Je cherche à me documenter au sujet d'un homme du 18ème siècle nommé "Tarrare"
Question d'origine :
Bonjour,
Dans le cadre d'un article, je suis à la recherche d'un historien/chercheur capable de me renseigner au sujet de Tarrare, un homme né au 18e siècle en région lyonnaise, qui était capable de manger tout et n'importe quoi.
Existe-t-il un lien avec la commune de Tarare ? Pourquoi n'y a-t-il pas de sources francophones, seulement des textes anglo-saxons ?
Merci d'avance :)
Réponse du Guichet
Tarrare a bien suscité l'engouement de ses contemporains qui l'ont décrit dans de nombreux textes. Il est vrai que les informations sont parfois imprécises, le lieu de naissance manque cruellement.
Un lien avec la commune de Tarare semble peu probable mais nous ne pourrons être affirmatives.
Bonjour,
Ce Tarrare, avec son appétit gargantuesque, a suscité la curiosité de ses contemporains et a fait l'objet de nombreuses descriptions sans pour autant que l'on puisse connaître le lieu de sa naissance. Pour cela, il faudrait peut-être poursuivre des recherches aux Archives départementales du Rhône.
Nous ne pourrons pas non plus confirmer l'existence d'un lien entre ce nom de famille et la commune de Tarare mais cela nous semble peu plausible.
Pour ce qui est du nom "Tarrare", la consultation de Genenaet permet d'en trouver la mention dans différents endroits de la France et notamment dans l'Ain à Neyron. Ce même site propose une courte notice sur le soldat que vous évoquez :
•Né en 1772 - Lyon, Rhône, Rhône-Alpes, France
•Décédé en 1798 - Versailles, Yvelines, Ile-de-France, France, à l'âge de 26 ans
•Soldado y artista
Il cite en bibliographie divers ouvrages dont : Tarrare. The Hungriest Man in History par Matthew Rivers, 2023.
Par ailleurs, de nombreux articles font honneur à cette figure à l'appétit insatiable.
Nous vous invitons à consulter le Dictionnaire des sciences médicales, vol. 4, 1813 qui en donne une longue description :
Bijoux et tous les polyphages dont l’histoire nous a transmis les hauts faits, sont effacés par le fameux tarrare, que tout paris à connu, et qui mourut à Versailles, il y a environ quatorze ans, à l’âge de vingt-six ans.
M. le professeur Percy, qui a vu Tarrare, et qui a fait des recherches sur ce singulier personnage, nous en a transmis l’histoire dans un mémoire très curieux sur la polyphagie (…) A dix-sept ans, tarrare ne pesant que cent livres, était déjà en état de manger, en vingt-quatre heures, un quartier de bœuf de ce poids. Sorti fort jeune de ses parents (il était des environs de Lyon), tantôt mendiant, tantôt volant pour subsister, il s’attacha à l’un de ces spectacles de nos boulevards, où l’on voit briller tout à tour Gille, Arlequin, Polichinelle….
Vous pourriez aussi jeter un coup d’œil au Dictionnaire pittoresque d'histoire naturelle et des phénomènes de la nature, Volume 8, 1839.
La notice de wikipedia à son sujet est très complète et fournit de nombreuses sources bibliographiques.
Enfin, en poursuivant des recherches sur google livres vous trouverez d'autres références.
Pour ce qui est de la commune, l'étymologie du nom est inconnue et les explications varient d'une étude à l'autre. L'ouvrage Tarare: des origines à nos jours met en lien ce nom avec la famille de Tarare.
La famille de Tarare a été pendant plusieurs siècles intimement liée à la vie et au développement de cette bourgade qui devait devenir plus tard la ville de Tarare. Cette famille était sans doute prépondérante parmi les autres possesseurs de terres et il est raisonnable de penser que c’est à cette prépondérance qu’elle doit son nom : de Tarare. Nous pensons que, si cette famille avait véritablement la seigneurie de Tarare, elle l’avait cédée aux moines de Savigny en leur faisant les premiers dons qui les implantèrent dans le pays. N’oublions pas d’autre part qu’au moment de la création du prieuré, c’est un Talaru, allié à la famille de tarare, qui fait donation de l’église Saint André. La famille de Tarare a eu très certainement à se défendre contre des voisins puissants et semble avoir vécu à l’ombre de la très célèbre Maison d’Albo. En 1301, Jean de Tarare fait une donation au chevalier Guy d’Albon, ce qui suppose une parenté
L'ouvrage se poursuit avec présentation chronologique de la famille Tarare qui est mentionnée au XIe siècle :
Les premiers membres de la lignée qui nous sont connus sont : Guillaume et Bertarnd de Tarare, qui figurent comme témoins dans un acte de donation fait par Josserand à l’Abbaye des églises de Ternant et Saint Victor, ceci en juin 1046
Il cite un document dans lequel le nom de Tarare apparaît :
En 1419, dans un acte de fondation de prébende faite par jean Chipot, il est question de la chapelle Saint André nouvellement reconstruite. Il est même spécifié que :
« cette église paroissiale du lieu appelé Tarare a été jadis presque ruinée. Les murs du côté de l’orient et du midi étaient tombés, entraînant la chute du clocher et de ses cloches …»
Toutefois, la Grande encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône, sous la direction d'André Pelletier, rappelle qu’il existe, à diverses époques, différentes interprétations sur l’étymologie de ce nom. Les auteurs citent ainsi sans prétendre à l’exhaustivité :
Une interjection employée pour marquer une surprise incrédule, une sonnerie de trompette (sonner « tarare », l’harmonie imitative nous dispensant d’explication), un terme de mode féminine, un opéra de Beaumarchais. Tarare pourrait venirdu franco-provençal « Taratrum » (un outil de charpentier du XVe siècle), ou de l’outil du sabotier (un tarare), et de là le nom aurait été donné au sabotier lui-même, puis au lieu de fabrication des sabots – Tarare – où la montagne semble percée d’une vallée comme par un outil – ou encore d’un instrument agricole régional remplaçant à la fois van et crible.Mais peut-être faut-il demander à l’histoire et aux langues anciennes plus qu’à la géographie physique les chemins de la connaissance ? On pourrait ainsi songer à Taranis, divinité gauloise originale : dieu à la roue (=soleil et foudre) assimilé plus tard à Jupiter mais dont la personnalité correspond davantage à la représentation classique en Gaule indépendante du cavalier à l’anguipède, symbole de la victoire de la lumière sur les ténèbres et de la fécondation de la terre par le ciel (…)
Faut-il préférer Tartarus (=l’enfer), ou terra atra (terre sombre, car boisée ?), façons (subjectives sa,s doute) de voir la vallée de la Turdine ?
A partir de racines celtiques ou préceltiques et de l’observation du site, on a pu proposer aussi : montagne difficile à franchir, montagne très élevée, montagne aux eaux bruyantes, montagne de Taro (chef local ?), montagne du Taret ….
Bonne journée,