Question d'origine :
Y a-t-il souvent du négatif qui sort de quelque chose de positif et, de même, est-ce qu'il y a souvent du positif qui sort de quelque chose de négatif? Nous voyons souvent les choses en blanc et noir mais est-ce que le positif et le négatif ne sont pas si éloignés que ça?
Réponse du Guichet
Comme vous l’avez déjà constaté dans nos précédentes réponses, l’incertitude et l’impermanence sont le lot de la condition humaine. On ne peut donc pas savoir si un évènement négatif pourra avoir des conséquences positives et vice-versa. Mais parler de positif et de négatif implique un jugement de valeur, et dépend aussi d’un point de vue.
Bonjour,
La sagesse populaire avec son «à quelque chose malheur est bon», «un mal pour un bien» «après la pluie, le beau temps», «ce qui ne tue pas rend plus fort», répond en partie à votre question.
Mais juger d’un évènement qu’il est positif ou négatif dépend aussi de la façon de l’envisager et la psychologie positive vise à vous aider à «apprendre l’optimisme»:
Apprendre l'optimisme : le pouvoir de la confiance en soi et en la vie, Martin Seligman
«Dans cet ouvrage, Martin Seligman, fondateur de la psychologie positive, vous aide à acquérir les ressources utiles pour avoir une attitude positive même dans les situations les plus inconfortables de la vie. C'est en effet par la façon dont vous percevez et interprétez ce qui vous arrive au quotidien, par le prisme de votre petite voix intérieure, que vous penchez soit vers l'optimisme, soit vers le pessimisme.»
Sur Transformer le négatif en positif, page développement personnel sur Devenir acteur, vous trouverez des exemples et un conte souvent cité Le paysan et le cheval blanc où alternent évènements positifs et négatifs s’engendrant dans la durée.
On peut trouver d’autres exemples de faiblesse transformée en force.
Voir :
- La recension de «De la difformité» de William Hay par Roger Maggiori dans Libération, 13/06/2024 qui nous dit:
«Et c’est à partir de là que le député anglais «renverse» le rapport entre la force (la norme, la normalité) et la faiblesse (le nanisme, la cyphose, la difformité), en montrant justement les ressources paradoxales que celle-ci peut avoir, si elle favorise la modération, la tempérance, le soin de sa santé, l’évitement de l’exercice violent et de l’exposition aux dangers, la responsabilité, le sens de la justice, l’ingéniosité, et tout ce qui, au précepte de Juvenal, «mens sana in corporel sano», ajouterait le souci moral de «posséder une âme droite dans un corps tordu».
La difformité prive de bien des choses. Mais si on «ne peut être maître à danser pour aligner les talons», rien n’empêche que l’on soit «maître d’école pour instruire les esprits». Si on ne peut tenir l’épée, on peut tenir la plume, et si on ne saurait «être couronné aux Jeux olympiques», on peut viser à devenir «le Pindare qui les célébrerait». Toute vie est digne. Le ridicule et le mépris sont «une conséquence fatale de la difformité» : il faut donc «apprendre à les ignorer puisque aucun ne saurait les éviter. On doit supporter ces faits comme homme, les pardonner comme chrétien, les analyser en philosophe. Et le triomphe sera total si on peut surpasser les autres par la dérision de soi».»
- Les vertus de l'échec,Charles Pépin
Résumé:
«Et si nous changions de regard sur nos échecs? Les succès viennent rarement sans accroc. Charles de Gaulle, Rafael Nadal, Steve Jobs ou Barbara ont tous essuyé des revers cuisants avant de s'accomplir. Relisant leurs parcours et de nombreux autres à la lumière de Marc Aurèle, saint Paul, Nietzsche ou Freud, cet essai nous apprend à réussir nos échecs. Il nous montre comment chaque épreuve, parce quelle nous confronte au réel ou à notre désir profond, peut nous rendre plus lucide, plus combatif, plus vivant. Un petit traité de sagesse qui nous met sur la voie d'une authentique réussite.» 4e de couv.
- Cherchez l'erreur !: pourquoi il est profitable d'avoir tort, Kathryn Schulz
Résumé:
«Kathryn Schulz nous entraîne dans une enquête au long cours, où les relations humaines et les faits divers ont autant leur place que les événements historiques. On y rencontre aussi Platon, saint Augustin, Descartes, Shakespeare, Freud, Wittgenstein, ou encore Molière, Proust, Coetzee, Philip Roth... Une analyse décapante de la nature de nos erreurs et de toutes leurs implications. Au mieux, avoir tort vous irritait; au pire, c'était un cauchemar. Désormais, vous saurez qu'il est bon d'être faillible, que c'est même votre génie!»
Mais cette positivité à tout crin peut aussi être questionnée :
«L’épreuve du négatif (du mal, de la souffrance, de la maladie, de la mort…) peut-elle augmenter notre appétit de vivre ? Que la vie soit plus précieuse lorsqu’on a craint de la perdre, que d’une épreuve l’on puisse sortir plus fort, que d’un mal puisse survenir un bien : cette pensée a quelque chose de réconfortant, on aimerait tous y croire un peu, on l’expérimente tous plus ou moins. Mais elle nous choque aussi. Parce qu’il faudrait admettre que le mal, non seulement existe, mais a une vertu, un sens, une utilité : celle de rehausser le prix de la vie.»
L’épreuve du négatif renforce-t-elle notre appétit de vivre?, Philosophie magazine, n° 140, juin 2021
«Au fond, la psychologie "positive", dont la résilience est un des piliers, a, comme les idées de Leibniz dont Voltaire se moquait, un côté bêtement optimiste, répugnant aux yeux de tous ceux dont la vie est précaire, marquée par des échecs et des peines profondes. Elle tend à culpabiliser tous les défaitistes en pensée, tous ceux qui n'ont pas la force ou l'envie de surmonter leur désespoir»
Mes mille et une nuits, Ruwen Ogier.
Résumé:
Dans cet essai très personnel, Ruwen Ogien suit et questionne avec humour et perspicacité le parcours du malade, les images de la maladie, les métaphores pour la dire, pour l'oublier ou pour en faire autre chose qu'elle n'est. Ne dit-on pas souvent qu'elle serait un défi à relever, un test pour s'éprouver, une expérience qui, une fois dépassée, pourrait même nous enrichir ? Farouche adversaire d'un tel « dolorisme », Ruwen Ogien ne trouve aucune vertu à la souffrance : à ses yeux, ce qui ne tue pas ne rend pas plus fort, et la résilience n'est pas la panacée. Un livre fort, une pensée vive qui nous aide à comprendre le quotidien de la maladie, à prendre conscience qu'elle a bien des causes, mais certainement pas des raisons». 4e de couv.
Pour aller plus loin :
Optimisme, Wikipédia
Pessimisme (philosophie), Wikipédia
Karma, Wikipédia
Candide ou l'optimisme, texte intégral, Voltaire
Une série de podcasts: Comment vivre avec le négatif sur France Culture
La contradiction et la puissance du négatif, Philosophie et politique, site personnel de Denis Collin
Bonnes lectures !