Quelle est la symbolique du nombre d'or et de la maçonnerie ?
Question d'origine :
Bonjour,
quel est la symbolique du nombre d'or et de la maçonnerie ?
Merci
Réponse du Guichet

Symbole hérité des mathématiques et de l'architecture antiques, le Nombre d'Or occupe une place de choix dans la pensée maçonnique : figure de l'harmonie et de la beauté, il est également une invitation au chemin initiatique par lequel le frère se rendra à même de "prolonger l’œuvre du Grand Architecte de l'Univers, qui est Amour".
Bonjour,
Dans le Dictionnaire maçonnique [Livre] : le sens caché des rituels et de la symbolique maçonniques / Roger Richard, on lit :
NOMBRE D'OR (Φ)
Le "Nombre d'or" ou "Proportion dorée" est un rapport particulier tel que la plus petite partie est à la plus grande, comme la plus grande au tout.
Ce nombre est appelé "Phi" (Φ) et vaut 1,618. Il se calcule par la formule (1+√5)/2 et donne 0,618 et 1,618.
La description biblique de l'autel des holocaustes et de l'autel des parfumes en donne la valeur.
La définition renvoie également aux entrées "Autel" - deux des autels souvent utilisés en maçonnerie, l'autel des holocaustes et l'autel des parfums, tirent leurs proportions d'indications données dans deux passages de l'Ancien testament (Exode 27, 1-8 et Exode 30, 1-6), sont dimensionnés selon le nombre d'or - et "carré long" , "rectangles qui sont des bases de traçage" de mêmes proportions fréquents dans l'imagerie maçonnique, sans qu'une symbolique particulière s'y attache.
Jean-Jacques Gabut, dans Les symboles de la franc-maçonnerie [Livre] : signes, mots, couleurs et nombre, souligne l'importance du nombre, "racine secrète de l'Être", dans l'harmonie cosmique. A cet égard le Nombre d'or est bien un symbole d'harmonie et de beauté :
Cette notion d'eurythmie qui s'applique aussi bien à la musique qu'à l'architecture et même à l'ensemble des arts de la création, y compris la poésie, Aristoxène de Tarente avait déjà déclaré à son propos au IVe siècle av. J?-C., que le "rythme est une mise en ordre déterminée des temps" et Vitruve appliquait Phi, le Nombre d'or (la divine proportion : 1 x 1,618) dans toute oeuvre de construction, à commencer par le corps de l'homme et de la femme auxquels il attribuait respectivement les modules de la colonne dorique (6/1) et de la colonne corinthienne (8/1). Vinci et Dürer appliquèrent également me Nombre d'or aux canons de l'homme et de la femme : la place de l'ombilic divisant la hauteur totale suivant l section dorée, ils obtenaient ainsi la proportino de 13/8 pour le premier et 8/5 pour la seconde.
Le Nombre d'or ordonne ainsi la Beauté dans toutes les oeuvres où il "flamboie", comme au sommet de la pyramide d'Egypte. C'est le Nombre encore qui ordonnance l'harmonie, qui préside à l'eurythmie de l'oeuvre et même à celle de la Nature elle-même. Nicomaque de Gérase rappelle ainsi : " Tout ce que la nature a arrangé dans l'Univers, dans ses parties comme dans son ensemble, est ordonné par le Nombre."
Cette symbolique de la beauté est également ce que souligne le site Le nombre d’or et la construction, la replaçant dans l'histoire de la construction :
Par la suite, le nombre d’or devint synonyme de beauté, d’harmonie et il deviendra omniprésent dans les sciences de la nature et de la vie, dans les proportions du corps humain (Homme de Vitruve de Léonard de Vinci) ou encore dans les arts. A titre d’exemple, le peintre espagnol Salvador Dalí utilisa la Section dorée pour régir les proportions de son tableau le « Sacrement de la dernière Cène ».
Mais le nombre d’or est également omniprésent dans les domaines de l’architecture et de la construction…
Le nombre d’or : du Parthénon à Le Corbusier
Si le nombre d’or a laissé une trace et continue d’influencer scientifiques et artistes, il est un domaine où il a souvent régné : la construction. Il est en effet supposé que la construction ou la forme de plusieurs bâtiments célèbres dans l’Histoire aient été influencées par le nombre d’or.Ceci est par exemple le cas pour le Parthénon. Le temple aurait été construit selon les règles de l’harmonie grecque et donc en fonction de la proportion dorée. Quelques auteurs affirment que sa façade serait en fait contenue dans un rectangle d’or, c’est à dire un rectangle construit selon le rapport défini ci-dessus.
Les architectes se questionnent également sur d’autres bâtiments comme le Théâtre d’Epidaure, connu pour ses qualités acoustiques et qui possède une rangée de 34 gradins et une seconde rangée de 21 gradins, le rapport entre ces deux nombres valant 1,619, soit seulement un millième de différence avec le nombre d’or. La pyramide de Khéops contiendrait elle aussi le nombre d’or, car si l’on divise les 147m de sa hauteur d’origine par les 115m de la demi-longueur du côté de son carré de base, on obtient la racine carrée du nombre d’or ! Étrange…
Au Moyen Âge, les bâtisseurs utilisaient une règle particulière appelée la règle des « maîtres de l’œuvre ». Elle était composée de 5 longueurs inégales représentant des dimensions du corps humain (paume, palme, pied, etc.). Le rapport entre chacune de ces dimensions et celle qui la précède est égale au nombre d’or.
Mais il ne faut pas croire que le nombre d’or n’est plus utilisé de nos jours. Au XXème siècle encore, la proportion dorée inspirait constructeurs et architectes. L’exemple le plus important de cette influence est sans nul doute le travail de l’architecte Le Corbusier. Il fut le seul à véritablement théoriser le nombre d’or dans son métier, en reprenant l’idée de Vitruve et en appliquant les dimensions du corps humain à celles des bâtiment. Il invente alors un système de normalisation nommé « le Modulor ». La « machine à habiter » est née. Il revendique alors l’instauration de l’harmonie au sein des bâtiments grâce à l’utilisation du tracé régulateur, c’est-à-dire une échelle construite sur la suite de Fibonacci. Il ne s’agit pas de créer mais bien d’harmoniser et d’équilibrer. Le Corbusier utilisa son système pour une partie de ses conceptions comme La Cité Radieuse à Marseille ou la Chapelle Notre-Dame-du-Haut à Ronchamp.
Curieusement, on ne trouve rien sur le nombre d'or dans Franc-maçonnerie et nombres de Marie Delclos. En revanche, l'ouvrage Le nombre d'or ou La science secrète des bâtisseurs de Thomas Wisniewski vous intéressera certainement. Nous ne pouvons résumer ici toutes les subtilités de ce livre, mais l'auteur y explique comment le Nombre d'or apporte "une dynamique interne à la quête d'harmonie", car "la dynamique manifestée par le Nombre d'Or n'est pas autre chose que le Principe à l’œuvre lorsqu'il se réalise dans la vie."
Sa symbolique, mettant en jeu les "Trois grands piliers de Sagesse, Force et Harmonie", et résonnant avec les "trois symboles majeurs" que sont "la Pierre cubique, l'étoile et la spirale", dessine une invitation au chemin initiatique. Avec toute la richesse et les écueils que peut comporter un tel chemin :
Parmi tous les symboles de la Franc-Maçonnerie initiatique, le Nombre d'Or est sans doute celui qui révèle le plus justement que la démarche initiatique est une voie de connaissance. Il nécessite, pour être connu, un travail intense dont l'aboutissement sera la découverte de l'amour créateur.
La difficulté à l'appréhender, à le connaître puis à la pratiquer vient du fait qu'il se situe à la frontière des mondes. Certains, émerveillés par l'évidence, tombés dans une mystique du Nombre d'Or, restent finalement toujours centrés sur eux-mêmes. D'autres, rationalistes convaincus, croient qu'il suffit d'appliquer le Nombre d'Or comme une recette pour créer des chefs d'oeuvre.
Le Nombre d'Or est un défi pour chaque Frère comme pour la Loge dans son entier. La Frère découvrira-t-il l'amour du Nombre d'Or ? Sera-t-il suffisamment détaché pour reconnaître qu'il est en lui, dans son coeur, prêt à servir si son intention est d'oeuvrer au sein de la Loge pour prolonger l'oeuvre du Grand Architecte de l'Univers, qui est Amour ?
Lorsque cette rencontre se produit, lorsque le Frère découvre la disposition harmonieuse avec le Nombre d'Or, alors tout s'éclaire, tout devient simple. Les lumières ayant été inversées, le Frère se transforme en un serviteur de l'oeuvre et devient un actant de la vie.
Voyez également :
Dictionnaire des symboles maçonniques [Livre] / Jean Ferré
Dictionnaire des traités, discours,symboles(Alchimiques, Maçonniques et Philosophiques) à l'usage des francs-maçons / [Livre] / Alain Desgris
Dictionnaire des symboles maçonniques : loges bleues du REAA / André Benzimra
Bonne journée.