Question d'origine :
Bonjour ! Je suis très curieuse de comprendre ce qu'est une relation karmique. J'ai tenté de trouver des réponses en cherchant dans le dictionnaire Larousse : https://www.larousse.fr/dictionnaires/francais
et sur Google : http://www.quaidesamours.com/blogs/couple/relation-karmique
, mais les explications restent floues pour moi. Qu'est-ce qu'une relation karmique exactement ? Je souhaite comprendre ce qui distingue une relation karmique d'une relation ordinaire, que ce soit sur le plan émotionnel ou spirituel.
Pouvez-vous m'aider à clarifier ce concept avec vos expériences ou connaissances ?
Réponse du Guichet
La notion de relation karmique s'est développée ces dernières années dans les courants ésotériques issus du New Age. Elle désigne une relation conditionnée par la rencontre des âmes des deux personnes concernées dans leurs vies antérieures.
Bonjour,
La notion de karma est présente dans les spiritualités asiatiques. Selon Le Robert, «c’est le dogme central de l'hindouisme, du bouddhisme, selon lequel la destinée d'un être vivant et conscient est déterminée par la totalité de ses actions passées, de ses vies antérieures.» Le karma signifie à l’origine "l’acte", ainsi «toute action, toute intention est inscrite dans le destin des êtres vivants». De façon très schématique, l'on peut dire que le karma s’inscrit dans les croyances liées à l’idée de réincarnation, ou transmigration des âmes, à travers le cycle des renaissances, le samsara. Il est en quelque sorte ce qui se transmet ou reste d’une vie à une autre, et dont il faut réussir à se «débarrasser» pour atteindre le nirvana.
Voici en résumé comment s’articulent ces notions de karma, samsara et nirvana d’après l’ouvrage 20 clés pour comprendre le bouddhisme : «Pour le bouddhisme, le karma est un acte intentionnel effectué sous l’influence de la croyance en un «soi» individuel, et qui vise à perpétuer ou à renforcer le sentiment égotique. A l’origine du karma, il y a donc la croyance en un «moi», et derrière cela, un aveuglement qui nous voile la réalité. Ne sachant ni ce qu’il est ni la raison de son existence, l’individu s’imagine posséder un «soi» personnel permanent. Or celui-ci n’est qu’une projection mentale, plaquée sur les phénomènes transitoires qui composent le «soi», à savoir les «cinq agrégats «: le corps, les ressentis, les représentations mentales, les facteurs karmiques antérieurs et les instances de conscience. Ces agrégats ne forment en réalité qu’un assemblage transitoire, même si nous nous efforçons à chaque instant d’en consolider ou d’en confirmer l’existence illusoire. Tout acte mental ou physique visant à ce but est donc un karma. Ces actes, même les plus infimes, affectent non seulement des objets extérieurs ou d’autres êtres autour de nous, mais également le courant de conscience qui les a vus naitre. L’intention de l’acte conditionne les instants suivants de l’esprit et se comporte comme une semence de situations avenirs. Plus tard, quand les conditions le permettront, l’effet de l’acte se manifestera : ce sera la rétribution ou fruit du karma, faisant écho à l’intention qui lui a donné naissance… Le samsara ou cercle vicieux des existences désigne précisément la condition misérable des êtres assoiffés de devenir et conditionnées par le karma. En l’absence d’un soi réellement existant, il n’y a certes pas de réel auteur des actes, et cependant, le courant de conscience est affecté par les actes. C’est le paradoxe bouddhiste : il n’y a pas d’être mais du devenir, pas d’auteurs mais des actes. Et la croyance des êtres en leur "soi" leur en fait subir les conséquences; la prolongation indéfinie d’une errance conditionnée par l’ignorance. Ainsi donc, le samsara est la recherche désespérée d’un but inatteignable. Il en résulte une infinité de souffrances et de tribulations absurdes. Dans le samsara, les êtres sont les «migrants». Dans leur quête impossible, obsédés par leur soif de bonheur égoïste, ils s’agitent et accumulent ainsi une incroyable quantité de karmas qui sont autant de forces aliénantes façonnant leur devenir. Quand vient la mort –qui n’est que la destruction des cinq agrégats réunis pendant la vie- la force potentielle du karma accumulé les projette vers l’existence suivante. Telles sont les renaissances, tantôt heureuses tantôt douloureuses –toujours décevantes ; que l’on doit éviter de nommer réincarnation dans le bouddhisme, celles-ci supposant l’existence d’un «soi» réel passant de corps en corps…». Le nirvana quant à lui est «l’au-delà de la souffrance, un état de liberté complète obtenu lorsqu’on s’est affranchi des conditionnements du samsara et de leurs causes. C’est la cessation définitive du samsara mais non un retrait passif du monde; c’est en effet le fruit d’une pratique énergétique qui consiste à adopter une conduite éthique irréprochable à l’égard de tous les êtres – la discipline; à dompter son esprit par la méditation qui consiste à apaiser pensées et passions pour accéder à la vision claire de la réalité; et à développer la sagesse laquelle dissout l’illusion du «soi» et la croyance à l’existence réelle des phénomènes qui nous entourent. Quand une telle pratique porte ses fruits, les «actes» ne sont plus créateurs de conditionnements à venir, et le rideau de l’illusion samsarique s’écroule pour laisser place à la vision du réel dénudée de toute surimposition. Ainsi, le monde n’est ni bon ni mauvais, ni samsara ni nirvana. C’est le regard ignorant que nous portons sur lui ainsi que nos actes (karma) qui conditionnement la forme douloureuse que ce monde revêt pour nous.»
En revanche, la notion de relation karmique n’existe pas dans les spiritualités bouddhistes ou hindouistes. C’est une notion inventée en Occident par les courants New Age, selon laquelle la nature de certaines relations entre deux personnes serait déterminée par la relation entre ces deux âmes durant des vies antérieures. L’usage de l’idée de relation karmique relève donc d’une croyance qui s’est beaucoup développée ces dernières années dans les courants ésotériques du bien-être, de la santé et du développement personnel. C’est une manière d’appréhender la relation humaine et notamment amoureuse, de façon spirituelle. Ainsi, la relation karmique est souvent vue comme une épreuve à affronter pour l’évolution de l’âme (car conditionnée par nos actions passées) et définie comme négative, car source de douleur, de codépendance voir d’abus. Elle serait donc amenée à ne pas durer. Le dossier Âmes sœurs, ces liens qui nous unissent dans le n°54 de la revue Inexploré, inclut la notion de relation karmique dans celles plus globales de familles et relations d’âmes et explique qu’il existe plusieurs types de relations : relations karmiques, âmes sœurs, flammes jumelles, bashert. Le bashert est «la moins connue et désigne la relation la plus forte, au-dessus des flammes jumelles. A ceci près, que les relations de bashert sont paisibles, tout ayant été purifié lors de vies précédentes». Tandis que les flammes jumelles seraient «la relation la plus intense et la plus compliquée entre deux âmes » et les «âmes sœurs» seraient des «personnes issues de la même famille d’âmes, qui se reconnectent…, où l’énergie relève de la fraternité». Une médium (Claire Thomas) va jusqu’à dire que «toute relation est karmique. Pourquoi ? Car le karma, c’est de l’information, et dès qu’il y a une interaction entre deux personnes il y a du karma qui se crée »… Pour aller plus loin, voir cet ouvrage : Amours et rencontres d'âmes : âmes sœurs, flammes jumelles, liens karmiques : les reconnaître, les comprendre et s'apaiser / Cécile Cloulas
Si l’on sort de cette approche spirituelle, une relation humaine (amoureuse, amicale, professionnelle…) est déterminée par de multiples facteurs (sociaux, biologiques, culturels...) et par l’histoire psychologique des personnes concernées par la relation, et notamment les éventuels traumatismes qui peuvent influencer les comportements, réactions ou attentes vis-à-vis de l’autre. Une relation peut avoir différentes fonctions et les conceptions de la relation de couple notamment sont loin d’être homogènes selon les attentes personnelles mais aussi selon les contextes. Une relation "ordinaire", ou peut-on dire, non dysfonctionnelle, serait alors une relation où chacun arriverait à gérer ses émotions et ses attentes relationnelles, pour ne pas qu'elles deviennent sources de conflits ou de souffrances pour le partenaire.
Voici quelques ouvrages d’accompagnement psychologique aux relations :
Réparer les blessures relationnelles : comment bien vivre nos relations aux autres et à soi lorsque l'enjeu est aussi grand ? / Isabelle Leboeuf
Comme on s'aime ?: des clés pour... construire une relation saine, reconnaître une relation toxique / Ynaée Benaben, Louise Delavier
Nous, au-delà de toi + moi : les secrets pour construire une relation plus aimante / Terrence Real
Relations toxiques : comment reconnaître et éviter les relations d'emprise / Randa Ben Romdhane
Tantôt victime, tantôt bourreau : décodez les mécanismes des relations toxiques / Sylvie Tenenbaum
Pour aller plus loin :
Le besoin de l’autre, une approche interdisciplinaire de la relation à l’autre/ Pierre Karli
Relations et communications interpersonnelles / Edmond Marc, Dominique Picard
Le New Age, aux sources de l’ésotérisme contemporain
Bonne réflexion...