Pourriez-vous me lire la lettre reproduite sur Lyon sur tous les fronts ?
Question d'origine :
dans l'ouvrage:
Lyon sur tous les fronts 14/18 page 23 je n'arrive pas à lire la lettre d'une coquette à un poilu, pouvez-vous me la déchiffrer?
Par avance, merci
Réponse du Guichet

Voici une transcription de ce poème satirique paru dans le journal de tranchées "Rigolboche" en 1916.
Bonjour,
Nous avons chaussé nos meilleures lunettes et reproduit pour vous la page reproduite en fac-similé dans 14-18, Lyon sur tous les fronts ! [Livre] : une ville dans la Grande Guerre. Voici le texte demandé :
Lettre d'une Coquette à son Poilu
(ou : ce qu'une femme n'oublie pas)
Mon pauvre loulou, ta dernière lettre
M'a fait bien d'la pein' car ell'sent l'cafard ;
La guerr' c'est pas ros' mais il faut s'soumettre,
Tout l'mond'dit : "Fallait qu'ça vienn' tôt ou tard !"
Moi qui m'suis fait faire par ma couturière
Un costum'tailleur en joli drap bleu :
Tu gâch's mon bonheur ; maintenant j'espère
Qu'ta correspondanc' va changer un peu !
Tu m'dis qu't'es pas fort, qu'tu t'sens la têt'vide,
Que tu dépéris d'plus en plus chaqu'jour :
Pourtant, dans l'civil, t'avais l'air solide,
Prends courag', cela n'peut durer toujours...
Si tu me voyais, une adroit'modiste
M'a fait un amour de petit chapeau
Allons, mon gros chou, ne soit pas si triste,
La dam' du troisièm' en fait des yeux d'veau !
J'apprends à l'instant, de source certaine,
Qu'les boch's ne peuv'ent pas tenir bien longtemps
Patient'donc un peu, la paix est prochaine,
C'n'est plus qu'une affaire de deux ou trois ans ;
Quand tu reviendras, tu r'trouv'ras, j't'assure,
Ta p'tit'femme' coquette aux dessous soyeux
Mais plus d'idé's noir's, chéri, j't'en conjure
J'perdrais l'goût du chic, ça, ce s'rait affreux !
P.Fichter
Comme vous le constatez, il ne s'agit pas d'une vraie lettre mais d'un poème comique paru dans le journal de tranchées Rigolboche : le plus fort tirage du front entier : le journal le mieux renseigné sur les Teutons / Etat-major de la 20e brigade, S.P. 10.
Ce journal, écrit et dessiné par des poilus au front, raison pour laquelle il est manuscrit, est présenté sur Mémoire vive, le site du patrimoine numérisé de la ville de Besançon :
Rigolboche
Un titre amusant, expressif et sonore
Rigolboche commence à paraître en février 1915 et publiera, tous les 10 jours environ, 106 numéros jusqu'en mars 1918. Il a toujours été imprimé sur le front de façon artisanale (texte manuscrit ronéotypé). Le nombre de pages selon les numéros - et le temps dont disposaient les rédacteurs - varie de 4 à 8 ; des numéros spéciaux (pour Noël, pour les marraines…) ont jusqu'à 20 pages.
[...]
Journal de la 20e brigade de la 10e division d'infanterie, il revendique "le plus fort tirage du front entier" ; il était surtout remarquablement illustré par ses animateurs, notamment Pierre-Jean Poitevin (1889-1933), peintre et dessinateur de presse au Petit Parisien ou à L'Illustration ; Poitevin, qui a commencé son service militaire de 3 ans en 1912, enchaînera avec 4 ans de guerre : il restera simple soldat et refusera de monter en grade.
Vous retrouverez les numéros de "Rigolboche" sur notre bibliothèque numérique Numelyo avec la possibilité d'agrandir le texte à volonté. "Lettre d'une coquette" est consultable sur cette page.
Vous pouvez revivre l'exposition 14-18 : Lyon sur tous les fronts ! sur notre site.
Bonne journée.
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