A quoi ressemblaient au 16e siècle les bateaux qui livraient le château de Chenonceau ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai lu qu'après l'agrandissement du château de Chenonceau par Catherine de Médicis, un accès aux cuisines était possible par l'une des piles du "pont", la plus proche de la berge côté Château historique, et que les livraisons se faisaient donc par bateau voguant sur le Cher. Pourriez-vous m'indiquer à quoi pouvait ressembler ce bateau (ou un bateau de l'époque qui serait vraisemblable) ?
Merci beaucoup !
Réponse du Guichet
Les sources iconographiques manquent cruellement et nous ne pourrons malheureusement pas vous dire à quoi ressemblaient les embarcations naviguant sur le Cher au XVIe siècle.
Bonjour,
Nous ne répondrons malheureusement qu’imparfaitement à votre question car si nous avons bien trouvé des illustrations d’embarcations, elles ne sont pas propres au Cher.
Ces difficultés sont liées au manque de documentation comme le constate d’ailleurs Eric Rieth dans son ouvrage Des bateaux et des fleuves : archéologie de la batellerie : du néolithique aux temps modernes en France :
L’histoire ancienne, antique, médiévale et même moderne de la batellerie rencontre de multiples obstacles d’ordre documentaire. Les sources écrites, celles utilisées traditionnellement par les historiens, se révèlent pour l’essentiel peu loquaces lorsqu’il s’agit de retrouver les caractéristiques techniques d’un bateau de navigation intérieure. Ce sont les actes notariés rédigés à l’occasion de la construction ou la vente d’un bateau qui offrent, à partir de la fin du Moyen Age principalement, la meilleure voie d’accès à la connaissance de l’architecture navale fluviale (…) Les sources iconographiques, autre catégorie traditionnelle à laquelle les historiens font appel, sont pauvres, tout au moins jusqu’à la fin du XVIIe siècle, en représentations de bateaux de navigation intérieure (…) quant aux sources graphiques, offrant une vision purement technique de l’architecture des bateaux fluviaux, elles sont rarissimes …
Il cite alors trois catégories : les flotteurs, les radeaux et les bateaux …et mentionne que les milieux naturels ont un fort impact sur l’architecture des embarcations.La pirogue monoxylé à fond plat qui pourrait avoir été employée pour naviguer sur le Cher – si l’on en croit le site de l'Association des amis du Cher - en est une illustration.
« Les embarcations monoxyles sont caractérisées par une coque réalisée par évidage d’un tronc selon une « technique soustractive ».
Il est très probable que les dimensions des embarcations monoxyles reflètent des usages soit individuel pour les plus petites, soit collectif pour les plus grandes.
(…) La réalisation des pirogues monoxyles se heurte à un obstacle majeur : celle des dimensions (longueur et diamètre) du tronc dans lequel elles sont façonnées. Les embarcations monoxyles les plus grandes (supérieures à 10 mètres de long ) ont une capacité de charge qui, dans le meilleur des cas, ne dépasse pas quelques tonnes.
L'ouvrage présente de très nombreuses illustrations.
Toutefois, n’étant pas certaine de l’usage de cette embarcation sur le Cher au XVIe siècle, nous avons interrogé madame Virginie Serna, conservateur en chef du patrimoine à la mission de l'Inventaire générale du patrimoine culturel, qui a entre autres, écrit un ouvrage Le Cher. Histoire et archéologie d’un cours d’eau.
Celle-ci, que nous tenons à remercier, vient de nous faire parvenir une réponse nous indiquant que nous ne disposons d’aucune iconographie pour les chalands de Loire au XVIe siècle. Mais l’on peut supposer que les chalands du XVIIIe siècle, mieux connus, sont les descendants directs des chalands du XIVe siècle, soit bateaux à fond plat, bordé à clins avec levée avant et tableau arrière. Elle nous conseille de regarder l’ouvrage suivant que nous ne possédons pas à la Bibliothèque municipale de Lyon :
Serna (V.) dir., Epaves et naufrages en Loire (XIVe siècle – XIXe siècle). Archéologie de l’accident en eau douce XIVe – XIXe siècle). 74e Supplément à la Revue Archéologique du Centre de la France, RACF, 2020. 326p.
Plus généralement, l’ouvrage Navigations intérieures : histoire de la batellerie de la préhistoire à demain reproduit des manuscrits comportant des illustrations d’embarcations aux XVe et XVIe siècles. Aucune ne porte sur celles employées sur le Cher.
Enfin, en guise de conclusion, nous vous laissons parcourir :
La navigation sur le Cher du XVIe au XIXe siècle / Valérie Mauret-Cribellier, Supplément à la Revue archéologique du centre de la France Année 2013 43 pp. 125-132
Histoire de la communauté des Marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle / P. Mantellier