La désensibilisation est-elle une bonne méthode contre les allergies aux graminées ?

Bonjour, 

La désensibilisation ou immunothérapie allergénique semble être la solution la plus fiable pour se débarrasser d'allergies saisonnières, comme les pollens mais aussi des allergies perannuelles (acariens, poils d'animaux etc.) à long terme (le traitement doit durer 3 à 5 ans pour que les résultats soient durables). C'est un véritable enjeu de santé publique, l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) tirant la sonnette d'alarme face à une population française et mondiale de plus en plus sujette aux allergies avec 25 à 30% de la population touchée en 2023 et des prévisions aux alentours de 50% d'ici 2050 (Première cartographie digitale des cellules immunitaires responsables des allergies - Inserm). 

Contrairement aux médicaments (comme les antihistaminiques) qui ne traitent pas l'allergie mais s'attaquent uniquement aux symptômes, la désensibilisation a un pouvoir curatif. Elle se base sur un traitement de fond qui, comme les vaccins, fonctionne grâce à une administration régulière et progressive d'une petite quantité de dose d'allergène, habituant peu à peu le système immunitaire à tolérer leur présence dans l'organisme. 

En France, la méthode de traitement la plus utilisée serait la voie sublinguale (dans 80% des cas), "très bien tolérée et qui ne présente que peu d'effets secondaires indésirables", selon le petit guide Les Allergies de Jocelyne Just (Mango, 2021). L'administration se fait par comprimés ou bien à l'aide de gouttes que l'on vient déposer sur la langue. L'autre possibilité reste la voie sous-cutanée par piqûres, cette fois-ci réalisée par un professionnel de santé. 

Pour les graminées le traitement doit débuter en amont des premiers symptômes allergiques, avant la saison des pollens concernés, se poursuivre pendant et s'arrêter à la fin de la période de crise. 

Mais qui peut recourir à  ce procéder médical et quand l'activer ? 

Sur le site de l'assurance maladie, Améli, il est indiqué qu'un allergologue peut demander la désensibilisation de son patient lorsque celui-ci manifeste des symptômes allergènes "gênants". Elle s'avère invalidante pour Santé magazine, lorsque celle-ci provoque des symptômes durant deux mois au moins dans l'année ayant tendance à s'aggraver. 

L'assurance maladie ajoute que la désensibilisation serait d'autant plus efficace pour lutter contre les allergies aux acariens, à certains pollens (sans apporter de précision) et le venin d'hyménoptères (comme les guêpes), mais serait inefficace faux aux allergies alimentaires. Mais attention la désensibilisation serait cependant moins efficace chez des individus aux prises avec plusieurs allergènes différents. 

Des effets secondaires lourds peuvent se déclencher avec parfois des rhinites, l'apparition de crises asthmatiques, ou la chute de tension (Améli à nouveau). Ils sont autant d'indicateurs qu'il faut arrêter le traitement. Pourtant Santé magazine précise que pour la majorité de ces effets secondaires sont minimes. Un produit allergène est injecté dans votre corps et logiquement il peut entrainer de petites réactions locales : démangeaisons, sensations de brulure sous les lèvres ou léger gonflement de la langue. Pour les soulager on conseille alors la prise d'antihistaminiques. L'apparition des symptômes interviendrait seulement 30 minutes après l’inoculation de l'allergène selon l'Association des Allergologues et Immunologues du Québec. 

Mais la désensibilisation ne serait pas possible dans certains cas précis et il faut vous tourner vers un professionnel pour se lancer (voir l'annuaire des allergologues sur le SYFAL, syndicat français des allergologues). 

• en cas de déficit immunitaire (maladies auto-immunes, cancer, VIH...)

• avant l'âge de 5 ans ;

• lors de la grossesse ;

• si l'asthme est sévère et mal contrôlé ;

• si la personne prend des médicaments bêtabloquants ou éventuellement des inhibiteurs de l'enzyme de conversion (traitement de l'hypertension artérielle).

Source : Améli. 

Dans l'ensemble les derniers retours semblent positifs comme le confirme l'allergologue Jean-Marc Rame, coordinateur du réseau d’allergologie en Bourgogne Franche-Comté dans cet entretient donné à France 3 en 2022 : Allergies au pollen : les traitements sont-ils vraiment efficaces ? Même si dans certains cas la greffe peut ne pas prendre :

Jean-Marc Rame : Il y a aux alentours de 60 à 80% de réussite. La première année de traitement est décisive : si ça ne fonctionne pas, ou si au maximum on constate deux années d'échec consécutif, il faut se dire que la désensibilisation risque de ne pas fonctionner. Si au bout de maximum deux saisons de traitement, on voit que ça ne marche pas, on continue de traiter par voie médicamenteuse.

Ce que vient confirmer l'Association des Allergologues et Immunologues du Québec, dont nous vous conseillons la lecture de leur synthèse sur leurs sujets pour quelques compléments d'information supplémentaires : 

Environ 80-85% des gens recevant un traitement de d'immunothérapie pour les pollens observeront une amélioration de leur condition. L'immunothérapie a aussi une certaine efficacité reconnue pour le traitement des allergies aux acariens, moisissures, animaux et coquerelles. Toutefois ce type de traitement ne garantit pas la résolution complète des manifestations allergiques, mais peut avoir des impacts positifs sur la qualité de vie chez la plupart des patients recevant ce type de traitement.

Bonne journée,