Quelle est la véracité de l'histoire de la bande dessinée Les enfants de la résistance ?

Bonjour,

Oui des enfants et adolescents ont activement participé à la Résistance, et ce de diverses manières. Voici ce que nous dit le Dictionnaire des compagnons de la Libération : « A la déclaration de guerre, 17.5 % des futurs compagnons sont mineurs. » Le plus jeune compagnon, décoré à titre posthume, s’appelait Henrio Mathurin, il avait 14 ans…

Une des émissions Le cours de l’Histoire proposée en 2023 par France culture, s'intitule «Enfants et résistants : les petites mains de l’armée des ombres». Le Podcast est toujours accessible. Sur l’entrée de certains enfants et adolescents dans la Résistance, il nous est expliqué que cet engagement se fit « Parfois par hasard, parfois par l’exemple de leurs parents, qui les associaient à leurs activités, par inconscience, par courage, seuls ou en groupe, sous le coup d’une impulsion instinctive ou dans la continuité d’un engagement militant, ils sont nombreux à avoir rejoint les rangs de la France libre. Parmi ces résistants, beaucoup de jeunes combattants, et quelques très jeunes combattants.»

L’historien Francis Broche précise également « [qu’]il n’existe pas de typologie de l’engagement dans la Résistance. Je crois que chaque engagement est particulier. Je prends pour exemple celui de Madeleine Riffaud, une jeune fille de seize ans qui attendait le train sur le quai de la gare d’Amiens. Elle commence à être importunée par un groupe de soldats allemands jusqu’à ce qu’un officier arrive, les disperse, avant de jeter à terre Madeleine, un coup de pied dans les fesses. Elle se relève alors et c’est dès ce moment-là qu’elle devient résistante. Elle dira par la suite : 'Il ne faut surtout pas humilier les gens que l’on a vaincus parce que c’est comme ça que vous faites des résistants.»

Diverses raisons, diverses actions, l’engagement des enfants et adolescents durant la guerre est protéiforme. Si nous n’avons pas trouvé mention d’enfants ou adolescents à la tête d’un réseau de résistance, l’engagement et la prise de risque furent très importants. Comme Josette Torrent, qui découvre à 12 ans que son père est résistant « et qu’il a besoin d’elle. Elle commence alors une double vie : derrière l’apparence d’une collégienne espiègle se cache l’une des plus jeunes résistantes de France.» (J'avais 12 ans et j'étais résistante Josette Torrent, Johanna Cincinatis & Olivier Montégut, Paris, Harper Collins 2023)

Comme Robert Birenbaum, qui « malgré son très jeune âge (NDRL 16 ans), fut de ceux qui recrutaient les résistants Francs-Tireurs Partisans de la main d’œuvre immigrée, dont Mélinée et Missak Manouchian et les autres combattants de l’Affiche rouge firent partie. » (16 ans, résistant Robert Birenbaum, paris, Stock, 2024)

Comme Ginette Marchais, qui « est entrée dans la Résistance dès l'âge de 12 ans ! Écoutant les messages de Londres pour y détecter ceux destinés au maquis Césario, apprenant le morse pour communiquer avec les avions qui larguaient ou atterrissaient à Couasnay, guidant les autorités jusqu'au PC du maquis, utilisant les codes secrets de l'ORA (Organisation de résistance de l'armée), brodant 400 brassards... A 12 ans, elle était une des plus jeunes résistantes de France - sinon la plus jeune. Après le débarquement du 6 juin 1944, elle a continué à aider le maquis jusqu'à la libération de la Touraine, participant, le 4 août 1944, à la réception du parachutage de plus de 20 tonnes d'armes et de matériels en forêt de Beaugerais. »

Comme Jean-Jacques Auduc, engagé à 11 ans, comme Reymond Tenneau impliqué dans un maquis du Vercors, ou encore Jean-Raphaël Hirsch dit «Nano», agent de liaison à 9 ans.

Comme tant d’autres…

Vous pouvez découvrir plusieurs de leurs portraits dans l’ouvrage de Philippe Chapleau Des enfants dans la Résistance : 1939-1945

D’autres ouvrages sur ce sujet :

- Les jeunes et la Résistance, sous la direction de Laurence Thibault ; préface de Jean-Marie Delabre, Paris, AERI, la Documentation française, 2007

- Les adolescents résistants : 1940-1944, Raphaël Delpard, Les Editions de l'Histoire, 2023

- Ils n’avaient pas 20 ans, François Broche, Paris, Tallandier, 2023

A destination des enfants :

Une bande dessinée en plusieurs tomes, et son film :

- Les grandes grandes vacances. 1 : Drôle de guerre, Gwenaëlle Boulet, Toulouse, BD Kids, 2019 

- Les grandes grandes vacances, réal. de Paul Leluc ; d'après les personnages de Olivier Vinuesa, Delphine Maury ; Sébastien Oursel, Guillaume Mautalent, Alain Serluppus France TV distribution, 2015

Des ressources en ligne :

- Le CHRD a proposé en 2022 une mini-exposition BD intitulée Les Enfants de la Résistance, précisément à partir de la bande dessinée que vous évoquez. Extrait : « À travers les aventures et les actions de François, Eusèbe et Lisa, héros des sept tomes de la BD intituléeLes enfants de la Résistance, l’exposition proposent de (re)découvrir les différentes réalités de la France occupée, les grandes étapes de la Seconde Guerre mondiale et d’appréhender de manière concrète la propagande, la résistance et la répression. Au fil du parcours, le visiteur voit ces trois enfants grandir, s'affirmer, se questionner et s’engager dans la Résistance avec l'intrépidité de la jeunesse et son courage. » En lien avec cette exposition, vous pouvez écouter des Podcasts de 15 minutes, qui font témoigner des enfants résistants de 12 à 15 ans.

- A lire sur le site de l'Académie de Dijon : L’engagement de la jeunesse dans la résistance en France (1940-1944). 

Bonnes lectures !