Qui est l'énigmatique Marcas qui a écrit la nécrologie du sculpteur lyonnais G. Bonnet ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai une petite question à vous poser à propos du sculpteur lyonnais Guillaume Bonnet.
L'historienne de l'art, Elisabeth Hardouin-Fugier, indique dans son article consacré au sculpteur [Guillaume Bonnet (1820-1873), À propos des bustes de la série Les Lyonnais célèbres, in Bulletin des musées et monuments lyonnais,1982 n°4)] :
<< Marcas, dans la Nécrologie de Bonnet (in Le Salut Public, 6 mars 1873), raconte l'anecdote suivante, à propos de l'autoportrait de Bonnet, placé sur son tombeau."On me croit laid, disait-il en souriant de ce bon sourire qui épanouissait sa large figure. C'est une erreur, je suis beau mais on ne sait pas me voir. J'expliquerai ma physionomie dans mon buste. Je ne veux pas être un homme incompris." Et, de fait, dans ce buste de Bonnet, parfaitement ressemblant, la tête est belle, c'est celle d'un penseur du Moyen Âge ; on y lit exemplairement l'énergie, la volonté et l'intelligence >>.
Mais qui est donc ce Marcas ? Aucun prénom n'est indiqué.
Après bien des recherches sur le net, je n'ai rien trouvé sur cette personne. Et pourtant il serait intéressant de savoir qui est celui qui a si bien jugé ("on y lit l'énergie, la volonté et l'intelligence") ce magnifique autoportrait de Guillaume Bonnet.
Personnellement, je me risque à user d'un superlatif pour qualifier cette œuvre : je trouve - sans minimiser la qualité et la valeur des autres portraits bien sûr - que c'est le plus beau buste du cimetière de Loyasse, il rayonne sur son piédestal, il est vraiment beau !
--> Pouvez-vous m'en apprendre un peu plus sur cet énigmatique Marcas ?
Je vous remercie très sincèrement pour votre bienveillance et votre réponse.
Réponse du Guichet
Zéphyrin Marcas est un pseudonyme utilisé par un rédacteur du Salut Public. Nos recherches ne nous permettent toutefois pas de l'identifier.
Bonjour,
L'article du 5 mai 1873 (et non 5 mars) est signé Z. Marcas. Zéphyrin Marcas ! Ce nom n'est pas innocent, il est emprunté à un personnage de Balzac dans une nouvelle éponyme, parue à plusieurs reprises, dans les années 1840, sous forme de feuilleton ou en volumes.
Dans cette nouvelle, Zéphirin Marcas, d'origine modeste et d'intelligence remarquable, met toute son énergie à passer son doctorat en droit, puis à s'essayer au journalisme avant de tenter sa chance en politique.
Si ce personnage n'est, aujourd'hui, pas le plus connu de Balzac, il a toutefois représenté au milieu du XIXe siècle, une figure de son époque. A tel point que des journalistes ou auteurs ont pu reprendre son nom pour signer leurs articles. C'est le cas du diplomate et homme de lettres Georges Biard d'Aunay. Ce dernier a signé plusieurs ouvrages et dirigé, sous ce nom, une revue bordelaise, Le Diogène. Bien qu'il soit le fils d'un artiste lyonnais, François-Auguste Biard, et ayant à ce titre pu croiser Guillaume Bonnet, il est cependant peu probable que le Z. Marcas du Salut public et Georges Biard d'Aunay soit la même personne. En 1873, Georges Biard d'Aunay, venait d'être nommé lieutenant de vaisseau à Toulon. D'autre part, la signature Z. Marcas est récurrente dans la rubrique du Salut public La semaine lyonnaise, ce qui plaide pour un local, solidement implanté dans la société lyonnaise.
Reste donc à chercher un journaliste du Salut public lyonnais, d'origine plutôt modeste et ayant des ambitions politiques….
En espérant avoir pu vous donner quelques pistes, nous vous souhaitons une bonne journée.