J'aimerais quelques précisions sur les gardians de Camargue
Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
Je cherche les outils utilisés actuellement par les gardians en Camargue, et la fonction de chacun. J'aimerais également savoir si on peut dire "une gardian" pour une femme. Et enfin, je voudrais comprendre si le mot "manade" désigne un troupeau ou bien la ferme camargaise à laquelle ce troupeau est rattaché.
Merci beaucoup pour votre aide !
Réponse du Guichet

Le trident de fer, le seden, le sanguin ou encore la selle, si caractéristique, font partie des outils principaux de la panoplie des gardians de Camargue. Au féminin, le mot s'écrit "gardiane" mais serait peu employé, jusque parmi les membres de la profession. Enfin, la manade désigne le troupeau et la manadier, ou la manadière, le/la propriétaitre de la manade.
Bonjour,
Selon le CNTRL, le Larousse ou Le Robert, une "manade" désigne en Camargue, le troupeau de bœufs, de taureaux ou de chevaux conduit, en plein air par un gardian. Le propriétaire d'une manade est appelé un "manadier" (Larousse). Il se distingue du gardian, salarié au statut d'ouvrier agricole, qui lui est le gardien du troupeau et conduit la manade.
Si vous souhaitez connaître l'étymologie et l'histoire de ces deux termes, nous vous conseillons la lecture de cet article : Manadier Gardian, quelle différence ?
L'article "Les manadières et les gardianes dans la tauromachie camarguaise" de Sophie Vignon dans Cahiers du Genre (n°66 - 2019, p. 181 - 199) (Cairn), s'intéresse au rôle et au poids dans femmes dans ces professions traditionnellement masculines. "Manadière" et "gardiane", sont les termes féminins à employer. Même si l'enquête mentionne que le mot "gardiane" n'est jamais utilisé par les principaux et principales concerné.es . L'étude nous apprend aussi que seul 10% des 2500 à 3000 gardian.es recensés étaient des femmes, pour l'immense majorité bénévoles (2 contre 40 pour leurs homologues masculins), ces non-salariés seraient communément appelés "amateur.es". Le paragraphe sur la division sexuée des tâches est par ailleurs très instructif.
Concernant leurs outils de travail, Wikipédia indique que le trident de fer (Midi libre, article disponible via Europresse) ou ficheiroun, est l'outil de travail principal du gardian. Il lui permettrait, un peu violemment, de se faire obéir de ses bêtes. La selle du gardian aurait la particularité d'être légèrement surélevée au niveau de pommeau et du troussequin. Si vous le souhaitez, le beau chapitre du livre "Métiers de Provence" de Gilles Lansard se consacre au métier de sellier des manadiers (Edisud, 1997), à partir de la p. 66. Est aussi cité sur Wikipedia, le seden à savoir une "corde tressée avec du crin de jument et servant de lasso pour capturer le cheval dans la manade et de licol pour l’attacher". A terre, le bâton en bois, nommé le sanguin, dont il se sert pour s'appuyer mais aussi frapper les bêtes (au niveau des cornes seulement), ferait également parti de la panoplie historique du gardian. Vous en retrouverez une description au paragraphe "Le fer et le bâton" du livre "L'abrivage des gardians de Camargue" de Charles Galtier (END, sur Google Books).
Pour approfondir ce sujet, nous vous suggérons la lecture de ces ouvrages dans nos collections :
Gens de Camargue et de bouvine / textes choisis et présentés par Guy Dugas (Omnibus, 1999)
Camargue et gardians : dédié à mes amis gardians et manadiers de Camargue, de Crau et du Languedoc : ethnographie folklorique du pays d'Arles / Carle Naudot (Parc naturel régional de Camargue, 1977)
Camargue : une histoire entre Rhône et Méditerranée / Frédéric Simien (Sutton, 2018)
Des sauvages en Occident : les cultures tauromachiques en Camargue et en Andalousie / Frédéric Saumade (Maison des sciences de l'Homme, 1994).
Bonne journée,