Quel est le premier artiste noir dont les oeuvres ont été achetées par un musée ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'aimerais, s'il vous plait, savoir qui est le premier artiste noir a avoir eu une œuvre achetée par un musée aux USA et en France (ainsi que l'année et l’œuvre).
Si le premier artiste noir a avoir eu une œuvre achetée par un musée ne l'a été ni par un musée Américain ni Français, j'aimerais également savoir qui est l'artiste (et idem, le musée, l'année et l’œuvre).
Merci infiniment car je n'arrive pas à trouver ces informations
Cordialement
Réponse du Guichet
Nous pouvons citer diverses personnalités dont Henry Ossawa Tanner.
Bonjour,
Nous manquons cruellement de documentation concernant ce sujet et ne pourrons donc pas être affirmative sur la notion de « premier ». Henry Ossawa Tanner, peintre afro-américain s’étant installé en France en 1891 semble être le premier artiste « noir » ayant été reconnu par l’État français.
Ainsi, en 1897, le gouvernement français achète sa peinture, La résurrection de Lazare, exposée alors au Salon de Paris et actuellement dans les collections du musée d’Orsay. Ce musée possède d’ailleurs une autre peinture, Les pèlerins d’Emmaüs, acquis en 1906 par l’État.
Sur cet artiste, nous vous laissons aussi parcourir la notice publiée sur americanart.
Nous pourrions aussi mentionner Jacob Lawrence qui, en 1942, alors que la ségrégation bat son plein, devient le premier artiste afro-américain dont les œuvres sont acquises par le Musée d'art moderne (MOMA).
Nous devons également évoquer William « Bill » Traylor , artiste autodidacte afro-américain du comté de Lowndes en Alabama. La notice publiée sur Wikipedia indique :
Né esclave, Traylor fut métayer pendant la plus grande partie de sa vie après la proclamation d'émancipation. Ce n'est qu'après 1939, après son déménagement à Montgomery, en Alabama, que Traylor a commencé à dessiner. À 85 ans, il utilisa un crayon et un morceau de carton pour documenter ses souvenirs et ses observations. De 1939 à 1942, alors qu'il travaillait sur les trottoirs de Montgomery, Traylor a produit près de 1.500 œuvres d'art.
Alors que les œuvres de Traylor furent exposés publiquement pour la première fois en 1940, ce n'est qu'à la fin des années 1970, trente ans après sa mort, que son travail a commencé à recevoir une attention plus large.
(…)
En juin 1939, Charles Shannon, un jeune artiste blanc, a d'abord remarqué Traylor et son talent naissant. Intrigué, Shannon a commencé à s'arrêter à plusieurs reprises dans le pâté de maisons de Traylor pour l'observer travailler. Shannon a ensuite remarqué la progression du travail de Traylor. "Il a travaillé régulièrement dans les jours qui ont suivi et il est rapidement devenu évident que quelque chose de remarquable se passait: ses sujets sont devenus plus complexes, ses formes plus fortes et le rythme intérieur de son travail a commencé à s'affirmer." 5
Peu de temps après cette rencontre, Shannon a commencé à fournir à Traylor de la peinture, des pinceaux et du papier à dessin. Ils se sont rapidement liés d'amitié. En février 1940, New South, un centre culturel que Shannon a fondé, a lancé l'exposition «Bill Traylor: People's Artist». Elle comprenait une centaine de dessins de Traylor. Néanmoins, malgré de nombreuses mentions dans les journaux locaux, aucune des œuvres de Traylor n'a été vendue. L'exposition, cependant, reste remarquable. Ce fut la seule que Traylor eu l'occasion de connaître.En 1942, Traylor a fait ses débuts à New York. Du 5 au 19 janvier, l'Ethical Culture Fieldston School de Riverdale, dans l'État de New York a accueilli l'exposition "Bill Traylor: American Primitive (Work of an old Negro)". Victor E. D'Amico, alors directeur de l'éducation au Musée d'art moderne, a organisé l'exposition. Néanmoins, alors que l'exposition a présenté le travail de Traylor à la communauté artistique de New York, elle n'a pas abouti à l'achat d'œuvres de Traylor par un musée. Alfred Barr, le directeur du MoMA, a notamment proposé d'acheter plusieurs dessins pour la collection du musée, ainsi que sa propre collection personnelle. Cependant, après qu'il n'ait offert qu'un ou deux dollars pour chaque œuvre de Traylor, l'accord est rapidement tombé à l'eau.
L’article "Black Artists and the March Into the Museum" publié dans The New York Times évoque d'autres noms dont Romare Bearden tout comme l'exposition African American Art in the 20th Century au Smithsonian American Art Museum .
Pour en savoir plus, il faudrait pouvoir consulter les ouvrages suivants, que nous ne possédons pas :
The Color Line. Les artistes africains-américains et la ségrégation, 1865-2016 / sous la direction de Daniel Soutif, 2016.
Black artists in America : from civil rights to the bicentennial / [text by] Celeste-Marie Bernier, Earnestine Lovelle Jenkins, Alaina Simone, 2023.
Black art : a cultural history / Richard J. Powell, 2002.
The Soul of a nation reader : writings by and about Black American artists,1960-1980 / edited by Mark Godfrey, Allie Biswas, 2021.
Enfin, vous pourriez être intéressé par l'article "Artistes afro-américaines dans les collections publiques françaises : acquisitions des années 1970 à nos jours" de Kelly-Christina Grant (2022).
Bonne journée,