Comment consulter ce rapport Varin sur l'approvisionnement des industries ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je suis à la recherche du rapport Varin sur "la sécurisation de l’approvisionnement de l’industrie en matière premières minérales."
je n'arrive pas à le trouver.
Pouvez-vous m'aider dans mes recherches ?
Bien cordialement.
Réponse du Guichet

Le rapport de M. Varin a été présenté aux ministres mais son contenu n'a pas été divulgué publiquement car considéré comme sensible.
Bonjour,
Vous n'arrivez pas à trouver ce rapport car son contenu n’a pas été entièrement divulgué. "Le Gouvernement en a présenté les principales recommandations dès sa remise, à savoir la sécurisation des approvisionnements en métaux, la relocalisation des circuits primaires de fabrication, la promotion au niveau européen d’une norme de « mine responsable » dans la taxonomie applicable ainsi que la réforme de la gouvernance au niveau national, avec la création d’un délégué interministériel à la sécurisation de l’approvisionnement en métaux stratégiques." (source : Avis présenté au nom de la commission des affaires économiques sur le projet de loi de finances pour 2023 (n° 273) tome X investir pour la France de 2030 par M. ALEXIS IZARD).
Voici une présentation de la demande et des conclusions :
En septembre 2021, Barbara Pompili et Agnès Pannier-Runacher ont confié à Philippe Varin, ancien président de France Industrie, une mission sur la sécurisation de l’approvisionnement de l’industrie en matière premières minérales, avec trois objectifs :
- Evaluer avec les industriels le niveau de sécurité des approvisionnements en métaux ;
- Préciser leurs besoins ;
- Proposer une organisation du travail des acteurs privés et publics pour améliorer la résilience aux métaux critiques des chaines de production.
Ces travaux se sont prioritairement axés sur les métaux des batteries (nickel, cobalt, lithium) et des aimants permanents (terres rares), particulièrement critiques pour l’électromobilité et pour les nouvelles
énergies.
A l’occasion d’une réunion rassemblant les filières amont et aval des batteries et des aimants permanents, Philippe Varin a remis les conclusions de sa mission aux ministres, qui ont salué la qualité du travail mené et des actions proposées, ainsi que l’ampleur de la concertation réalisée.
Dans le cadre de cette mission, Philippe Varin s’est appuyé sur les contributions des comités stratégiques de filières Automobile, Nouveaux systèmes énergétiques et Mines et Métallurgie, ainsi que des responsables d’institutions scientifiques (BRGM, CNRS, CEA) et de nombreuses personnalités qualifiées. L’implication des dirigeants des principales entreprises concernées a été une contribution essentielle à la mission.
Le Gouvernement retient les axes stratégiques suivants :
- Dans une démarche commune public/privé, lancement des travaux préparatoires à la constitution d’un fonds d’investissement dans les métaux stratégiques pour la transition énergétique. L’objectif de ce fonds sera de contribuer à la sécurisation des approvisionnements des industriels français et européens, par des prises de participation et la mise en place de contrats d’approvisionnements de long terme, aux côtés d’opérateurs industriels, dans l’amont de la chaîne de valeur de la transition énergétique (mines, raffinage, première transformation, recyclage) avec, comme première priorité, l’amont de la mobilité électrique.
- Constitution, auprès du BRGM et en lien étroit avec le Comité stratégique de la Filière Mines et Métallurgies, d’un observatoire des métaux critiques, rassemblant les moyens correspondants des industriels et des administrations.
- Nomination d’un délégué interministériel à la sécurisation de l’approvisionnement en métaux stratégiques coordonnant les actions des administrations dans la mise en œuvre des décisions prises, en y associant étroitement les industriels.
- Elaboration, dans le cadre de la stratégie d’accélération dédiée aux batteries et sous le pilotage conjoint du CEA et du CNRS, d’une feuille de route technologique partagée entre les industriels et la recherche publique relative aux métaux des prochaines générations de batteries.
- Traduction dans une norme ou un label, certifiable, du concept de « mine responsable », en lien avec le règlement batteries en cours d’examen au niveau européen.
La mission a également permis de renforcer les dynamiques des écosystèmes locaux pour les implantations industrielles relatives aux stades intermédiaires de valeur ajoutée (raffinage, composants de batteries, recyclage). Le gouvernement soutient les initiatives prises à l’échelon territorial et par les industriels, pour la constitution de plateformes industriellement et écologiquement efficaces, notamment à Dunkerque sur les métaux de batteries et à Lacq pour les aimants permanents.
L'article du journal Sud Ouest intitulé "Énergie : « Les besoins en métaux sont énormes »" explique :
Quels sont les moteurs de la prise de conscience ?D'abord l'urgence : les besoins sont énormes. Le CNRS explique que dans les trente ans qui viennent, il va falloir extraire de la croûte terrestre autant de métaux que depuis le début de l'histoire de l'humanité. Et la Chine ayant pris beaucoup d'avance, elle est incontournable sur la quasi-totalité des métaux nécessaires à la transition énergétique. Soit parce qu'elle les produit, comme les terres rares (NDLR : un groupe de 17 métaux distincts aux propriétés similaires), soit parce qu'elle les raffine, comme le lithium, le cobalt ou le nickel. Notre dépendance est absolue. [...]
Rhône-Poulenc - aujourd'hui Solvay - était n° 1 mondial du raffinage des terres rares il y a quarante ans avec son usine de La Rochelle. Pourquoi la Chine est-elle devenue dominante ?
Le traitement de ces minerais est assez polluant. La Chine était moins regardante sur les normes environnementales. Et il y a un sujet économique. Il est très difficile de concurrencer les Chinois sur les coûts de production dans la plupart des secteurs industriels.
Pour quelles activités industrielles aura-t-on le plus besoin des métaux ?
La transition énergétique consiste à transformer notre dépendance aux énergies fossiles en dépendance aux métaux. Pour une raison simple : contrairement à ce que nombre de personnes évoquent, on ne sait pas faire d'électricité avec du vent ou avec du soleil. On sait la produire avec un transformateur qui convertit l'énergie du vent ou du soleil. Et ce transformateur, il est essentiellement composé de métaux. Les biens que l'on multiplie pour passer à une économie bas carbone sont extrêmement consommateurs de métaux : les éoliennes, les panneaux solaires, les voitures électriques, le réseau électrique, la filière de l'hydrogène propre, les chargeurs de batteries...
Une éolienne - ce sont les chiffres de la Commission européenne - requiert entre 950 kilos et cinq tonnes de cuivre selon sa taille. Une voiture électrique consomme quatre fois plus de cuivre et six fois plus de métaux critiques qu'une voiture thermique classique.
Les ressources de la croûte terrestre sont-elles suffisantes ?
La taille du « réservoir Terre » est suffisante pour réussir la transition mais la taille du robinet pose problème. Toute la question consiste à savoir si on va parvenir à extraire ces métaux à un rythme rapide, compatible avec celui de la transition énergétique. On rappelle dans le livre qu'en moyenne dans le monde, il faut dix-sept ans pour ouvrir une nouvelle mine de cuivre. Ce qui nous emmène en 2040 pour les décisions que l'on prend aujourd'hui. Ce à quoi il faut ajouter les délais de réalisation des projets d'énergie renouvelable. Un parc photovoltaïque ou un parc éolien à terre, c'est cinq à sept ans. Un parc éolien en mer, c'est onze ans tout compris. Par ailleurs, on a tendance à oublier un paramètre important : le développement du réseau électrique qui permet le raccordement de ces parcs. Aux États-Unis, l'an passé, les parcs solaires et éoliens qui ont été raccordés au réseau avaient été finis en 2017... La situation est moins détériorée en France mais on a quand même des délais de connexion notables pour les nouveaux équipements.
Dans les trente ans qui viennent, il va falloir extraire autant de métaux que depuis le début de l'histoire de l'humanité » En France, le passé minier et son héritage rendent très difficile l'ouverture de nouveaux sites d'extraction.
[...]
Ce rapport n'a pas été divulgué parce qu'il est considéré comme sensible. Mais on sait que l'auteur y explique que le monde de demain sera sans carbone mais pas sans métaux. La dépendance de l'Europe vis-à-vis de l'extérieur atteint 90 % sur ce registre, et celle de la France presque 100 %. Effectivement, il va falloir faire beaucoup de pédagogie pour passer à l'action. Les ambitions de l'Union européenne sont élevées. Elle prévoit que 45 % des métaux consommés sur le continent y seront raffinés à l'horizon 2030. Le temps presse.
Quelques livres sur le sujet :
- Métaux, le nouvel or noir / Emmanuel Hache, Benjamin Louvet
- Homo energeticus : pour une transition bas carbone / Stéphane Sarrade
- Révolution énergétique : solutions pour un avenir vraiment durable / Dr Erwan Saouter
- Les métaux rares : opportunité ou menace ? : enjeux et perspectives associés à la transition énergétique / Florian Fizaine
Bonne journée.