Nous complétons notre propos en vous proposant une sélection d'articles et de réflexions sur le concept d'universalisme en franc-maçonnerie :
L'universalisme : le piège de deux extrêmes
L’universel en réponse à l’universalisme / Jean-Louis Validire
La République universelle des francs-maçons : une utopie des Lumières / Pierre-Yves Beaurepaire
La vocation universelle de la Franc-Maçonnerie
La Franc-maconnerie est universelle