Existe-t-il encore aujourd'hui des lieux de fabrication de velours au sabre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Existe-t-il encore aujourd'hui des lieux de fabrication de velours au sabre comme le faisait le rubanier Charles Rebour à St-Etienne au XIXe siècle ? Cet art a-t-il été remplacé par de nouvelles techniques industrielles ?
Merci.
Réponse du Guichet
Le sabrage du velours est un métier d'embellissement textile qui est rare mais qui n'a pas totalement disparu. Plusieurs artisans continuent de l'exercer, que ce soit à leur compte ou pour des maisons de haute couture. Il est encore possible de s'y former et le métier est distingué à l'examen de l'un des "meilleurs ouvriers de France". De nos jours l'industrie textile a automatisée ce geste tout en s'inpirant encore des pratiques traditionnelles.
Bonjour,
Emblématique du territoire textile stéphanois, le sabrage de velours est un métier rare et exigeant mais qui n'a pas complètement disparu. Pratiqué depuis plus de 150 ans, ce savoir faire a fait la renommée d'artisans comme Charles Rebour (1831 - 1897) ou de la Maison Staron, qui habillèrent grâce à de prestigieuses pièces de velours (robes et rubans notamment), la haute société française et européenne. Cet artisanat a aussi fait les beaux jours et la réputation d'Hermès. D'ailleurs le géant du luxe à la française continue d'employer deux sabreuses dans ses ateliers de la Holding Textile Hermès à Lyon, comme l'expliquait l'entreprise il y a deux mois dans ce petit post LinkedIn. Leurs artisans sabreurs étaient aussi mis à l'honneur dans cette exposition en 2022.
Pour découvrir en détail ce savoir faire d'exception, visionnez cette vidéo de Gisèle Nogueira, meilleure ouvrière de France en 2007 dans la catégorie "Velours au sabre". Elle présentait en 2011 l'histoire de son métier, sa formation ainsi que les outils et techniques qu'elle utilise pour exercer. Elle est aujourd'hui à son compte, vous pouvez découvrir son travail sur Sizo, une plateforme de mise en relation entre clients et artisans.
Ces pratiques sont aussi encore vives dans le sud, et plus précisément à Générac dans le Gard, où cette sabreuse de rubans perpétue ce savoir-faire en confectionnant les costumes d'Arlésiennes, une tradition provençale portée lors de manifestations festives, officielles ou rituelles. La transmission de ce métier de génération en génération dans la région d'Arles a fait l'objet d'un documentaire par Frédéric Bonnet en 2021 : "La transmission : le sabrage de velours", dont voici la bande annonce.
Dans son onglet "savoir-faire" la marque Bucol, créatrice de tissus haut de gamme pour de prestigieuses maisons de haute couture revendique encore elle aussi la pratique du velours sabré.
Le métier est toujours représenté à l'examen "un des meilleurs ouvriers de France" (Le bulletin officiel de l’Éducation nationale), et continue à être enseigné dans certains établissements spécialisés. Voici les parcours à effectuer pour s'y former selon l'Institut National des Métiers d'Art :
Niveau III
- BTS design de mode, textile et environnement - option textile, matériaux, surface, 2 ans.
- DMA Arts textiles et céramiques option Arts textiles, 2 ans.
- DNAP design option Textile, 3 ans.
Niveau I
- Diplôme de l’École nationale supérieure des Arts décoratifs, design textile, 5 ans.
- DNSEP design option textile, 2 ans.Formation professionnelle continue
Certains diplômes peuvent être préparés dans le cadre de la formation professionnelle continue. Des formations non diplômantes permettent de suivre une initiation, d’acquérir les bases d’un savoir-faire ou de se perfectionner dans une technique.
Si vous souhaitez savoir à partir de quelles matières et comment sont fabriqués les différents types de velours, nous vous conseillons la lecture de ce petit article, mais aussi de ces deux livres, à consulter sur place à la bibliothèque de la Part-Dieu : Histoire d'une entreprise de velours J.-B. Martin,1843-1977 d'Andrée Guatier (Association histoire et patrimoine du Pays voironnais, 2006) et Giron Frères : histoires de velours, du ruban à l'étoffe : 1820-1980 : [exposition au Musée d'art et d'industrie de Saint-Étienne 15 janvier-30 mars 2005] de Nadine Besse (Saint-Étienne : la Ville : Musée d'art et d'industrie, 2005).
Concernant les nouveaux procédés industriels utilisés pour couper l'armure des tissus et donner l'aspect velours aux étoffes, voici comment l'entreprise Brochier Soiries à Lyon présente son procédé de fabrication. Il est modernisé mais s'inspire des anciennes pratiques du velours sabré :
Aujourd’hui, nos pannes de velours sont toujours tissées sur des métiers Jacquard installés dans la région lyonnaise. Les motifs sont désormais créés sur ordinateur. Les métiers Jacquard électroniques sont pilotés par des logiciels qui gèrent le tissage des 2 chaînes et de la cantre qui alimente en fils le tissage en 3 dimensions. S’en suit la découpe du velours à la lame également automatisée en sortie de métier.
En vous souhaitant une bonne journée,