Je recherche des informations sur un ruisseau cité par Claude Le Laboureur
Question d'origine :
Bonjour,
Claude le Laboureur dans son ouvrage "Les Masures de l'île Barbe" (Tome I) évoque notamment la famille de Montdor. Pour l’année 1250, il s’attarde essentiellement sur quatre Montdor qui portèrent la « foy » de Pierre, l’abbé de l’Ile-Barbe, « de ce qu’ils tenoient de son Eglise depuis le ruisseu de Tarenceu iusques à la Saône. » Mes recherches pour découvrir le « ruisseu » ou ruisseau de « Tarenceu sont restées vaines jusqu’à ce jour. Peut-être pourrez-vous localiser ce cours d’eau. D’avance merci pour votre réponse.
Réponse du Guichet

Le ruisseau est aujourd'hui souterrain. Son lit occupait l'emplacement de l'actuelle rue Gayet à Collonges-au-Mont-d'Or.
Bonjour,
On trouve dans la Revue du Lyonnais, l'attestation de l'existence du ruisseau, les origines de son nom, et même son emplacement, ce qui répond à votre question.
FONTAINE DE MONTGELA ou TARENCEU : La source ou ruisseau de Montgela (mont gelé), aujourd'hui coulant sous terre, formait jadis un petit torrent descendant du haut de Colonges jusqu à la Saône. Ce ruisseau s'appelait au moyen-âge Tarenceu, corruption de torrenceu (torrentueux), torrent-iac-us a donné talanciaco pour taranciaco en l'an 990 (cart. d Ainay ch. 38).
[...]
En 1002, nous retrouvons notre Tarenceu dans une charte où il est dit: « Au nom de Dieu moi, Adalburne, et ma femme Sulpicie, pour le salut de nos âmes et celles de nos parents, pour mériter que par l'intercession du bienheureux Martin, confesseur du Christ, nous soyons délivrés des flammes de l'enfer, nous donnons de notre bien, savoir: Une vigne et un champ de terre arable situés dans le pays lyonnais canton du Mont-d'Or, ces biens ne sont pas compris dans la même villa. La vigne est située dans la villa qui est appelée talenci acus. Elle est bornée au matin par la terre d'Ariod, au midi par la terre de Saint- Pierre et Saint Martin d'Ainay, ainsi que par la terre de Saint-Martin de l'Ile Barbe, au soir par la terre de Saint-Etienne, église de Lyon, au nord par la terre de Fréold. Les signataires de l'acte sont Rencon, prévôt Foucher, doyen Gondulfe, recteur Rablan, précenteur de l'abbaye d'Ainay et de Amaldric Ebrard Arnald et Umbert (Cart. d'Ainay ch. 32). Tarenceu est encore rappelé dans la charte de Colonges de l'an 1004 in villa scilicet de Sancto Cirico (Saint-Cyr), et in Colonias (Colonges), et in Talentiaco (Tarenceu). On sait combien la mutation de l en r est fréquente dans notre langage.
Enfin nous retrouvons Tarenceu dans des actes d'hommages faits par les seigneurs du Mont-d'Or à l'abbaye de l'Ile Barbe.
1247 - Berlion de Mont d'Or, chevalier, et ses frères Hugues Raynaud Guillaume et Guyonnet, damoiseau, font foi et hommage à l'abbé de l'Ile Barbe de ce qu'ils tenaient de son église depuis le ruiseau de Tarenceu jusqu à la Saône (Le Laboureur, Mazures, t. 1 p. 166).
1254 - Guy de Mont d'Or, fils de Raynaud, fait hommage à l'abbé Pierre de l'Ile Barbe de ce qu'il possédait au Mont d'Or depuis le ruisseau de Tarenceu et des deux côtés de la Saône vers Fontaine et Vimics aujourd'hui Neuville (Mazures, t.1 p. 168).
1272 - Guillaume de Mont d'Or, damoiseau fait hommage à Girin de Sartines, abbé de l'Ile Barbe, de tout ce qu il tenait à Saint Cyr et à Colonges, depuis ce même ruisseau de Tarenceu jusqu à la Saône (Mazures, id.). Il est assez remarquable que la rue Gayet nommée jadis charrière Gayet, qui était le lit de l'ancien Tarenceu, ou Montgela, partage encore les communes de Saint-Cyr et de Colonges. Nous n'avons pu trouver l'époque du changement du nom de Tarenceu en celui de Mont gelé. Nous savons cependant qu'en 1559, il existait un territoire de Montgela avec la fontaine (Testaments, vol. XIII, Arch. de Lyon).
source : Revue du Lyonnais, 1873, p. 448 : Collonges au Mont d'Or, étude topographique, étymologique et historique
Complément(s) de réponse

Quelques précisions tirées de l'ouvrage Saint-Cyr et les Monts-d'Or :
Cette charriére [Gayet] présente cette particularité qu'elle est le lit du torrent de TARENCEU (Tarentiacum), souvent cité dans les vieilles chartes. Ce ruisseau est l’écoulement de la source de Montgelas, qui sourd au-dessus de l’église du Vieux-Collonges, à flanc de coteau du Mont Cindre. Sous les Romains, cette source était vénérée et un temple dédié à Apollon y avait été construit. Des débris de marbre y ont été trouvés et saint Clair, patron de la vieille église, a toujours été le successeur chrétien de l’Apollon du paganisme. Des quantités de poteries anciennes y ont été aussi retrouvées.
Le torrent n’existe plus ; il a été canalisé mais, en cas de pluies abondantes, la rue Gayet laisse écouler souvent un vrai ruisseau. DEBOMBOURG dit qu'il est remarquable que la Charriére partage encore, après plus de mille ans, les communes de Saint-Cyr et de Collonges.
Source : Saint-Cyr et les Monts d'Or, 1977, p.39
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