En quoi la famille du patient schizophrène a un rôle important dans l'insertion?
Question d'origine :
En quoi la famille du patient atteint de schizophrènie a un rôle important dans l'insertion social de ce dernier?
Réponse du Guichet
Oui, les dernières recherches sur le traitement de la schizophrénie conforte la place de la famille, et plus largement de l'entourage, comme partie prenante essentielle au parcours de soin du patient. Il s'agit pour cela de comprendre le fonctionnement de la maladie et de tisser un lien de confiance avec le malade. Des associations spécialisées dans l'accompagnement psychoéducatif de l'entourage de ces personnes prodiguent de précieux conseils pour mieux les comprendre et communiquer pertinemment. Briser l'isolation sociale des personnes atteintes de schizophrénie est un moyen essentiel pour les guider sur la voie de la rémission.
Bonjour,
Contrairement à la manière dont elle était traditionnellement pensée dans le traitement de la maladie, la famille et plus largement l'entourage du patient seraient aujourd'hui davantage perçus comme une ressource que comme une entrave à la guérison des malades (Hélène Davtian, Régine Scelles, 2013). Elle peut se montrer capable là où les institutions traditionnelles de soin peuvent se montrer défaillantes. Un investissement massif dans ces thérapies de proximité pourrait notamment désengorger les urgences psychiatriques et prévenir de nombreuses hospitalisations.
En effet, le développement de la sociabilisation de l'individu schizophrène est l'un des points sur lesquels l'entourage familial peut apporter une aide précieuse. A ce titre, les modalités d'action du plan psychiatrie et santé mentale 2011 - 2015 ont transformé l'entourage du malade en position d'aidant familial (selon les situations et en fonction des possibilités des familles), leur conférant un rôle dans l'évaluation des besoins du patient mais aussi dans la gestion quotidienne de la maladie et des moments de crise. La loi française est allée jusqu'à accorder le droit aux familles d'administrer des soins sans que le consentement du patient ne soit nécessaire.
Voir à ce propos l'article de Hélène Davtian et Christian Lamotte "Être formé à aider un proche atteint de schizophrénie Réflexion à partir d’un retour d’expérience" (Dialogue n°216 p. 25 - 38) (Cairn)
Dans cet article de la Nouvelle République publié en 2019 à l'occasion des journées de la schizophrénie, l'importance du lien social est martelée et portée en condition sine qua non au bon rétablissement du patient, ou du moins à l'amélioration de sa condition, par les associations spécialisées :
A l’occasion des Journées de la schizophrénie (16-23 mars), les associations ont rappelé que la schizophrénie peut se soigner, mais à condition de rétablir le lien avec l’entourage et de rompre l’isolement auquel la maladie conduit trop souvent, ce qui complique le parcours de soins.
L'importance du dialogue avec l'entourage est aussi régulièrement mis en avant afin de rompre l'isolement social mais aussi aider l'individu à conscientiser sa maladie ou à exprimer en sécurité ses peurs et ses angoisses. La personne doit se sentir en confiance et soutenue pour pouvoir aller de l'avant et nécessite, de la part de l'aidant, une profonde empathie ainsi qu'une disposition à l'écoute. De nombreux petits conseils sont distillés au chapitre "L'entourage peut-il aider la personne paranoïaque ?" du livre "La paranoïa et la schizophrénie paranoïde : 100 questions/réponses" de Cyrielle Richard (Ellipses, 2019) pour encourager petit à petit le malade à sortir de son isolement. Une écoute empathique et attentive donc, qui ne doit pas chercher à critiquer ou remettre systématiquement en question les paroles du patient, mais aussi une communication douce à l'aide de mots simples et de phrases courtes, se composant chacune d'une seule idée (p. 174). Il faut chercher les points de convergence, non de divergence, et signaler le cas échant son désaccord avec le malade mais dans le respect tout en lui faisant ressentir malgré tout que ses propos ont été entendus.
La recherche dans le psychosocial investit énormément d'espoir dans le rôle thérapeutique de la famille, tout en étant consciente du besoin d'accompagnement requis pour faire face à de telles situations. Ainsi le groupe Profamille s'est développé pour leur apporter du soutien et les aider à mieux comprendre et améliorer leur communication avec le malade. Ce programme de psychoéducation marche en réseau et est animé par plus de 80 équipes en France et dans des pays francophones. Leurs partenaires (associations/organisations) avancent avec la même volonté de briser l'isolation des patients et les guérir à l'aide du lien social, nous vous suggérons de consulter leurs sites.
Les témoignages de proches sur le site du Collectif schizophrénie offrent aussi une superbe documentation permettant de mieux comprendre le mode de fonctionnement des personnes atteintes de schizophrénies, les difficultés rencontrées mais aussi partager des techniques de communication ou des connaissances sur la maladie. Le témoignage de Corinne, mère de Sophie qui a été diagnostiquée schizophrène, raconte notamment l'apport décisif du programme Profamille pour l'aider à comprendre sa fille.
Si vous souhaitez en savoir plus nous vous conseillons les documents suivant :
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CASTILLO Marie-Carmen, PLAGNOL Arnaud, « Le regard sur les familles de personnes schizophrènes : histoire et perspectives », PSN, 2016/1 (Volume 14), p. 53-67. DOI
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DAVTIAN Hélène, SCELLES Régine, « La famille de patient schizophrène serait-elle devenue une ressource inépuisable ? », L'information psychiatrique, 2013/1 (Volume 89), p. 73-82.
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Mieux vivre avec la schizophrénie / Anne-Victoire Rousselet ; préface de Jean-Pierre Olié (Dunod, 2022)
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La schizophrénie : mieux comprendre la maladie et mieux aider la personne / Jean-Louis Monestès (Odile Jacob, 2013)
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Les schizophrénies / Sadeq Haouzir, Amal Bernoussi (Dunod, 2020)
Bonnes lectures,