Que sait-on de la transformation temporaire en hôpital du couvent des deux-amants ?
Question d'origine :
Bonjour cher Guichet,
J'ai appris récemment que le couvent des Deux Amants outre avoir aussi été l'Ecole Vétérinaire et le Conservatoire de Musique fut aussi un hôpital. D'abord au début de son histoire l'hôpital mentionné pour la première fois en 1170 et alors désaffecté et je l'ai trouvé à nouveau mentionné comme hôpital en 1794 dans un acte de naissance ce que confirme un passage de "Lyon en 1793" : "2 septembre, le Bulletin de ce jour donne des nouvelles qui montrent les soldats de l'armée de Dubois Crancé, comme désertant et entièrement découragés, et même en venant aux mains les uns contre les autres.
« Il est arrivé une assez grande quantité de subsistances; nos braves citoyens-soldats ont protégé ce convoi; l'ennemi a voulu s'opposer à leur passage, une canonnade à mitraille les a bientôt écartés.
L'hôpital général a été tellement incendié qu'il ne peut plus être employé à sa destination. Les malades ont été transférés aux ci-devant communautés de l'Observance et des Deux Amants; mais ces deux maisons étant encore insuffisantes pour contenir tous les malades, l'hôpital militaire y a suppléé."
J'aimerais savoir combien de temps a duré cette période d'hôpital du couvent des Deux Amants sous la Révolution et si on a des documents qui en parlent.
Merci.
Praline

Réponse du Guichet

Malgré des recherches approfondies, nous ne sommes pas parvenus à trouver des documents nous permettant d’évaluer la durée exacte pendant laquelle le Couvent Sainte-Élisabeth des Deux-Amants a servi d’hôpital militaire.
Malgré des recherches approfondies, nous ne sommes pas parvenus à trouver des documents nous permettant d’évaluer la durée exacte pendant laquelle le Couvent Sainte-Élisabeth des Deux-Amants a servi d’hôpital militaire.
Voici néanmoins les sources que nous avons consultées et les éléments que nous avons recueillis.
Le caractère provisoire de ces hôpitaux est affirmé à plusieurs reprises dans les documents que nous avons parcourus.
Dans l’ouvrage Recueil de documents graphiques concernant l’Histoire de la Médecine à Lyon. Jean Rousset écrit (p.72) :
Le siège qui suivit la folle rébellion de 1793 amena des destructions surtout à l’Hôtel-Dieu dont il fallut évacuer, le 25 août, les hospitalisés sur un hôpital temporaire hâtivement établi dans le ci-devant couvent des Cordeliers aux Deux Amants.
Source : Recueil de documents graphiques concernant l’Histoire de la Médecine à Lyon. Jean Rousset. Imprimerie de Trévoux, 1958
Dans le chapitre intitulé «L’époque révolutionnaire» dans l’ouvrage La médecine à Lyon, il est indiqué :
Aux difficultés financières vinrent s’ajouter pour les hôpitaux des difficultés matérielles à partir du mois d’août 1973, dues au fameux siège de Lyon par les armées de la Convention et par le bombardement de l’Hôtel-Dieu pendant toute la durée de ce siège du 8 août au 9 octobre.
Ce qui fut remarquable pendant ces évènements, c’est qu’il n’y eut aucune victime, ni parmi les malades et les blessés, ni parmi le personnel hospitalier.
Mais que de ruines ! L’Hôtel Dieu, à la fin du siège était inutilisable, mais debout et très vite les administrateurs reprirent les choses en mains, trouvèrent le moyen d’assurer les réparations indispensables, si bien que qu’en février 1794, l’hôpital put recevoir à nouveau des malades et fonctionner de façon à peu près normale, du moins au point de vue médical.
Source : La médecine à Lyon des origines à nos jours. Alain Bouchet. Hervas, 1987
Ces éléments laissent à penser qu’assez rapidement les hôpitaux temporaires purent fermer.
L’extrait d’acte de naissance d’un enfant à l’hôpital des Deux-Amants que vous joignez à votre question, date du 6 pluviôse de l’an II, soit le 25 janvier 1794, c’est à dire avant la réouverture de l’hôtel Dieu, ce qui semble cohérent avec la période que nous délimitons.
Le site du musée du Diocèse de Lyon indique à la page consacrée au Couvent des Deux-Amants tenus par les religieuses du Tiers-Ordre de Saint-François (religieuses de Sainte-Elisabeth) :
A la Révolution les trente-sept religieuses restantes doivent quitter le couvent vendu comme bien national.
En 1803 y est installée l’Ecole vétérinaire de Lyon qui s’agrandit par la suite en réunissant les deux couvents franciscains.
Source : Couvent des Deux-Amants, 1657. Musée du Diocèse de Lyon
Un article Wikipédia détaille :
Créée par un arrêt du Conseil d'État du Roi du à l'initiative de Claude Bourgelat et grâce au soutien d'Henri Bertin ministre de Louis XV, l'École vétérinaire de Lyon est transférée le 6 Floréal an III () sur le quai Chauveau au clos des Deux-Amants, couvent des Cordeliers récemment réquisitionné pour cause de Révolution.
Source: École nationale vétérinaire de Lyon. Wikipédia
On peut donc supposer avec quelques certitudes que l’activité de l’hôpital des Deux-Amants s’est certainement éteinte pendant l’année 1794 ce qui pourrait expliquer le peu de documents décrivant son activité que nous avons pu identifier.
Pour aller plus loin :
- L’histoire tumultueuse du clos des Deux-Amants. Bertille Bohard. La Tribune de Lyon, 15 décembre 2024
- Lyon, berceau des sciences vétérinaires. Jack Bost. Éditions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, 1992
- Les anciens couvents de Lyon. Adolphe Vachet. Librairie et imprimerie Emmanuel Vitte, 1895
- Hospices civils de Lyon. Guichet du Savoir, 2019
- Lyon n’est plus. Archives municipales de Lyon
- Biens nationaux Tables alphabétiques des brefs de vente 1790-1820. Archives départementales du Rhône
- Couvent d'observants et couvent de tertiaires franciscaines élisabéthaines, puis école supérieure vétérinaire, actuellement conservatoire national supérieur de musique. Patrimoineauvergnerhonealpes.fr