Pourquoi ces solutions d'énergie renouvelable ne se développent pas plus rapidement ?

Bonjour, 

Effectivement en France, seuls la centrale de Bouillante en Guadeloupe et un système d'extraction de chaleur des roches expérimenté depuis 2000 à Rittershoffen en Alsace, produiraient de l'électricité géothermique de manière industrielle. Pourtant, EDF rappelle que plusieurs sites d'activité volcanique (dans le Massif central et à la Réunion par exemple) auraient le profil adéquat pour l'installation de centrales (La géothermie en chiffres, mise à jour aout 2024), ce qui interpelle lorsque l'on sait que seule 1% de la consommation de chaleur française proviendrait de cette énergie renouvelable en 2023 (Le Monde, 2023 - Energie : la géothermie suscite un regain d’intérêt en France). 

En ce sens un vaste plan d'action national a été enclenché en février 2023 pour augmenter d'ici 2030 de 40% le nombre de projets en géothermie profonde (Le Monde, 2023) et doubler le total de pompes à chaleur thermiques chez les particuliers en mettant en place de nouvelles aides gouvernementales pour investir ou remplacer ses équipements. En effet, le cout de ces dispositifs serait l'un des principaux freins à leur déploiement, elles exigent de lourds investissements au début, l'article du Monde évoquant des montants pouvant largement dépasser les 20 000 euros. 

Vous trouverez plus d'informations sur les avantages et inconvénients de l'énergie géothermique collective ou individuelle sur le site de GreenWatt, magazine des énergies : Chauffage géothermique : avantages et inconvénients. Selon celui-ci, les frais et la nature du terrain sur lequel sont engagés les travaux seraient les principaux obstacles à une généralisation de ces dispositifs. 

Concernant le "petit éolien", à savoir l'éolien domestique "micro" "petit" ou de "moyenne" taille, le site Connaissancedesénergies pointe du doigt plusieurs raisons à sa faible utilisation en France. Elles seraient principalement économiques et ne feraient pas l'objet d'un accompagnement suffisant par les pouvoirs publics  : 

Le prix d'une éolienne domestique varie très fortement selon les caractéristiques de l'installation : de l'ordre de quelques milliers d'euros à plusieurs dizaines de milliers d'euros dans la plupart des cas et selon les modèles. Le retour sur investissement lié à l'installation d'une éolienne est plus long que pour des installations solaires photovoltaïques (avec un investissement de départ plus important)⁽⁶⁾.

Selon Effy, « l'installation d'une éolienne d’une puissance de 5 kW représente en moyenne un investissement de 30 000 € contre 50 000 € pour une installation de 10 kW. Ce prix dépend aussi de la technologie employée par l’éolienne. Ainsi, avec des revenus générés par la revente de l’électricité produite n’excédant pas 1 000 € par an, votre équipement met plusieurs décennies à être amorti, ce qui n’est pas rentable du tout pour un particulier »⁽⁶⁾.

Un constat partagé par le réseau Tripalium, avec une nuance toutefois⁽⁷⁾ : « aujourd’hui, il est strictement impossible de gagner de l’argent avec une petite éolienne. Dans le cas d’un site isolé, avec des batteries, l’éolienne peut s’avérer rentable dans la mesure où elle se substitue à des solutions plus onéreuses : raccordement réseau, groupe électrogène... Mais en raccordant l’éolienne au réseau, les tarifs d’achat du kWh sont tellement bas que l’on ne parvient pas à amortir les coûts d’installation ». 

Constat de l'Ademe (agence de la transition écologique)

« Dans les conditions techniques et économiques actuelles, le petit éolien ne se justifie généralement pas en milieu urbain », considère l'Ademe. L'éolien domestique ne bénéficie en effet pas d'un tarif d'achat spécifique ou ne fait pas l'objet d'un crédit d'impôt. En outre, le vent est jugé « en milieu urbain et péri-urbain, en général trop faible ou trop turbulent pour une exploitation rentable ».

La situation est différente à la campagne : « le petit éolien peut répondre à une demande dans le milieu rural ou en zones non connectées au réseau, en particulier en autoconsommation dans les exploitations agricoles », avec une meilleure ressource en vent, juge l'Ademe⁽⁸⁾.

Nous en profitons pour joindre les études cités en notes de bas de page : Éolienne domestique : une énergie renouvelable qui divise, Avis de l'Ademe sur l'énergie éolienne (2022) et Le petit éolien, EDF (2024)

Les panneaux photovoltaïques afficheraient eux aussi des couts plus élevés que dans d'autres pays européens, comme le remarque le site Aquitaineonline qui compare la vitalité du marché français à son voisin espagnol. Les équipements et les couts d'installation sont plus élevés en France, à quoi s'ajouteraient d'autres frais dus à la complexité administrative et réglementaire du pays. Pour creuser la question, nous ne pouvons que vous encourager à lire cette étude collaborative disponible sur HAL : Politiques de financement de la transition écologique et énergétique dans les régions : obstacles à la mise en œuvre et pistes d’amélioration. 

Concernant enfin le système du puits canadien (ou puits provençal ou puits climatique), un article du Monde datant de 2019 présentait les avantages et les inconvénients de ce système de ventilation géothermique. Écologique, confortable en été comme en hiver et bénéfique sur vos factures énergétiques, il présenterait lui aussi certains inconvénients qui empêcherait sa généralisation : 

• Son prix élevé : si le puits canadien est économique à l’usage, son installation coûte cher, car elle nécessite d’importants travaux. Il est conseillé de prévoir ce dispositif en même temps que la construction de la maison pour faire quelques économies et pour que sa mise en place soit plus pratique. Comptez au minimum 2 000 euros pour son installation et ajoutez les frais de terrassement.

• Un accès et un entretien difficiles : les gaines extérieures sont situées 1 à 2 mètres sous le sol, ce qui ne facilite pas l’accès en cas de besoin. Or, malgré le fait que la grille et le filtre équipent la borne de prise d’air, il n’est pas rare que des feuilles mortes, des insectes et des rongeurs pénètrent dans la tuyauterie. Or, le regard de visite ne permet pas de les éliminer.

• Un dispositif qui nécessite une grande compétence : l’installation de votre puits canadien ne peut être confiée à n’importe qui. Il est essentiel que son montage soit effectué par un professionnel qualifié, compétent, expérimenté et bien équipé, car ce système nécessite une pente douce, mais réelle. Si celle-ci n’est pas respectée, vous vous exposez à des risques d’humidité stagnante, à une dégradation prématurée de vos tuyaux et à des émanations de gaz radon.

• Le puits canadien doit être prévu dès la construction de l’habitation : la nécessité de poser une ventilation à double flux nécessite une planification dès la conception de la future maison. Ce système ne peut donc pas se rajouter à loisir.

• Un système non éligible au crédit d’impôt : en effet, le puits canadien ne fait pas partie des dispositifs éligibles au crédit d’impôt 2019. Il ne vous sera donc pas possible de bénéficier d’un avantage fiscal sur son prix. (Encore en 2024,les modalités d'accès à MaprimeRenov excluent les puits canadiens.)

Enfin, nous ne pouvons que rappeler la dépendance historique de la France à son puissant parc nucléaire qui reste en 2024 encore, la principale source d'électricité dans le pays : Le parc nucléaire français regagne en puissance et éloigne le spectre des coupures d’électricité (Le Monde, 2023). 

Pour aller plus loin : Comment nous devons transformer radicalement notre système énergétique (2023 - Le Monde). Pour rappel, les articles que nous citons sont disponibles depuis chez vous grâce aux services Europresse et Cafeyn compris dans votre abonnement BmL. 

Bonne journée,