Je cherche des représentations de la maison "Marly" et des pentes de la Croix Rousse
Question d'origine :
Bonjour,
Existe-t-il des dessins, peintures ou toute autre représentation de la Maison (ou pavillon) "Marly" situé sur la Croix-Rousse ?
De la même manière existe-t-il, en dehors des archives municipales de Lyon, des lieux ou sites où l'on peut trouver des représentations de l'Est des pentes de la Croix-Rousse allant du XVe au XIXe siècle (Quai Saint-Clair, couvent des Colinettes puis caserne, etc.) ?
Merci !
Réponse du Guichet
Nous n'avons pas trouvé de représentation de la maison Marly.
Bonjour,
Pour commencer, nous avons tenter de situer cette maison Marly. Les recherches dans la littérature par le biais de Google Books nous fournissent quelques indices:
- en 1816, d'après Ephémérides des loges maçonniques de Lyon (1875), la loge de la Sincère Amitié signe un bail pour l'occupation du lieu : «Bail de trois ans fait par la SINCERE AMITIÉ à partir du 25 décembre pour le pavillon Marly rue des Fantasques, 4 et résiliation de l’ancien bail.»
- le 13 mai 1830, la ville de Lyon acquiert le bâtiment : « La Ville de Lyon a acheté cet immeuble du sieur Vespres le 13 mai 1830 moyennant la somme de 30,050 fr pour y pratiquer un chemin de ronde destiné à la surveillance des perceptions de l’Octroi. Située dans des conditions tout à fait insalubres au fond d’une impasse d’un accès très difficile cette maison est depuis longtemps inhabitée et les dépenses qu’il faudrait faire pour la mettre en location sont hors de proportion avec le revenu que la Ville pourrait en retirer.» (source: Procès-verbal - Conseil municipal [de Lyon] (1878) (p.19))
On en trouve confirmation dans le Budget des recettes et des dépenses de la ville de Lyon pour 1830
- en 1847, un éboulement du terrain fait à nouveau parler de la maison : « M. Tourret au nom de la commission du contentieux fait un rapport sur une instance judiciaire intentée à la ville par MM. Dugas et Gautier relativement à un éboulement de terrain qui aurait eu lieu sur la propriété de ces derniers vers la porte St Clair et provenant du château Marly placé au-dessus qui appartient à la ville. Conformément aux conclusions de ce rapport le Conseil autorise M le Maire à défendre. » (Compte-rendu des séances du Conseil municipal de la ville de Lyon: troisième semestre, contenant les séances depuis le 1er janvier jusqu'à fin juin 1847)
- en 1848, la maison est louée par la Ville, mais il semble que le chemin de ronde soit toujours utilisé : « Locations à la charge de la ville […]
Bail passé au sieur Thievon pour location d’un appartement au premier étage de la maison dite du Château Marly prolongement de la rue des Fantasques sur le mur d’octroi durée neuf années prix annuel de 100 fr. A propos de ce dernier bail, M Saunier fait observer que, dans l’intérêt des finances de la Ville, il vaudrait mieux que la maison du Château Marly fût démolie parce que par sa position elle aide trop facilement à la contrebande. M le Maire répond que eu démolissant cette maison il faudrait la remplacer par une roulette d’octroi; on a pensé qu’en logeant dans le bâtiment des employés probes et honnêtes on atteindrait le même but. » (source : Procès-verbal - Conseil municipal [de Lyon]: annexe au Bulletin municipal officiel (1848) (p.20) )
- en 1871, la maison appartient toujours à la Ville, bien qu'il fût souvent question de l'aliéner dans la mesure où la Ville ne semble pas en avoir usage et que le bâtiment soit sans doute laissé à l'abandon. « Maison dite Château Marly rue des Fantasques au fond d’une impasse dont l’accès est très difficile. Ce petit bâtiment a trois étages construits en partie sur une voûte donnant entrée à un souterrain dans lequel se rendaient autrefois les eaux d’un clos voisin. Une petite cour et un jardin font partie de cet immeuble dont l’aliénation a été proposée à différentes reprises. » (source: Ville de Lyon - Voirie et architecture municipales, rapports de l'ingénieur-directeur et de l'architecte de la Ville sur le service en 1871)
- en 1879, on peut lire un courrier dans Lyon scientifique et industriel (p.171-172) à propos des aqueducs romains de Lyon : « Ce qui a pu induire en erreur le savant auteur de votre article c’est l’existence d’une conduite souterraine circulant à mi-hauteur du coteau de la Croix-Rousse le long du cours d’Herbouville; de nombreux fragments sont encore visibles; ils ont été remis au jour lors de la création de la nouvelle montée Bonafous, et un réservoir connu sous le nom de Château Marly est encore intact sous le bastion Saint Laurent. Ce canal n’a rien de romain. D’origine moderne relativement il fut établi au milieu du XVIIe siècle à l’effet de recueillir les sources du coteau pour le service du nouvel Hôtel de Ville érigé à cette époque-là sur le fossé des Terreaux qui jadis reliait le Rhône à la Saône.»
Porte Saint-clair, bastion saint Laurent, rue des Fantasques... Le plan parcellaire pour l'année 1878 situe le numéro 4 de la rue des Fantasques. On a du mal a y projeter les informations glanées ci-dessus, mais la numérotation des rues a pu changer depuis 1816. Un prolongement hypothétique de la rue des Fantasques passe en contrebas du bastion, mais on distingue mal sur les plans parcellaires de l'époque ce qui pourrait faire référence à ce réservoir évoqué dans les résultats de nos recherches.
En tout état de cause, on peut situer grossièrement la maison. Si elle est assez ancienne (très ancienne même), peut-être apparait-elle sur le plan scénographique de la ville de Lyon (1548) ? On n'y croit évidemment pas du tout mais si c'était le cas, il pourrait s'agir de ce petit château qu'on distingue entre l'église « s. cler » et la première tour de la muraille correspondant peu ou prou à l'emplacement du bastion.
Alors, oui, on délire un peu, mais ça n'est pas tout à fait anecdotique. Les plans donnant à voir une vue cavalière de la ville (voir aussi dans Plans de Lyon, Portrait d'une ville le plan Maupin de 1635) ont le mérite d'offrir une représentation (plus ou moins fidèle), certes très simplifiée mais systématique, des bâtiments d'une ville. Car malheureusement, avant le siècle dernier et la généralisation de la photographie, la grande majorité des édifices, quand ils ne sont pas remarquables, laissent rarement la moindre représentation à la postérité.
On s'est référé au cours de nos recherches à deux ouvrages édités au tout début du XXeme siècle, et dont l'ambition visait à conserver une trace du Lyon ancien, soit en immortalisant par le dessin de vieux édifices, soit en s'inspirant d'anciennes gravures pour ceux qui n'existaient plus. Mais dans aucun de ces ouvrages, nous n'avons trouvé de reproduction de la maison Marly - sans grande surprise, puisque si l'on s'en tient aux indices grappillés dans Google Books, le bâtiment ne semble pas particulièrement remarquable. Il s'agit de Le Lyon de nos pères, et Vieilles pierres lyonnaises par E. Vingtrinier.
La presse illustrée Lyonnaise (disons essentiellement Le Progrès Illustré) constitue une autre source possible d'illustrations « urbaines », mais là encore, nous n'avons rien trouvé. On peut aussi explorer la base Estampe sur Numelyo, mais toujours avec le même caveat : la proportion des monuments ayant pu être représenté avant l'invention de la photographie par rapport à tout ceux qui ont fini dans l'oubli laisse quand même peu de chance de retrouver notre aiguille dans cette botte de foin.
Bonne journée,
DANS NOS COLLECTIONS :
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