Quelles sont les causes et solutions possibles des règles hémorragiques ?
Question d'origine :
Bonjour, pour les règles hémorragiques, quelles sont les causes, les solutions possibles et leurs conséquences ? Je pense notamment à la technique de brûler l'endomètre.
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
Les règles hémorragiques sont généralement bénignes, mais peuvent être le symptôme d'autres pathologies, pour lesquelles il est nécessaire de consulter le corps médical. Les interventions chirurgicales peuvent être une solution, mais d'autres plus douces sont envisageables en amont.
Bonjour,
Dans l'ouvrage Au bonheur des vulves de Élise Thiebaut, on retrouve la définition suivante :
On parle de règles hémorragiques ou de ménorragie quand les saignements menstruels sont très importants ou très longs. Le volume de sang perdu à chaque cycle est en moyenne de 40 ml, c'est au-delà de 80 ml que l'on parle de règles abondantes.
Extrait de Au bonheur des vulves de Élise Thiebaut, page 147
Si les Hospices Civils de Lyon indiquent également un seuil à 80 ml, il est en revanche indiqué dans l'ouvrage Kiffe tes règles que c'est au-delà de 150 ml de sang perdu que l'on peut parler de règles hémorragiques.
Dans tous les cas, comme la mesure est complexe à réaliser, on peut s'appuyer sur la fréquence avec laquelle on doit changer de protection périodique, selon le score de Higham.
Pour calculer son score, il suffit de noter chaque jour le nombre de points correspondant à la quantité de sang présente sur ses projections, ou à la présence éventuelle de caillots, puis d'additionner l'ensemble des points.
Extrait de Kiffe tes règles de Gaëlle Baldassari, page 100
Un tableau permettant de calculer son score de Higham est d'ailleurs présent dans ce même document, présent dans nos rayons, mais également disponible en ligne sur le site des Hospices Civils de Lyon.
Si le score de Higham est supérieur à 100 points, les saignements sont supérieurs à 80 ml. On est face à un cas d’hémorragies menstruelles.
Si le score de Higham est supérieur à 150, on est face à un cas d’hémorragies menstruelles nécessitant une prise en charge médicale.
En complétant votre tableau, n’hésitez pas à observerez aussi si vos saignements contiennent des caillots de sang.
Extrait du site Smoon lingerie, société proposant notamment des culottes menstruelles
Élise Thiebaut indique quant à elle qu'une fréquence de moins de deux heures, y compris la nuit, caractériserait des règles hémorragiques. Et de préciser que "la durée moyenne d'un cycle peut varier entre 21 et 35 jours, sur 6 jours maximum".
Or, ainsi que l'explique Bettina Zourli, les règles hémorragiques peuvent avoir un impact sur la santé des personnes :
[...] dès lors que l'on a des règles anormalement longues ou lorsque le flux est vraiment important, cela peut se ressentir sur notre santé générale : une forte fatigue, mais aussi de possibles carences en fer.
Extrait de Sang honte de Bettina Zourli, page 81
En effet, précise l'article de Smoon lingerie, "des règles hémorragiques peuvent provoquer une diminution des globules rouges, qui fixent le fer dans le sang et permettent le transport de l’oxygène. Il s’agit d’une anémie ferriprive (anémie due à une baisse des réserves en fer). Cette carence en fer entraîne fatigue, migraines, étourdissements voire essoufflements", mais aussi pâleur.
Le laboratoire Cemag Care indique plus précisément que dans le cas des règles abondantes, "la perte de fer est plutôt de l’ordre de 2 à 4 mg/jour, soit deux fois plus que pour les règles non abondantes et dans ce cas, elle risque de ne pas être compensée par l’alimentation", d'où la possibilité de souffrir d'une anémie par carence en fer.
Les douleurs causées par les menstruations peuvent également s'ajouter aux problèmes d'anémie.
Mais alors, quelles peuvent être les raisons qui font que certaines personnes vont avoir des règles hémorragiques, et d'autres non ?
D'abord, Aline Boeuf, dans Briser le tabou des règles, indique que "le flux des saignements varie au cours des menstruations, mais également selon les personnes et tout au long de leur vie" (page 81).
Ensuite, les Hospices Civils de Lyon soulignent que si des règles abondantes apparaissent chez une femme qui avait auparavant des règles normales, il est nécessaire de rechercher des causes physiques.
En effet, plusieurs raisons médicales peuvent être à l'origine des règles hémorragiques :
Mais si les causes et les conséquences de saignements abondants ne sont en général pas graves, elles peuvent être les symptômes d’un problème de santé non détecté (grossesse extra utérine, infection de l’endomètre, tumeurs bénignes …). Il est donc impératif de parler de votre problème de cycle à votre gynécologue.
Extrait du site Smoon lingerie
Sophie-Laure Rigaldo, naturopathe interrogée par l'auteure de Kiffe tes règles (page 100), indique que "de nombreuses pathologies peuvent expliquer des pertes abondantes [...] : fibrome, polype, endométriose, troubles de la coagulation...".
- Dans la grande majorité des cas, il s’agit de lésions bénignes de l’utérus de type fibrome ou polypes utérins
- Des règles abondantes peuvent également révéler une adénomyose, qui est liée à l’envahissement du muscle utérin par l’endomètre (et qui correspond schématiquement à une endométriose de l’utérus)
Il peut s’agir de causes liées à un déficit en facteurs de coagulation :
- Soit un déficit héréditaire en facteurs de coagulation principalement la maladie de Willebrand, une maladie des plaquettes ou un déficit sévère dans les autres facteurs de coagulation (FVII, FXI, FXIII…)
- Soit consécutives à une prise de médicament dans le cadre d’un traitement anticoagulant
Extrait du site des Hospices Civils de Lyon
Qare, plateforme de téléconsultation médicale, indique que l'âge, par exemple l'arrivée à la puberté ou à la ménopause, peut être un facteur.
À cela s'ajoute la contraception qui peut aussi avoir pour conséquence des règles hémorragiques, ainsi que décrit sur le site d'Ameli, lorsqu'elle engendre un déséquilibre hormonal :
[...] le flux abondant peut être lié à un déséquilibre hormonal, comme un excès d’œstrogènes. En effet, les œstrogènes ont tendance à épaissir l'endomètre, quand la progestérone limite sa croissance. Donc, s'il y a trop d’œstrogènes, l'endomètre épaissit beaucoup, ce qui explique l'importante quantité de sang perdue. Rétablir l'équilibre hormonal peut permettre de revenir à la normale.
Extrait de Kiffe tes règles de Gaëlle Baldassari, page 100
La consultation médicale est donc nécessaire.
Que faire alors lorsque l'on souffre de règles hémorragiques ?
Élise Thiebaut indique dans Au bonheur des vulves qu' "après avoir éliminé des causes organiques (fibromes, polypes, ...), le traitement peut être à base d'anti-inflammatoires non stéroïdiens, d'hormones, de phytothérapie ou d'homéopathie".
Dans certains cas, afin de mettre un terme à tous ces symptômes, la pilule peut être envisagée comme une solution. Mais est-ce une solution viable ?
Le principe de la pilule est d'arrêter le cycle menstruel, par l'apport de ce qu'on appelle "un progestatif" (il en existe différents types). Donc, en réalité, les règles sous pilule ne sont pas de "vraies règles" car, du fait de l'action de la pilule, l'endomètre ne se développe pas. Il s'agit en fait de saignements de privation, provoqués par l'arrêt d'apport d'hormones à un moment précis du cycle (quand on termine la plaquette ou quand on passe aux cachets placebos).
De ce fait, les règles sont moins abondantes et souvent moins douloureuses (il existe même des pilules avec lesquelles on n'a plus de règles du tout), mais aussi présentes régulièrement (à chaque arrêt de la pilule, on saigne).
Extrait de Kiffe tes règles de Gaëlle Baldassari, page 100
Au-delà des solutions proposées par le corps médical selon la cause des règles hémorragiques, Bettina Zourli liste des aliments "qui permettent de réduire la fatigue pendant nos règles, comme les bananes, le brocoli, le chocolat (noir, hein !), qui favorisent l'apport de minéraux essentiels à notre corps (en revanche, je ne vous conseille pas de les manger en même temps, cela va de soi...)." (page 82)
Quant aux traitements chirurgicaux, ils sont possibles et plusieurs sont envisageables, dont certains sont définitifs. C'est le cas par exemple de la thermocoagulation de l'endomètre :
La thermocoagulation de l’endomètre est l’un des traitements proposés pour les règles abondantes chez les patientes ne désirant plus de grossesse et souhaitant garder leur utérus.
Extrait du site du Centre hospitalier du Belvédère
En tous les cas, il apparaît que ces traitements chirurgicaux sont de dernier recours, si les solutions proposées au préalable par le corps médical ne font pas effet.