Question d'origine :
Bonjour,
Comment appelle-t-on le bout arrondi d'une cuillère, en sachant que le bout du couteau se nomme une lame et celui d'une fourchette des dents, à mon humble connaissance.
Pourquoi est-il commun d'avoir des grandes et des petites cuillères dans nos territoires ? Alors que nous n'avons pas de petits couteaux et de petites fourchettes ?
Je vous remercie pour votre précieuse réponse
Mes amitiés
Réponse du Guichet

Le bout arrondi d'une cuillère occupant l'extrémité du manche porte le nom de cuilleron. Il est effectivement beaucoup plus commun de posséder dans un logis occidental plusieurs types de cuillères (à soupe ou à café), mais les fourchettes et couteaux existent eux aussi dans un large éventail de tailles et d'utilisations. Le lien des cuillères avec les dosages pour les recettes de cuisine pourrait en partie expliquer que nous conservions deux tailles distinctes du même objet. Malgré leurs spécificités, les différents couteaux et fourchettes semblent ne pas bénéficier du même attrait.
Bonjour,
Le bout arrondi de nos instruments favoris pour manger desserts comme soupes, à savoir la cuillère, porte le nom pratiquement métonymique de cuilleron. Pratiquement insistons-nous, faute au préfixe "-on". Comme nous le rappelle le CNRTL, le mot est lui-même dérivé de celui qui décrit le couvert en son entièreté : "cuillère".
Étymol. et Hist. 1352 culleron (...) Dér. de cuiller*; suff. -on*.
Toujours selon le CNRTL, le mot cuillère est probablement de son côté dérivé du latin impérial "Cochlearium", désignant à cette époque, d'après les suppositions des chercheurs, un couvert spécifique servant à manger les escargots. En voici un exemple :
Nous n'avons chez nous comme vous le souligniez, pratiquement que des cuillères à soupe et à café (instrument indispensable pour "l'incontournable" café latte). Les Romains utilisaient-ils donc des cuillères pour manger leurs escargots ? Difficile à confirmer avec assurance. En revanche, et c'est en bons Français que nous pouvons assurer le point suivant : désormais, notre instrument favori pour déguster les escargots est bel et bien une fourchette ! Pourtant cette fourchette est bien loin de celle que nous utilisons pour les repas quotidiens, beaucoup plus fine et comportant seulement deux dents.
Il existe donc bel et bien, comme le laissait présager le paragraphe précédent, une grande multitude de fourchettes et de couteaux. Naturellement tous ne sont pas utilisés, et seulement quelques-uns trouvent une place assez récurrente dans nos logements et habitudes alimentaires, surtout pour les couteaux. Il est très courant de posséder des couteaux à dents, ainsi des couteaux qui n'en sont pas munis. Sans doute avez-vous aussi déjà vu un couteau à beurre posé non loin d'une boîte renfermant le beurre lui-même.
Les fourchettes sont aujourd'hui, dans la plupart des catégories socio-professionnelles, moins sujettes à cette utilisation différenciée. Notre hypothèse tient à ce qu'il soit aussi facile de manger votre repas avec une fourchette à poisson qu'une fourchette à entremets ou même qu'une fourchette à gâteau ! Peut-être même mangez-vous votre gâteau avec une fourchette à poisson sans vous en rendre compte.
Les déclinaisons sont, malgré un choix bien plus restreint aujourd'hui, très nombreuses. Fourchettes comme couteaux mais aussi cuillères existent en des formes aussi diverses qu'inutilisées. Le Couvert et la Coutellerie (David Allan, aux éditions Faton, 2007) nous donne une idée de l'étendue des possibilités : couteaux à fruits, à dessert, poisson, fourchettes à huître, melon etc... Les cuillères jouissent aussi d'une diversité passablement obsolète par rapport aux pratiques contemporaines : cuillères à glaces, à œufs, soda ou même à pamplemousse ; pourtant, nous n'en avons principalement et majoritairement conservé que deux, au même titre que les couteaux !
L'emploi de toute une gamme de couverts différents, associée à chaque plat, semble dépendre de l'époque et du contexte socioprofessionnel.
Pour aller plus loin, nous vous conseillons l'ouvrage de Pascal Reigniez chez Actes Sud : Histoire des couverts, paru en 2024, qui sera très prochainement dans nos collections au sein de la BML.
Nos amitiés,