Pourquoi certains immeubles ont-ils leur façade extérieure recouverte de carrelage ?
Question d'origine :
Bonjour Guichet du Savoir,
J'ai une question d'architecture : certains immeubles ont leur façade extérieure parfois recouverte de carrelage. Est-ce que c'est uniquement esthétique ou il y a aussi un coté pratique ? Est-ce que ça correspond à un mouvement architectural particulier ?
Merci pour votre réponse
Réponse du Guichet

Le carrelage est employé pour le revêtement des façades extérieurs des bâtiments comme ornementation, donc par souci esthétique. Il présente également des aspects pratiques : il peut être utilisé de multiples façons, il dure dans le temps de part sa résistance et il est peu couteux. Il ne s'inscrit pas dans un courant architectural en particulier. Élaborées dans plusieurs pays et à différentes époques, les façades carrelées s'inscrivent dans différents courants et styles artistiques : rococo, néoclassique, art nouveau, art déco et art islamique.
Bonjour,
Effectivement comme vous l'avez implicitement affirmé, l’emploi du carrelage comme revêtement extérieur des façades des bâtiments occupe un rôle esthétique. Il sert d’ornementation. C'est un matériau intéressant pour son aspect brillant, où la lumière se reflète, et parce qu’il permet d’offrir un décor coloré. Les auteurs du livre L'architecture, élément par élément, dirigé par Miles Lewis en 2010, l’expliquent pages 332 et 333 :
"Le répertoire de formes et de textures que constitue le carrelage en a fait un outil inestimable pour la décoration des bâtiments, qu’ils soient monumentaux ou de simples réalisations vernaculaires. Ses couleurs, sa capacité à refléter la lumière, à être peint ou verni, posé de multiples façons, offrent aux artistes à la recherche d’un matériau de surface durable un médium particulièrement adaptable et expressif."
L’extrait nous apprend également que son intérêt réside en sa souplesse d’utilisation. Maniable et modulable de façons multiples, il offre aux artistes un terrain d’expérimentation favorable à la création. En addition, le matériau est choisi pour sa solidité comme son qualificatif « durable » le suggère. L’article du National geographic et écrit par Helena Amante : Au Portugal, les azulejos se réinventent au fil des siècles, nous confirme ces informations. En effet, les azulejos (carreaux de faïences dessinés et souvent retrouvés sur les murs extérieurs des bâtiments des villes portugaises) sont :
"Hautement résistants aux caprices de la météo et relativement peu onéreux à produire, les azulejos sont devenus la solution de revêtement par excellence au début du 19e siècle, une solution qui permettait simultanément de rehausser la ville d'une touche de couleur."
Il nous apprend qu'à sa dimension esthétique s’additionnent des caractéristiques pratiques. Il est techniquement intéressant par sa résistance aux intempéries et il est choisi pour son faible coût.
Le carrelage a pu être choisi pour occuper d’autres fonctions. Dès lors que sa production devient industrielle (soit à partir du XIXème siècle), le carreau a pu incarner un symbole de modernité. Nous l'apprenons dans l’article Carrelage et révolution industrielle, issu du site de la BNF (Bibliothèque National de France) où :
"Plusieurs architectes s’approprient aussi le célèbre “carreau métro”, comme le Belge Victor Horta qui l’utilise pour paver les murs de sa salle à manger à Bruxelles, ou Henri Sauvage qui fait de la céramique un emblème de l’architecture moderne en pavant intégralement les façades de son immeuble à gradins rue Vavin dans le 6e arrondissement de Paris."
Deux articles issus du site de la BNF nous indiquent qu’il a pu être employé par souci de vivre dans un environnement hygiénique :
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À partir du XIXème siècle, comme indiqué dans ce texte: Des siècles de carrelage :
"À partir du 19e siècle, le carrelage s’impose dans les habitations, en intérieur comme en extérieur, en raison de l’industrialisation de sa fabrication et du souci croissant d’un environnement plus hygiénique."
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En 1912, par l’architecte Henri Sauvage comme mentionné dans cet écrit : Le Carrelage en extérieur : l’immeuble d’Henri Sauvage au 6 bis rue Vavin :
"La forme de l’immeuble et son revêtement céramique répondent à une préoccupation constante de l’époque : garantir une bonne hygiène, même à prix modique."
Par ailleurs, aucune source consultée n’évoque de courants d’architecture au milieu desquels les façades carrelées ont pu s’inscrire. Cependant, nous relevons plusieurs courants artistiques ou styles auquel elles ont pu appartenir. Pour les azulejos ils sont multiples. Le guide touristique en ligne Lisbonne.net explique :
"Style rococo, néoclassique, art nouveau et art déco, ils ont su traverser différentes époques et ont toujours leur place dans la vie portugaise contemporaine."
En Europe, il a fait partie du mouvement Art Nouveau, comme décrit dans l’article Carrelage et révolution industrielle de la BNF :
"[…] les motifs végétaux et les lignes courbes de l’Art Nouveau, qui se développe à partir du début des années 1890, se retrouvent sur les carreaux qui habillent désormais les murs des habitations."
Dans l’Art islamique, nous retrouvons aussi les parois extérieures des Mosquées couvertes de carreaux colorés, dessinées ou portant des inscriptions écrites. Vous trouverez des informations à ce sujet dans le livre : Histoire de la céramique, les grandes civilisations, de Virginie Armellin.
Enfin pour aller plus loin voici d'autres ressources documentaires :
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Carrelages, Ministère de la Culture, Direction du patrimoine, Centre de recherches sur les monuments historiques, 1984
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Azulejos : chefs-d’œuvre du Musée national de l'azulejo à Lisbonne, édité par Paris : Chandeigne, 2009
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Azulejos du Portugal, Rioletta Sabo, Jorge Nuno Falcato, 1998
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Les Métamorphoses de l'azur : l'art de l'azulejo dans le monde latin, Elisabeth de Balanda, Armando Uribe Echeverria, 2002, un livre portant sur l’histoire des azulejos en Europe, depuis le Moyen-Age.
Bonne journée.