Qui a été nommé à la direction du 1er GDM dans l'armée de Vichy ?
Question d'origine :
Le Général FRERE a été nommé en juillet 1941 à la direction du 2ème Groupe de divisions militaires (GDM) à Royat
mais qui a été nommé à la direction du 1er Groupe ?
Réponse du Guichet

A plusieurs reprises, nous retrouvons cité le général Langlois comme chef du 1er groupe de divisions militaires de l'armée d'armistice basée en zone non occupée. Seulement, les seules datations qui accompagnent son nom ne lui attribuent son commandement que pour les mois de septembre - octobre 1942. L'historien Robert Paxton le place quant à lui à la tête du 2nd groupe tout comme le général Frère.
Bonjour,
Toutes les sources que nous avons pu consulter en ligne concordent autour d'un nom, mais celui-ci aurait été à la tête du 1er groupe de divisions militaires pendant 2 mois seulement, entre septembre et novembre 1942.
L'armée d'armistice, répartie sur le territoire de la France libre, comptait 2 Groupes de divisions militaires (GDM) qui comprenaient en tout et pour tout 8 divisions et c'est le général Jean-Léon Albert Langlois (1883 ou 1885 - 1973) qui est régulièrement cité à la tête du 1er groupe basé à Avignon. Elle était l'armée basée sous l'autorité du gouvernement de Vichy au lendemain de l'armistice du 22 juin 1940. Elle fut drastiquement réduite par rapport aux effectifs initiaux de l'armée française, l'Allemagne n'autorisant Pétain qu'à conserver en métropole qu'entre 100 et 120 000 hommes bien que des troupes plus conséquentes soient encore répartis dans les territoires de l'empire français à travers le monde. Cette armée sera dissoute fin novembre 1942 sur ordre d'Hitler.
Cette base de données anglophone collecte des informations sur tous les généraux impliqués dans les combats de la Seconde guerre mondiale : Generals.dk. Elle fait référence au général Langlois chef de la 1ère GDM et apporte une datation précise de son service : 01/09/1942 - 28/11/1942.
Concernant les sources qui corroborent cette information, nous retrouvons bien Langlois cité en tant que commandant de la 1ère GDM dans cette biographie de l'homme politique et résistant François Valentin, d'Olivier d'Ormesson (p. 74), en partie numérisée sur Google Livres :
Cette précision était pour moi importante, car j'avais eu dans le courant de la journée quelques difficultés avec le général Langlois, commandant de la 1ère GDM.
Information confirmée sur le site du musée des étoiles, musée militaire virtuel des "officiers généraux français armes et services" où l'on peut suivre les étapes principales de sa carrière militaire et son implication dans le régime de Vichy ; sa supervision du 1er GDM est mentionnée :
Il a été nommé Général de Brigade en 1937, puis Général de Division en 1940, puis Général de Corps d’Armée en 1941. Il a exercé les commandements suivants : Chef d’état-major de l’Inspection générale de la Cavalerie, puis Chef d’état-major du général Huntziger membre du Conseil Supérieur de la Guerre, puis Chef d’état-major de la 2ème armée, puis Commandant de la 3ème division légère mécanique, puis Commandant du corps de cavalerie, puis Adjoint au Commandant de la 13ème région pour le commandement des troupes, puis Chef du contrôle de la réorganisation de la Cavalerie, puis Inspecteur général de la Cavalerie et de la Garde, puis Commandant de la 9ème division militaire (Châteauroux), puis Commandant du 1er groupe de divisions militaires, puis Président de la Commission d’Enquête sur les Évènements de la guerre.
Il était Grand Officier de la Légion d’Honneur.
Le blog Musique et patrimoine de Carcassonne va dans le même sens dans un article consacré à Jean de Lattre de Tassigny, qui replace le général à la tête de la 1ère GDM, en novembre 1942, au moment où les Allemands franchissent la ligne de démarcation pour envahir le sud du pays.
En résumé nous avons un commandant en chef de la GDM, cité à plusieurs reprises mais dont la direction, comme le montrent nos sources, n'aurait duré que quelques mois.
En effet, le parcours de Langlois exposé sur le site du musée des étoiles est conforté par les éléments apportés dans l'article La Commission d’enquête sur les repliements suspects et la « fuite » du général Picard en mai 1940 de Robin Leconte (Guerres mondiales et conflits contemporains, 2020). Retraçant les luttes intestines de l'armée française au lendemain de "l'étrange défaite" (cf. Marc Bloch), Langlois est bien mentionné à la tête du corps de cavalerie ou en activité aux côtés de Huntziger. N'est toutefois pas évoquée sa nomination à la tête du 1er GDM. Mais ses activités en 1940-1941 semblent confirmer une arrivée en poste tardive, très probablement comme indiqué plus haut, à l'été 1942.
Cependant les sources physiques que nous avons pu consulter dans nos collections rajoutent une petite dose de confusion à l'ensemble. A deux reprises aux p. 405 et p. 415 de son livre L'armée de Vichy, le célèbre historien américain Robert Paxton cite le général Langlois comme "commandant du second groupe de divisions militaires, dont le quartier général était à Avignon".
Mais c'est lorsqu'il évoque le général Frère à la p. 305, que la chronologie que nous avions échafaudée se fragilise quelque peu : "Le 15 septembre 1942, l'âge de la retraite pour les officiers en activité fut de nouveau abaissé dans chaque grade et à chaque niveau hiérarchique, comme cela avait été le cas en aout 1940. Parmi les officiers frappés par cette mesure figurait un "revanchard" particulièrement voyant, le général Aubert Frère, commandant le second groupe de divisions à Avignon (...)".
Faut-il alors comprendre que le général Langlois ait pu alterner entre les deux GDM, succédant au général Frère avant de retrouver le commandement du premier groupe juste avant la dissolution de l'armée d'armistice à l'été 1942 ? Nous ne pouvons être affirmatifs. Les autres sources que nous avons parcourues n'ont pas été plus riches en informations. Mais la qualité générale de leur contenu nous pousse à vous en recommander la lecture :
Dictionnaire de la collaboration - François Broche (Belin 2014), avec une entrée spécifique à l'armée de l'armistice.
Le drame de l'armée française - du Front polaire à Vichy - Gérard Chauvy (Pygmalion, 2010)
Le régime de Vichy - Henry Rousso (Que sais je ? 2007, réédition 2023)
Histoire de l'armée française de 1914 à nos jours - Philippe Masson (Perrin, 2002)
DANS NOS COLLECTIONS :
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