Qu'est devenue la navette navly expérimentée à Confluence ?

Bonjour, 

Les archives du journal Le Progrès nous permettent de reconstituer la trajectoire de l'entreprise française Navya, spécialisée dans la conception de systèmes de mobilité autonome, dont l'un des produits phares, la navette Navly (en partenariat avec Keolis), fut testée gratuitement auprès de la population lyonnaise entre 2016 et 2020 dans le quartier Confluence. 

La disparition du véhicule en mars 2020 fut tout sauf une surprise. En effet, l'entreprise indique que l'arrêt de cette phase d'expérimentation de 4 ans était parfaitement prévue à l'agenda. Son véhicule autonome semblait rodé. Avec 65 000 passagers transportés sur la petite distance d'1,5 kilomètres qui séparait le cours Charlemagne du quai Rambaud, la navette était prête à se déployer sur d'autres territoires et notamment en zones périurbaines, où les carences des transports en commun devaient se compenser à l'aide de cette technologie. En ce sens, une autre expérimentation fut menée sur le site de L'OL vallée entre novembre 2019 et janvier 2021, cette fois, au milieu des voitures. 

A l'international, plus de 200 véhicules ont été vendus dans 25 pays différents et la société, forte de ses 280 salariés à travers le monde (France, États-Unis, Singapour), ambitionnait de devenir l'un des leaders mondiaux du marché. 

Mais rien ne s'est passé comme prévu pour l'entreprise. Alors que la navette Navya retrouvait ses ateliers pour mieux repartir et s'attaquer à la concurrence internationale, le groupe a essuyé de lourdes pertes financières en 2021 avant le coup de grâce fin 2022... Une erreur de communication lui a couté cher ! La société aurait dévoilé avant finalisation un accord de financement de plus de 30 millions d’euros avec le fonds d'investissement Eshaq Investment Company W.L.L situé au Bahrein ; un accord qui plus est non conforme aux lois fiscales internationales. L'action du groupe a ainsi chuté de 50% et a entrainé la démission de la présidente de son directoire, Sophie Désormière. 

Fin janvier 2023 l'entreprise a fini par demander son placement en redressement judiciaire après s’être déclarée en cessation de paiement. 

Ce n'est pourtant pas la fin de l'aventure puisque le tribunal de commerce de Lyon a acté en faveur d'une reprise d'activité, soutenant le rachat conjoint de la boite par l'entreprise franc-comtoise Gaussin (constructeur de véhicules autonomes fonctionnant à l'électrique ou à l'hydrogène pour le transport de marchandises en sites fermés), en partenariat avec la société japonaise Macnica, pour un prix de cession de 1,4 million d'euros. 143 salariés ont aussi pu être conservé (sur un peu plus de 200 restants). 

Grâce à la reprise de ses actifs, une nouvelle entreprise basée en France est créée, détenue majoritairement par Gaussin (51%) et 49% par Macnica. Avec ambition et détermination, celle-ci visait un chiffre d'affaire de 23 millions d'euros pour sa première année d'activité...

Mais l'entreprise française s'est finalement retirée cette année puisque "Navya Mobiliy" passe désormais sous pavillon 100% japonais avec Macnica comme actionnaire majoritaire et NTT West, une entreprise de télécoms, qui détient un peu plus de 29% du capital depuis le 8 août dernier !

Voici les articles que nous avons consulté (lisibles via Europresse grâce à un abonnement BmL) : 

• Navette Navya à la Confluence : pourquoi elle a disparu des radars (Le Progrès 2021)

• Pourquoi Navya, le pionnier des navettes autonomes, a sombré financièrement (Le Progrès 2023)

• Navya : moins d’un mois pour trouver un repreneur (Le Progrès 2023)

• Lyon : Navya, spécialiste du véhicule autonome, repris par Gaussin et Macnica (20 minutes 2023)

• Navettes autonomes : Navya Mobility recompose son capital sous pavillon 100% japonais (La Tribune, 2024)

Bonne journée,