Pourquoi la mère Cottivet porte le même nom que le cotivet ?
Question d'origine :
Savez vous
1) Pourquoi la mère Cottivet porte le même nom que le cotivet?
2) S'il y a toujours un seul t à l'un et deux à l'autre ?
(C'est pointu...)
Merci
Réponse du Guichet
1) et pourquoi pas ?
2) oui.
Dans Essai d'un glossaire des patois du Lyonnais, Forez et Beaujolais (p.131), on peut lire la définition suivante, confirmée par les autres dictionnaires de patois Lyonnais que nous avons pu consulter :
Cotivet. L. s. m. Nuque, chignon
[...]
Provenç. : coutouit, coutet, coutouiet ; le chignon du cou, le creux qui se trouve immédiatement au-dessus de la nuque. L'origine de ce mot que la Provence peut avoir donné à nos patois parait être dans le grec xotis, occiput.
Il a aussi de l'analogie avec l'italien cutigagna, et l'espagnol cogote, qui ont le même sens.
L'étymologie tend à confirmer l'utilisation d'un unique t pour orthographier ce terme ; par ailleurs, au cours de nos recherches nous ne l'avons pas vu orthographié avec deux t .
La mère Cottivet, quant à elle, arbore fièrement ses deux t : elle ne nous est en effet jamais apparue sans l'un ou sans l'autre.
Derrière cette figure haute en couleur du folklore Lyonnais se cache le chansonnier Ellie Périgot-Fournier qui, en se travestissant en vieille commère au franc-parler lyonnais, prolonge une tradition comique bien française: la mère Coquart, la mère Dufoison (Pierre Serre), ou encore la mère Canuzet (Paul Janin), tradition qui survivra à notre bonne mère Cottivet avec notamment le père Craquelin de Gérard Truchet. Née en 1923 dans la revue Tout Simplement donnée à l'époque au Théâtre de l'Horloge, et tout en tenant la scène en duo avec la mère Craquelin (Juliette Niel), et se fendant de chroniques dans Guignol (Chronique de la Mère Cottivet, puis Taillons la bavette avec la Mère Cottivet), Benoite Cottivet connait la consécration à partir de 1925 sur les ondes de Radio-Lyon où sa chronique hebdomadaire en patois Lyonnais connait un succès jamais démenti jusqu'à la mort de l'artiste en septembre 1971.
Pour découvrir la carrière fascinante de cette commère de la montée de la Grand'côte (où elle officie au numéro 99 - « cent moins n’un ») reportez-vous à la série d'articles pondus par Gérard Truchet en hommage à la Mère. Sur l'origine de son nom, l'auteur se laisse aller à une supposition qui rend justice au verbe très local de la commère, en invoquant ce terme typiquement Lyonnais :
Ainsi est né dans la revue « Tout simplement » le célèbre personnage de la Benoîte Cottivet. Pourquoi Cottivet ? Peut-être pour avoir toujours une idée derrière la tête, sachant qu'à Lyon, la nuque est appelée « cotivet », avec un seul T, c'est bien là la seule différence. En tout cas, la Mère Cottivet est une vieille canuse, riche de bon sens et d'humour, possédant un langage bien à elle. Nous retrouvons dans ses propos notre cher parler lyonnais et en pus, cette façon bien à elle de s'exprimer en écorchant les mots.
source : Société des Amis de Lyon et de Guignol, n°234, février 2005 (p.13)