Quelles sont les influences artistico-architecturales de la façade d'Ainay ?
Question d'origine :
ma question porte sur la Basilique d'Ainay ; pouvez-vous m'aider à savoir les influences artistico-architecturales de sa façade , ainsi que l'analyse des motifs de la partie consacrée à Sainte Blandine ? pouvez-vous me conseiller 1 ou plus de lectures ?
merci, cdlt
Réponse du Guichet

L'église d'Ainay prend ses origines dans l'époque romane. Fortement restaurée, la basilique d'aujourd'hui cumule des marques du style néo-roman du XIXe siècle.
L’histoire de l’abbaye d’Ainay est relativement difficile à établir, ses archives ayant été en grande partie détruites. Elle occupe néanmoins une place importante dans le passé urbain et religieux lyonnais : c'est la seule église romane conservée dans son intégralité à Lyon et elle a fait l'objet d'une première étude complète par André Chagny en 1935, étude que vous pourrez consulter à la BmL : Une grande abbaye lyonnaise. La basilique Saint-Martin d'Ainay et ses annexes, Lyon-Paris, 1935.
L'église d'Ainay prend ses origines dans l'époque romane : il existe des indices de sa présence dès le Vème siècle, même si les certitudes ne démarrent qu'au IXème siècle, époque carolingienne. Fortement restaurée, l'église devenue basilique porte aujourd'hui les marques du style néo-roman propre aux restaurations des années 1850.
La façade de Saint-Martin d'Ainay résulte de différentes périodes. L'état d'avant les restaurations du XIXème siècle est relativement bien documenté par des gravures : "grâce à l'iconographie, on peut affirmer que le clocher-porche avait bien la même silhouette que maintenant avec son décor de damiers de briques dans le tableau intérieur des ouvertures aveugles du premier étage ou aux archivoltes des fenêtres du deuxième étage." L'ensemble des éléments est décrit par Jean-François Reynaud dans le catalogue publié à l'occasion d'une exposition au musée Gadagne en 1997 référencé ci-dessous (pages 46 et suivantes).
Quant à la chapelle Sainte-Blandine, elle "est considérée comme l'édifice le plus ancien d'Ainay, d'abord par son plan (une nef unique voûtée en berceau plein cintre qui repose sur des piliers ou dosserets appuyés contre les murs gouttereaux, un chœur carré), puis par son décor polychrome à l'extérieur, par ses chapiteaux à entrelacs du cul-de-four en demi-coupole du chœur et par son axe nettement oblique par rapport à celui de l'église Saint-Martin." (p. 41 et suivantes)
Jean-François Reynaud ne dénombre pas moins de 7 états importants pour l'église d'Ainay qu'il serait trop long de détailler ici. Nous vous invitons donc à lire ce catalogue publié à l'occasion d'une exposition au musée Gadagne : L'abbaye d'Ainay : légendes & histoire, Musée historique de Lyon, Hôtel Gadagne, 1997.
Voici néanmoins les conclusions de cet historien (p. 59) :
L'église romane d'Ainay existe donc bien et nous avons pu apprécier l'originalité de son architecture, dont les sources, qui se trouvent plutôt dans la France du centre, dans la Loire ou en Auvergne, font de Lyon un pôle de résistance au premier art roman lombard. Ses points forts sont incontestablement ses deux clochers. L'un et l’autre ont pu servir de prototypes : le clocher-porche surmonté de sa flèche basse et de ses pyramidons, seul exemplaire conservé à Lyon et dont on suit la trace à Notre-Dame de la Platière et à l'Ile-Barbe, la tour lanterne qui lui succède et qui est reproduite en nombreux exemplaires dans tout le Lyonnais. Si l'église abbatiale manque d'ampleur par rapport à celle de Tournus ou même d'Ambronay, son type attire l'attention. Nulle part ailleurs on ne trouve en France la juxtaposition de nefs "basilicales" à colonnades et couvertes d'une charpente et d'un chevet roman à transept court et coupole comme en Italie à l'abbaye du Mont-Cassin. Dans son premier état (troisième tiers du XIe siècle), la surface murale est agrémentée d'un décor de briques qui rappelle la Manécanterie (Lyon) mais aussi le Forez ou l'Auvergne. Dans son dernier état (premier tiers du XIIe siècle), l’architecture est associée à un décor de qualité. Passons sur la chapelle Sainte-Blandine trop reconstruite au XIXe siècle, de même que sur les murs goutterreaux des nefs de Saint-Martin, véritablement construits à neuf à la même époque. Quant à la chapelle Saint-Michel nouvellement restaurée, elle représente bien le dernier sursaut de l'art gothique trop peu représenté à Lyon. Mais la juxtaposition de ces quatre édifices est l'héritage d'un passé qui à chaque occasion nouvelle (apport de reliques, besoin d'un édifice plus caste ou mieux adapté à la liturgie) se dotait d’une nouvelle construction sans détruire l'ancienne.
L'église actuelle apparaît au visiteur dans un état néo-roman voulu par les architectes du XIXe siècle dans le souci très romantique de rétablir un édifice roman dégagé des apports plus récents et plus vrai que l'ancien avec ses voûtes en berceau sur la nef autrefois charpentée.
Nous vous conseillons également la lecture de :
- Une brochure synthétique, pour démarrer : La Basilique Saint Martin d'Ainay, 1999
- Un livre de photographies : L'âme romane de Lyon, Basilique Saint-Martin d'Ainay, textes de Jean-François Reynaud, photographies de Pierre Aubert, Groupe Esprit public, 1997
- L'étude historique, illustrée et assez complète : Lyon, l'église romane de Saint-Martin d'Ainay : de l'abbaye à la basilique, par Jean-François Reynaud, Paul-André Bryon, François Richard, Denyse Riche, Éditions lyonnaises d'art et d'histoire, Les amis de Saint-Martin d'Ainay, 2017
- Et enfin, l'étude universitaire sous la direction de Jean-François Reynaud et François Richard, actes d'un colloque de 2007 : L'abbaye d'Ainay, des origines au XIIe siècle, PUL, 2008
En espérant avoir répondu à vos interrogations, nous vous souhaitons de belles lectures !