Pouvez-vous me donner des informations sur une ancienne nécropole à Givors ?
Question d'origine :
Bonjour,
Dans le livre "Dictionnaire des rues et sites locaux de Givors" édition : Messidor, je trouve un article sur "maison blanche", un quartier de Givors. Il y est stipulé qu'à cet endroit se trouve la nécropole familiale de la famille Monroë. Après plusieurs visites là-bas, je ne trouve pas cette nécropole. Pouvez-vous m'en dire plus? Ou publier une photo ?
Merci d'avance.
Réponse du Guichet
Les Monroë possédaient bien une propriété au tournant du XVIIIe et XIXe siècle au lieu-dit la Maison-Blanche, et donc peut-être une nécropole familiale puisque cela était autorisée à l'époque, mais il nous parait douteux que si c'est bien le cas, ce cimetière existe encore.
Bonjour,
Derrière le bâtiment de la Maison-Blanche, on rencontre le cimetière particulier de la famille Monroë. Onze pierres tombales, taillées en forme de croix, recouvrent les défunts. Les nécropoles familiales sont très rares en France. Il est interdit d'en créer de nouvelles depuis 1802.
source : Dictionnaire des rues et sites locaux de Givors, p.110
Le passage que vous citez dans l'ouvrage le Dictionnaire des rues et sites locaux de Givors laisse l'impression qu'il existerait un bâtiment qui porterait le nom de Maison-blanche.
Or le lieu-dit La Maison Blanche tient son nom d'une forteresse qui y était établie au XIVe siècle, semble-t-il. Car on trouve peu de trace de cette place forte dans la littérature sur Givors. Dans la Grande encyclopédie de Lyon et des communes du Rhône (1980, p.162), on peut néanmoins lire :
Les barons de Montagny, co-seigneurs de Givors
Tout permet de penser que ce furent les barons de Montagny qui édifièrent le premier château de Givors. En effet, outre que Givors faisait partie du « mandement » de Montagny, il n’y avait pas alors à Givors de famille noble qui aurait possédé tout ce fief comme vassal des Montagny. Outre ses droits de propriété sur le coteau Saint-Gérald et ses droits de juridiction sur la ville, la famille de Montagny possédait dans l’enclos même de Givors, à flanc de coteau, une maison fortifiée appelée la Maison-Blanche. Elle prétendait la posséder en franc-alleu. Au XIII et au XIVe siècles, Givors était encore régi par la « coutume » de Montagny. Lorsqu’en 1173, un accord conclu entre les comtes de Lyon et Forez et l'archevêque de Lyon fit passer le mandement de Montagny sous la suzeraineté directe et l’Église de Lyon, les barons virent leur toute puissance sur Givors diminuer. (Cf. sur l'organisation du Chapitre de Lyon l’article sur Givors). Suzerain du territoire de Givors, l’Église de Lyon y possédait des biens et certains droits seigneuriaux. Son but fut alors de les acquérir tous. Givors était devenu bien ecclésiastique.
Jusqu'à sa mort (1226), l’archevêque Renaud de Forez s’efforça d'accroître les biens ecclésiastiques à Givors : il racheta des droits, des bâtiments, des terres, des vignes, des jardins, etc. Enfin il acheta le mamelon rocheux qui portait le premier château. Dès lors qu'il était propriétaire du château et des trois-quarts des droits seigneuriaux de Givors, seuls les barons de Montagny s’opposaient encore au Chapitre, et cela lui portait ombrage.
«Ce fut la rencontre du pot de terre et du pot de fer », comme le dit E. Abeille. Seigneur religieux et seigneur laïque étaient perpétuellement en contestation sur leurs droits réciproques. Ainsi par exemple, les fortifications de la Maison Blanche déplaisaient au Chapitre, de même que le fier baron Guichard de Montagny se refusait à faire foi et hommage pour elle, qu’il tenait pour « franc-alleu ». Le Chapitre fit procéder au démantèlement des fortifications de la Maison Blanche. Guichard plaida sa cause devant l’archevêque Philippe de Savoie, il fut dédommagé pour le démantèlement de son château, ses droits reconnus, mais il fut débouté et dut faire hommage pour la Maison Blanche. Une fois de plus le Chapitre obtenait l’abaissement de la puissance des barons à Givors, au profit de sa suzeraineté.
On peut facilement imaginer que de la place forte elle-même, il ne restait plus rien au XVIIIe siècle.
A cette époque pourtant, The Monroes in France (1908) qui, comme le laisse à deviner son titre, établie la généalogie de la branche de la famille Monroe exilée en France, signale bien le décès de plusieurs membres de cette famille au tout début du XIXe, à la Maison-Blanche près de Givors :
Ve Claude-Charles-Roe MONROE , naquit à Damblain le 20 Janvier , 1732 . Il épousa à Lyon le 11 Septembre , 1769 , Claudine Tourteau , de la famille de Septeuil et d'Orvilliers . Il mourut à la Maison-Blanche , près de Givors , le 1 Mars , 1801
Claudine-Victoire Monroe, née à Lyon le 14 septembre 1789 et morte le 1er novembre 1804 à la Maison-Blanche, près de Givors.
La famille Monroë possédait donc bien une propriété sur ce lieu-dit. La maison existe-t-elle encore ? Ce n'est pas sûre, en tout cas les vues satellites de l'endroit ne laissent pas deviner de grande demeure bourgeoise datant de cette époque... Nous n'avons par ailleurs pas trouvé de mention de cette famille dans Histoire de Givors.
Pour en revenir à l'extrait du Dictionnaire (dont la publication date de 1992), contrairement à ce que son auteur parait avancer, la Maison-Blanche n'est pas un bâtiment derrière lequel il faudrait chercher la nécropole, mais un lieu-dit. Le bâtiment auquel il est fait référence devait être la maison bourgeoise habitée par les Monroë qui existait au début du XIXe siècle. Je soupçonne que le texte est repris d'un vieil article, car la route de la Croix-Régis n'existe plus à proximité (il doit aujourd'hui s'agir de la route neuve, car cette route rejoint la route Croix-Régis qui part des Échalas). Si la maison n'existe plus, la nécropole a-t-elle pu lui survivre ? On en doute un peu.
Les photos satellites aériennes ne permettent pas de remonter avant les années 1950. Le site Remonter le temps d'IGN offre cependant la possibilité d'observer les lieux au milieu du siècle dernier :
On distingue sur cette photo ce qui semble être le vestige d'un mur d'enceinte et une étrange parcelle apparaissant blanche sur le cliché, planté d'arbres (ou couvert d'objets érigées), se distinguant des champs cultivés qu'on aperçoit alentour.
Sur les photos actuelles, ces vestiges ont plus ou moins disparus :
Bien qu'en zoomant, on en devine encore quelques restes sur cette mystérieuse parcelle, qui paraissait enceinte d'un mur qu'on perçoit encore :
Ce pourrait-il que ce soit la nécropole (ce qu'il en reste en tout cas) qu'on observe ici ? Ce ne sont que des conjectures, mais il faudra s'en contenter pour l'instant car nos recherches sont restés muettes sur la survivance de ce cimetière familial.
En tout cas, si, au gré de vos explorations, vous trébuchiez sur les vestiges de cette nécropole, n'hésitez pas à apporter des précisions en commentaire de cette question.
Bonne journée,
DANS NOS COLLECTIONS :
Ça pourrait vous intéresser :
Que devons-nous faire de cette machoire ?
L’outre-mer et la France : histoire d’une “gouvernementalité...