Pouvez m'expliquer l’œuvre Extase de Ernest Pignon-Ernest ?
Question d'origine :
Bonjour,
pouvez m'expliquer l’œuvre Extase, les mystiques de Ernest Pignon Ernest et les figures des mystiques qu'il a représenté ?
Merci et bonne journée
Réponse du Guichet

A partir de quelques documents, des explications de l'artiste, des textes sur l’œuvre et sur les figures représentées, vous pourrez mieux appréhender "Extase, les mystiques" d'Ernest Pignon-Ernest.
Bonjour,
Commençons par définir ce que sont les extases mystiques en général avec par exemple le Dictionnaire de l'Académie ou bien, sous une version chrétienne, ce qu'en dit la rédactrice en chef adjointe de la revue jésuite Christus, Marie-Caroline Bustarret, dans un article de La Croix.
Ensuite, pour entrer dans l’œuvre d'Ernest Pignon-Ernest, quoi de mieux que d'écouter l'artiste lui-même expliquer sa démarche. Une vidéo de 12 mn publiée à l'origine sur le site Médiapart est à ce titre très instructive : Ernest et les "Extases", Médiapart.
Par ailleurs, le site En revenant de l'expo évoque d'autres propos de Pignon-Ernest sur l’œuvre en question :
« Au départ il y a eu ces vers de Nerval « … modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée les soupirs de la sainte et les cris de la fée ».
Puis mes travaux napolitains m’ont amené à lire Ignace de Loyola, Saint Jean de la Croix et de Thérèse d’Avila dont les pages de « Ma vie » conjuguées à des visites aux marbres du Bernin à Santa Maria della Vittoria et à la Bienheureuse Ludovica au Trastevere m’ont subjugué et, guidé par les écrits de Jean-Noël Vuarnet et Claude- Louis Combet, j’ai poursuivi ma quête en découvrant les écrits d’autres grandes mystiques.
Cela ne faisait que redoubler mes interrogations sur la représentation. Comment figurer des corps qui aspirent à se désincarner ? Comment restituer de tels transports, de tels excès, de telles effractions sublimées? Comment dire cet infini du désir, de l’angoisse, de la douleur, de la suavité de l’exaltation qui les habitaient et toutes les contradictions qui les traversaient ?
Je n’ai choisi que des mystiques chrétiennes qui ont écrit, ces portraits imaginés sont nés de ce qu’elles ont dit d’elles-mêmes. De même le plan d’eau noire découle des métaphores de ruissellements et d’abîmes récurrentes dans leurs textes. (Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, Marie de l’Incarnation, Madame Guyon, Louise du Néant et Marie-Madeleine). L’architecture de l’église des Célestins m’a suggéré une référence à « Noli me tangere ».
Ce projet n’appelle évidemment pas la rue mais mes images nouent avec l’espace et l’histoire du lieu choisi, des relations du même ordre que celles que suscitent mes interventions urbaines. Comme dans mes collages de rue le support de l’image n’est pas neutre. J’ai façonné les feuilles afin qu’elles ne soient pas un simple support, qu’elles s’imposent comme un élément plastique à part entière suggérant une fluidité de l’espace en contradiction avec le caractère charnel des dessins. Dans le plan d’eau les reflets provoquent renversement et osmose de la fiction des images et de la réalité du lieu. »
Pour aller plus loin, il faut consulter Extases : Ernest Pignon-Ernest d'André Velter.
On trouve aussi dans Ernest Pignon-Ernest : face aux murs un texte de Lydie Salvayre, "l'Assaut divin", qui concerne cette œuvre et qui exprime ce que l'écrivaine à perçu des Extases de Pignon-Ernest.
Enfin, sur la question des femmes représentées ici, ce sont toutes de grandes mystiques qui ont laissé des écrits. Vous trouverez, pour en savoir un peu plus sur elles, une courtes biographie sous chaque nom : Marie-Madeleine, Hildegarde de Bingen, Angèle de Foligno, Catherine de Sienne, Thérèse d’Avila, Marie de l’Incarnation, Louise du Néant et Madame Guyon.
Bonne journée.