Où trouver une liste des prisonniers de guerre en Norvège pendant la 2ème guerre mondiale ?
Question d'origine :
Bonjjour
mon père a été transféré en Norvege comme prisonnier(2é guerre mondiale)kdo 1638 en 1943
organisation TODT WIKING à SRAVANGER
Aurriez vous la liste des prisonniers en norvege,et l affectation des kdo ds les usines
merci
Question d'origine :
Bonjour
Mon père a été en 1943 dans les camp de prisonniers en Norvege5 KDO 1638 (wiking) à STAVANGER
pourriez vous me dire sil existe des recencement de prisonniers et le lieuexacte ou il était affectés pour les travaux
Cordialement
Réponse du Guichet
Souvent compliqué pour l'Allemagne, il vous sera difficile d'obtenir une liste précise des déportés du STO en Norvège... Nous vous donnons toutefois quelques éléments de contexte et des pistes pour glaner des informations sur votre père et ses compagnons d'infortune à Stavanger.
Bonjour,
Sur les 600 à 650 000 individus réquisitionnés par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale dans le cadre du Service du travail obligatoire (STO), seule une petite minorité de travailleurs français a été mutée en dehors des frontières du Reich pour participer à l'effort de guerre en Europe occupée. Leur sort est peu connu et moins documenté mais nous savons que plusieurs milliers d'entre eux furent déportés en Autriche, en Tchécoslovaquie, en Pologne où encore en... Norvège à partir de 1943.
En 2021, une question nous a déjà été posée sur les travailleurs du STO en Norvège. Citant l'un des ouvrages de référence sur la mémoire du STO (Les STO : histoire des Français requis en Allemagne nazie, 1942-1945 de Patrice Arnaud, CNRS, 2010), nous apportions quelques éléments de contexte sur la répartition territoriale de ces travailleurs forcés en Europe :
« d’autres Français sont envoyés hors du territoire allemand, dans les Balkans, voire […] en Italie […]. On pourrait estimer leur nombre à environ 15000 requis. Le plus gros contingent, trois mille Français, travaille en Norvège pour l’Organisation Todt. Près de 650 furent affectés à des travaux de terrassement de douze heures à 70° de latitude nord, à 100 km au sud-ouest de Narvik, dans une région où la neige tombe à partir du 20 août, tandis que la température descend souvent sous – 25° ».
L'organisation Todt était un groupe de génie civil du Troisième Reich en charge des grands travaux civils et militaires en Allemagne et en Europe pendant la période du conflit. La trajectoire de votre père s'inscrit donc dans ces projets de construction en Norvège occupée. Un article de l'Association nationale pour la mémoire du travail forcé (ANMTF) en précise les modalités (Pas seulement en Allemagne, 2022) et cite Stavanger, au sud du pays dans la région des fjords, comme l'une des principales destinations de ces forçats :
Il y eut 4.000 déportés du travail français en Norvège. Arrivés et regroupés dans deux camps à Stettin, début avril 1943, ils furent alors affectés aux terrassements et déblaiements après les bombardements. Puis un peu plus tard, plus de 3.000 d’entre eux, le 10 mai, et quelques centaines, le 10 juin, quittent ce port pour les destinations respectives de Stavanger et de Bergen dans le sud norvégien.
Certains forums, dont nous ne pouvons assurer ni vérifier l'exactitude des informations apportent des informations supplémentaires sur les missions de ces travailleurs et leurs conditions de vie en Norvège. Autour de la région des fjords, la société AS Nordag aurait exploité des Français afin de construire une usine d’aluminium :
L'AS Nordag, société de droit Norvégien, était une filiale de la Nordische Aluminium AG, elle même une société dépendant de l'armée de l'air allemande (Luftwaffe). Le rôle de cette société était de construire une usine d'aluminium dans la région des Fjords pour exploiter l'aluminium norvégien. En effet cet aluminium avait une importance stratégique considérable pour la Luftwaffe qui en avait grand besoin pour la construction d'avions de guerre.
Les STO affectés à la construction de l'AS Nordag étaient avant tout Norvégiens (La Norvège est d'ailleurs le premier pays où les Allemands ont réquisitionné la main d'œuvre). Les travailleurs français étaient semble-t-il des STO transférés d'Allemagne pour des raisons disciplinaires.
Les conditions de vie pour les STO de l'AS Nordag étaient très dures : les baraquements sont décrits comme des camps entourés de barbelés, les travailleurs devaient subir les bombardements incessants de RAF (d'ailleurs l'usine ne fut jamais terminée pour les Allemands : sa construction a été achevée après la guerre), et le travail en lui même était très pénible.
Source : Les travailleurs S.T.O en Norvège - 2postalhistory.
Vous trouverez ici également l'histoire des mouvements de résistance qui se sont organisés au sein du STO norvégien : Actions résistantes en Norvège (ANMTF, 2023).
Les Archives nationales ont conçu un guide d'aide à la recherche spécialisé sur la main d’œuvre française exploitée par le STO. Celui-ci indique que les documents nominatifs sont rares au sein des fonds en question, mais appelle à se tourner vers le Bureau des archives des victimes des conflits contemporains à Caen pour toutes recherches individuelles.
L'ANMTF partage également ses recommandations pour faire vos propres recherches : Quels organismes contacter pour retrouver la trace d’un STO ?. Vous pourriez vous tourner vers les services départementaux de l’Office national des combattants et des victimes de guerre rattachés aux préfectures. Ils donnent aussi des conseils pour lancer une recherche sur le site des Archives Arolsen, centre de données consacré aux victimes des persécutions nazies. Mais le site précise : "Vous recherchez la trace, perdue, de votre Père, Gd Père, etc…. Il n’existe pas de listes rassemblant les noms des 600 000 Français victimes en 1942, 1943, 1944 de la déportation pour le travail forcé en Allemagne nazie."
Il serait aussi possible de passer directement par les archives municipales des villes dans lesquelles les travailleurs ont été logés, mais la tâche se complique lorsqu'il s'agit de la Norvège...Contactez l'ANMTF, ils vous donneront probablement des conseils pour peut-être glaner ici et là des informations sur le STO en Norvège, votre père et ses compagnons d'infortune.
Enfin, nous ne pouvons que vous recommander la lecture de cette réponse rédigée par le département Civilisation de la BmL le mois dernier qui vous donne d'autres pistes à explorer : Où rechercher des traces de mon grand-père ancien déporté STO ?
Bonnes recherches,