Sous l'Ancien régime, où se situait le siège de la Chambre des Comptes à Dijon ?
Question d'origine :
Bonjour,
Sous l'Ancien Régime où se situait le siège de la Chambre des Comptes à Dijon. Merci
Réponse du Guichet
La Chambre des comptes a d'abord siégé au sein du palais ducal puis s'est installée au sein de l'Hôtel de Neuilly.
Bonjour,
Plusieurs documents attestent que le déménagement de la Chambre des comptes, du Palais ducal à l'Hôtel de Neuilly, aurait eu lieu durant la seconde moitié du XIVe siècle :
C'est ce qu'indique Bertrand Schnerbp dans La Chambre des comptes de Dijon entre 1386 et 1404 d’après le premier registre de ses mémoriaux en pages 29-41 :
À l’origine, il ne s’agissait pas d’une institution spécialisée, d’une « Chambre des comptes » au sens plein du terme, mais d’une commission émanant du conseil du duc. Elle pouvait être constituée de l’ensemble du conseil présidé par le prince en personne ou réunir simplement deux ou trois conseillers. Malgré le caractère mouvant de sa composition, cet organe de contrôle suivait, depuis la fin du XIIIe siècle, une procédure clairement définie pour l’audition des comptes : l’agent de finances rendait ses comptes devant les conseillers-auditeurs, ceux-ci effectuaient un travail de vérification à l’aide des pièces justificatives (mandats de paiement et quittances) fournies avec la comptabilité. Le contrôle donnait lieu à des arrêts de compte qui faisaient l’objet d’un enregistrement et d’un archivage.
Dans la première moitié du XIVe siècle le processus de spécialisation de l’institution s’affirme. À partir de 1336 au moins, le duc de Bourgogne, dans ses actes, distingue des autres ceux de ses conseillers qu’il appelle « nos gens des comptes » ; en 1341, on voit que ce groupe de conseillers constitue un organe collégial disposant d’un sceau qui lui est propre. Il existe donc à cette époque au sein du conseil ducal une section distincte vouée à la vérification de la comptabilité. Son individualisation au sein de l’édifice institutionnel bourguignon se renforce aux premiers temps de l’intervention des Valois dans le duché de Bourgogne. En décembre 1361, dans la charte de privilèges qu’il accorde à ses sujets bourguignons, Jean le Bon, qui vient de réunir le duché à son domaine, précise « que audit duché nous aurons quant à présent gens ordonnés sur les comptes, si comme il est accoutumé de faire ». Ainsi l’existence d’une Chambre des comptes bourguignonne est-elle désormais consacrée par un acte royal solennel. Parallèlement, l’institution se voit dotée d’un local propre situé à Dijon, d’abord dans le palais ducal, puis dans un bâtiment acheté spécialement. Le personnel compte alors trois « maîtres des comptes » qui sont aussi conseillers du duc, et un « clerc des comptes ».
"En 1881, Jules de Maulbon d’Arbaumont (1831-1916), lui-même descendant d’une famille qui avait compté deux trésoriers de France (l’un aussi élu du roi), publia, sous le titre d’Armorial de la chambre des comptes de Dijon, le livre sur lequel se fonde aujourd’hui toute étude du personnel de la juridiction, et aussi du bureau des finances de Dijon".
Il indique :
On aimerait à pénétrer avec lui dans ce pourpris de la Chambre des comptes, dont la première installation remonte à la seconde moitié du XIVe siècle, et dont l’enceinte était assez vaste pour qu’après la réunion du duché à la couronne, le parlement pût, sans troubler l’ordre du service, y venir fixer son séjour.
Guy Rabby a été « clerc des comptes à Dijon (où il administrait les archives de la Chambre des Comptes) et garde des Chartres et escrips estans ou trésor à Talent ». Il est également devenu maître des comptes.
"C'est sous sa direction — il en ordonnança toutes les dépenses — que s'effectua le déplacement du Trésor des chartes qui, « pour estre là à plux grant seurté et pour les veoir et avoir plux prestement toutes foiz qu'il sera mestier », fut transféré vers 1365 de Talant à Dijon, quand les travaux de l'hôtel ducal furent un peu avancés1. A partir de 1365, en effet, les comptes de la Recette générale de Bourgogne nous apprennent que l'on construisit « un solier de bon bois...
pour mettre une grant partie des choses aportées du trésor de Talent ». C'est une ancienne chapelle (notons en passant l'analogie avec le Trésor des chartes de Paris, conservé à la Sainte-Chapelle) qui fut appelée à contenir ces chartes. [...]Le Trésor des chartes resta sans doute dans cette chapelle, doublée d'un grenier, jusqu'en 1468, où une tour fut construite pour le loger dans la Chambre des Comptes, près du Palais de Justice actuel3.
3. La Chambre des Comptes avait été transférée dès 1369 hors du palais, dans l'ancien hôtel de Neuilly.
source : Les archives et les archivistes des ducs de Bourgogne dans le ressort de la Chambre des Comptes de Dijon. / Richard Jean. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1944, tome 105. pp. 123-169.
Toutefois, la Chambre régionale des comptes de Bourgogne a daté ce déménagement de la seconde moitié du XVe siècle lors d'une exposition retraçant son histoire :
C’est en effet de 1460 que datait l’installation de la chambre sur l’emprise des anciens hôtels de Rouvres et de Neuilly, acquis à cet effet par le duc à une encablure de son palais, où, tout naturellement, avait d’abord siégé la juridiction en tant qu’émanation du conseil ducal. Ce nouveau logement, doté en 1474-1475 d’une somptueuse chapelle par Charles le Téméraire (représenté sur un vitrail et les blasons de toutes ses possessions peints au lambris), fut retouché ensuite à plusieurs reprises. La modernisation la plus spectaculaire fut, au milieu du XVIIe siècle, la construction du grand portail sur rue, aux forts accents baroques, et la réalisation du plafond du grand bureau, figurant de manière allégorique te magnifiée la régence d’Anne d’Autriche (28). Une tour, dite du trésor, était réservée dès l’origine à la conservation des archives, mais, au début des années 1640, les toitures laissaient pénétrer l’eau. Des travaux d’entretien furent ensuite régulièrement menés. Au total, les locaux étaient assez grands pour permettre, à la fin de l’Ancien Régime, à une centaine d’officiers d’y vaquer à leurs occupations.
source : Un parcours séculaire : la chambre des comptes de Dijon de Philippe le Hardi à la Révolution française Exposition préparée par les Archives départementales de la Côte-d'Or / Chambre régionale des comptes de Bourgogne
Nous vous conseillons de consulter le service des archives de la Côte d'Or ou les archives municipales de Dijon pour en savoir plus.
Quoi qu'il en soit, nous retrouvons l'emplacement de la chambre des comptes sur ce plan (voir lettre Y) datant de 1574 : Le vrai pourtraict de la ville de Dijon.
Pour aller plus loin :
- Histoire de Dijon / Pierre Gras, page 74
- L'organisation financière de la Bourgogne sous Philippe le Hardi, et chartes de l'abbaye de Saint-Etienne de Dijon de 1280 à 1285 : thèse pour le doctorat.... / par Paul Riandey
Bonne journée.