Les valeurs de Randall Wallace parlent-elles plus particulèrement aux croyants ?
Question d'origine :
Randall Wallace crée beaucoup d'œuvres qui parlent de valeurs-est-ce que ce sont surtout des valeurs qui parlent plus aux personnes ayant des croyances religieuses chretiennes?
Réponse du Guichet

Si Randall Wallace est bien chrétien et porte une importance à la foi, nous ne pensons cependant pas que ses œuvres trouvent plus d'écho particulièrement auprès d'un public aussi ciblé que des personnes ayant des croyances religieuses chrétiennes.
Bonjour,
Votre question interroge le rapport entre les œuvres de Randall Wallace et de possibles valeurs issues de croyances chrétiennes, voici ce que nous avons pu en déduire :
Randall Wallace est un écrivain, scénariste et producteur de longs métrages américain. Il est né en 1949 dans le Tennessee. Petit, il écrit souvent des histoires inspirées de celles que lui conte son père. Sa mère est secrétaire au sein d’une église baptiste. Il est élevé dans une famille pratiquante où la religion a une forte importance. Il suit une éducation plutôt "classique" en allant au lycée puis à l’université de Duke où il étudie la littérature, le russe mais surtout la théologie. L’université de Duke est réputée pour être l’une des plus sélectives, élitistes et reconnues des universités du Sud des États-Unis. Elle a été fondée originellement par un groupe de protestants méthodiques et de quakers au XIXème siècle et a toujours entretenu des liens avec le courant protestant au fil du temps comme en témoigne la chapelle toujours présente au centre même du campus. L’université est particulièrement réputée pour ses cours en médecine, en droit mais aussi en théologie. D’ailleurs, Randall Wallace a été séminariste à la Divinity School de l’université. On peut donc en déduire qu’il a toujours été empreint de foi de par son environnement social et son éducation.
Une fois diplômé, Wallace se rend à Hollywood pour tenter de faire carrière. Il écrit alors toutes sortes de textes et même des chansons. Néanmoins, sa carrière débute réellement à la télévision à la fin des années 1980 et début 1990 où il écrit des scripts pour diverses séries notamment la série Hunter. Il faut attendre 1995 pour qu’il se fasse véritablement reconnaître dans le monde du cinéma avec le succès du film Braveheart dont est issu votre pseudo ! Le film est nominé pour plusieurs prix et il remporte un Golden Globe ainsi que le prix du meilleur scénario original par la Writers Guild of America, célèbre association du monde des scénaristes et du monde du cinéma.
Parmi les films auxquels il a participé, Randall Wallace a pu écrire des scénarios qui font appel de manière tranchée à des valeurs chrétiennes. On peut citer en premier lieu, La passion du Christ sorti en 2004, qui met en scène les derniers instants de la vie de Jésus. Le film est d’ailleurs sorti à l’occasion du mercredi des Cendres, jour marquant le début du Carême chez les catholiques. Par ailleurs, la suite de ce film dont l’intitulé sera "La passion du Christ : résurrection" a une date de sortie prévue en février 2025 avec un scénario toujours écrit par Wallace et une production signée Mel Gilbson.
Dans une lignée différente mais proche, Wallace a produit un film nommé Et si le ciel existait ? (selon le titre original : « Heaven is for real »). Le film est inspiré d’une histoire vraie et dont est issu un roman du même titre coécrit par Todd Burpo and Lynn Vincent. L’histoire raconte l’expérience de mort imminente d’un enfant âgé de 4 ans dans laquelle il expérimente la vie au paradis, rencontrant alors son grand-père décédé il y a 30 ans ainsi que sa petite sœur morte en fausse couche. Le film tend alors à questionner l’existence d’une vie après la mort et même plus précisément l’existence d’un paradis. Ici encore, certaines valeurs chrétiennes sont bien mises en avant par Wallace.
Toutefois, si ces films en particulier font appel à des valeurs chrétiennes, cela ne semble pas être le cas de la majorité de la filmographie de Randall Wallace. Le scénariste eût tendance à plutôt mettre en avant des personnages exemplaires et héroïques et à exalter des valeurs de courage, patriotisme et de liberté, des valeurs qui ne sont pas forcément propres ni spécifiques à des croyances chrétiennes !
C’est en ce sens que Wallace a pu écrire de nombreux films qui font appel à ces trois notions en particulier en montrant très souvent des personnages dans des situations de violence comme étant de féroces défenseurs de la liberté individuelle.
Son film le plus connu et représentatif de cette tendance étant bien évidemment Braveheart, mettant en scène la bravoure et la soif de liberté du héros écossais William Wallace. Par ailleurs, Wallace semble avoir une appétence pour les histoires vraies car ses scénarios sont souvent inspirés de faits réels. De fait, c’est en se rendant en Écosse sur la trace de ses ancêtres et en croisant le chemin du chevalier écossais William Wallace que le scénario lui vient (il n'est toutefois pas hélas son descendant !). Le scénariste a aussi mis en forme le courage de deux pilotes américains et d’une infirmière durant la Seconde Guerre mondiale à travers le film Pearl Harbor sorti en 2001. Dans un même registre, Wallace a également écrit et produit le film intitulé Nous étions soldats sorti en 2002 et qui met en avant le courage des soldats américains dans la bataille de la Drang pendant la guerre du Viêt-Nam. Le film est basé sur les mémoires du général Hal Moore.
Outre le thème du courage et de la liberté, quasiment tous les films auxquels Wallace a participé met également en avant le thème de l’amour, thème qu’il considère être toujours au centre de son œuvre car selon lui l’amour domine toujours sur le reste (voir cette interview donnée au journal chrétien CBN).
Quant au reste de son œuvre, Randall Wallace a écrit des chansons notamment pour le chanteur pop rock Richard Marx. Il a également produit l’hymne « Mansions of the Lord » originellement réalisée pour le film Nous étions soldats et qui évoque un hommage aux soldats morts et leur ascension au paradis. L’hymne est jouée pendant l’enterrement national du président Ronald Reagan en 2004. Randall Wallace a également écrit 7 romans qui reprennent les mêmes thèmes que ses scénarios au cinéma.
Dans quelques interviews notamment celle-ci donnée au Divinity Magazine (qui est en fait le journal de la Divinity School de l’université de Duke), Wallace évoque en quoi son métier de scénariste fait appel à sa foi. Il dit alors toujours mettre en scène des personnages qui dans des situations complexes sont confrontés à faire confiance en leurs espoirs et leur foi. Il ajoute également que, pour lui, les humains pensent avec leur cœur et non leur tête. En ce sens, le scénariste fait appel à une définition de l’humanité qui se rapproche de celle du christianisme. C’est un aspect que l’on peut retrouver en effet dans son œuvre.
S’il est clair que Wallace est attaché au christianisme et à la foi, peut-on cependant certifier que les œuvres de Randall Wallace parlent plus à des gens ayant des valeurs chrétiennes ?
Dans l’absolu, nous sommes tentés de répondre que non. Chaque œuvre est libre d’interprétation et reste par définition subjective, cela est d’autant plus marqué dans le cinéma qui est un art qui se caractérise justement par sa capacité à émuler une réalité qui reste fondamentalement subjective. De même, il est tout autant possible que Braveheart ai pu émouvoir davantage un public écossais qu'un public chrétien.
Pour aller plus loin sur le sujet, nous vous conseillons de lire l'intégralité de ces interviews données par le scénariste à plusieurs journaux spirituels (attention, elles sont toutefois en anglais) :
https://www2.cbn.com/article/not-selected/director-randall-wallace-secretariat
https://thebaptistrecord.org/randall-wallace-shares-his-thoughts-on-music-hollywood-and-faith/
Mais aussi de redécouvrir et revisionner à l'occasion son chef d’œuvre, Braveheart ! :)