Quelle est l'origine de l'industrie de la soie à Lyon ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais que vous puissiez me donner quelques références afin d'en savoir davantage sur les origines de la soie à Lyon. Pourquoi cette activité s'est-elle développée à Lyon, est-ce en lien avec la culture du mûrier au sud de Lyon et donc de l'élevage du ver à soie ?
Par avance, je vous remercie pour votre réponse,
Solicitaire
Réponse du Guichet
Le développement de la soie à Lyon, dès le XVIe siècle, semble davantage lié aux foires, aux privilèges royaux et aux liens entre Lyon et l'Italie
Bonjour,
Au XVe siècle, les foires de Lyon deviennent un lieu d'échanges important. Les élites françaises s'y approvisionnent notamment en soie, en provenance d'Italie. Pour éviter la fuite des devises, Louis XI souhaite créer une manufacture de soie à Lyon ; il dicte l'ordonnance du 23 novembre 1466 qui crée la première manufacture de soie à Lyon. Mais les bourgeois lyonnais, soucieux de maintenir leur bonnes relations avec les marchands italiens, en freinent le développement. Un peu plus tard, en 1514, le marchand lucquois, Nicolas de Guide, tente de tisser de la soie à Lyon mais il est pris à partie par des compatriotes qui l'accusent de leur faire concurrence. La production de soie française se développe alors dans la région de Tours.
La soie lyonnaise prend véritablement son essor au XVIe, après 1536. Etienne Turquet et Barthélémy Naris, deux négociants piémontais, soutenus par François Ier, établissent dans la ville des manufactures pour étoffes précieuses.Le roi leur accorde les mêmes privilèges qu'à la ville de Tours et le monopole de l'importation de soie grège, c'est-à-dire, la soie que l’on obtient après le déroulement du cocon, la fibre à l’état brute. Si de la soie est produite depuis le XIIIe siècle dans le sud de la France, la production reste encore insuffisante et la Fabrique lyonnaise importe l'essentiel de sa matière première. La culture du mûrier sera encouragée par Henri II, Charles IX et Henri IV dans la seconde moitié du XVIe siècle. Ce dernier soutient dans cette tâche l'agronome Olivier de Serres, auteur du traité La cueillette de la soye par la nourriture des vers qui la font.
Lyon étant une ville très libre et où les artisans ne sont pas sous la contrainte de corporations fermées - liberté protégée par les lettres patentes royales de 1486 et 1511, le contexte économique du XVIe siècle est également favorable au développement de l'industrie de la soie.
Ces débuts de la soie à Lyon sont très bien expliqués dans LA SOIE À LYON : UNE INITIATIVE DU POUVOIR ROYAL, une étude de Pierre-Alain Four pour Millénaire 3.
Voici quelques références supplémentaires :
Jean Etevenaux, La soierie lyonnaise, La Taillanderie, Châtilln-sur-Chalaronne, 2003
Henri d'Hennezel, Le métier de la soie à Lyon au XVIe s in. Les foires de Lyon, Audin, Lyon, 1933
Roberto Tolaini, Lyon et l'Italie séricole du XVIe au XVIIIe siècle, in. Lyon vu/e d'ailleurs (1245-1800), PUL, Lyon, 2009
J.-S. Lapierre et E. Leroudier, Historique de la fabrique lyonnaise de soieries, Publications Pierre Argence, Lyon, 1926
Richard Gascon, Grand commerce et vie urbaine au XVIe siècle. Lyon et ses marchands (environs de 1520 - environs de 1580), SEVPEN, Paris, 1971*
Vital de Valous, Etienne Turquet et les origines de la fabrique lyonnaise, A Brun, Lyon, 1868
Guy Blazy, Lyon et la soierie à travers les siècles, in. Dossiers de l'art, n°92, Faton, Dijon, 1998