Pourquoi trouve-t-on un Saint Thomas de Canterbury à Fourvière ?
Question d'origine :
Bonjour,
Pourriez-vous m'indiquer pourquoi on trouve un Saint Thomas de Canterbury à Fourvière ?
Réponse du Guichet

Thomas Becket dit Saint Thomas de Canterbury, archevêque de Cantorbéry de 1162 à 1170, mort en martyr en 1170 et canonisé dès 1173, entretint des liens privilégiés avec deux archevêques de Lyon au XIIe siècle.
Le culte rendu à ce Saint se manifeste à Fourvière par deux autels érigés dans la cathédrale et une chapelle éponyme construite vers 1175, prise et détruite par les armées protestantes en 1562 puis reconstruite à la fin du XVIe siècle.
Aujourd'hui, on trouve deux chapelles sur la place de Fourvière : à droite de la basilique, la chapelle de la Vierge est un lieu de silence et de prière. Plus loin, la chapelle Saint Thomas de Canterbury est réservée à l’adoration eucharistique et aux confessions.
Bonjour,
Vous désirez savoir pourquoi Saint Thomas de Canterbury, archevêque de Cantorbéry de 1162 à 1170 et canonisé dès 1173 est présent à Fourvière.
Thomas de Cantorbéry (ou Thomas Becket dit Saint Thomas de Cantorbéry) est présent à Fourvière par l’existence de deux autels respectivement consacrés à Saint Thomas vers 1323 puis vers 1341 dans la cathédrale de Fourvière et l'existence de la chapelle éponyme "chapelle Saint Thomas de Canterbury" construite près de la cathédrale vers 1175.
Vers 1175-1180, la chapelle que faisait construire à Fourvière le chanoine Olivier de Chavannes fut consacrée à la Vierge et au saint, dont le patronage fut donné par l'archevêque Jean, en 1192, au chapitre collégial fondé cette année-là autour du nouveau sanctuaire. Les fêtes du saint y furent désormais célébrées, notamment sa translation en 1284.
Enfin, c'est dans la cathédrale qu'on trouve l'existence de deux autels consacrés à saint Thomas ! L'un en place dès avant 1323, l'autre érigé en 1341 par le prévôt de Fourvière Guy de Francheleins, adossés chacun à l'un des piliers qui séparaient le chœur de la chapelle Saint-Pierre au Nord et de la chapelle de Notre-Dame du Haut-Don au Sud.
Source : Musée du Diocèse de Lyon (Site web)
Le culte rendu à ce Saint au sein de Fourvière s'explique par les liens privilégiés qu'entretint l'Eglise de Lyon avec l'Eglise de Cantorbéry dès la mort en martyre de l'archevêque Thomas Becket. On parle d'un éventuel séjour lyonnais de Thomas Becket et de lyonnais pélerinant à son tombeau. De plus, deux archevêques de Lyon au XIIe siècle Guichard de Pontigny et l'Anglais Jean Belles-mains ont bien connu Thomas Becket, le premier pour avoir hébergé l'exilé et le second comme ami et ancien condisciple.
C'est le 29 décembre 1170, à son retour de l'exil auquel l'avait contraint l'inimitié de son roi Henri II, que l'archevêque de Cantorbéry fut assassiné devant l'autel de sa cathédrale, par des courtisans trop zélés. La canonisation intervint tout de suite, dès 1173. En 1174-1175, on parle de Lyonnais pélerinant à son tombeau.
Thomas Becket était-il venu lui-même chez nous, au cours de son exil ? Les anciens historiens l'ont affirmé, se fondant sur une tradition dont la première manifestation remonte au début du XVe siècle, et qu'ils enjolivèrent, selon la coutume. Les historiens modernes, en revanche, constatant l'absence de tout document authentique attestant la réalité de ce séjour, se sont convaincus qu'il n'avait jamais eu lieu. Mais on sait bien que la preuve négative est toujours difficile, surtout au Moyen-âge, où l'absence de documents ne signifie pas nécessairement absence de fait.
Par ailleurs, nous savons avec certitude que deux archevêques de Lyon, au XIIe siècle, eurent les meilleures raisons de bien connaître Thomas. Lorsqu'il était encore abbé de Pontigny, Guichard avait hébergé l'exilé pendant deux ans et celui-ci, le recommandant chaudement au roi Louis VII, avait facilité sa désignation par le Pape pour le siège de Lyon, en 1165. Le successeur de Guichard en 1181, l'Anglais Jean, dit Bellesmains, ancien condisciple et ami du martyr, gardait fidèlement sa mémoire en même temps qu'il conservait ses relations avec ses compatriotes.
En fin de compte, que saint Thomas Becket ait séjourné à Lyon pendant son exil - ce qui est possible, mais sans la moindre preuve -, importe sans doute moins pour expliquer les liens entre les deux Églises, et présente moins de signification pour l'histoire de l’Église en Occident, que les rapports personnels attestés ceux-ci, entre les évêques des deux villes.
Source : Musée du Diocèse de Lyon (Site web)
La chapelle dédiée à Thomas Becket fut détruite par les huguenots puis reconstruite à la fin du XVIe siècle, période pendant laquelle les chapelles tiennent une place importante dans la vie religieuse.
En 1174, Olivier de Chavannes, doyen du chapitre de la cathédrale, fait construire la première chapelle dédiée à la Vierge sur la colline de Fourvière. Une seconde chapelle sera dédiée à Thomas Becket archevêque de Cantorbéry, martyr anglais qui a séjourné en France durant son exil.
En 1562, les chapelles sont détruites car la ville est prise par les armées protestantes du baron des Adrets. A l’exception de deux chapiteaux, il ne reste alors plus rien du sanctuaire médiéval.
L’ensemble est reconstruit à la fin du XVIe siècle. Lyon connaît alors son deuxième âge d’or. A cette époque, les chapelles tiennent une place primordiale dans la vie religieuse lyonnaise et très vite des travaux d’agrandissement vont être nécessaires.
Source : Notre-Dame de Fourvière (site Web)
Aujourd'hui, on trouve autour de la basilique, sur la place de Fourvière, deux chapelles. A droite de la basilique, la chapelle de la Vierge est un lieu de silence et de prière. Plus loin, la chapelle Saint Thomas de Canterbury est réservée à l’adoration eucharistique et aux confessions, comme le souligne l'Office du Tourisme de Lyon.
Le chapitre Saint Thomas est assez mal connu avant le XVe siècle, les sources conservées étant assez peu nombreuses mis à part l'ouvrage de Émile Longin, Recherches sur Fourvière, publié en 1900 et disponible sur Numélyo.
Pour en savoir plus sur le chapitre Saint Thomas
Le chapitre Saint-Thomas et Notre-Dame [de Fourvière] / Hervé Chopin. La Nuée Bleue, p. 285-287, 2014.
Acte de fondation de la collégiale de Sainte-Marie et saint Thomas Becket de Fourvière, à Lyon (1192)
Pour en savoir plus sur Saint Thomas de Canterbury à la BML
The holy Blissful martyr : Saint Thomas of Canterbury / Benson, Robert Hugh, 1908. Disponible en ligne sur Numelyo
La vie de saint Thomas le martyr archevêque de Canterbury / par Garnier de Pont Sainte Maxence. A. Aubry, 1859. Disponible en ligne sur Numelyo
Thomas Becket [Livre] / Pierre Aubé. Paris : Fayard, 1988
Thomas Becket dans la tradition historique et hagiographique / Raymonde Foreville. London : Variorum reprints, 1981
Recherche sur Isidore (assistant de recherche en sciences humaines et sociales)
Thomas Becket (S.), chancelier d'Angleterre, archevêque de Canterbury. In: Molinier Auguste. Les Sources de l'histoire de France - Des origines aux guerres d'Italie (1494). II. Époque féodale, les Capétiens jusqu'en 1180. Paris : A. Picard et fils, 1902. pp. 231-233.
La confrontation Becket-Henri II comme paradigme historique. In: Cahiers de civilisation médiévale, 37e année (n°145-146), Janvier-juin 1994. Henri II Plantagenêt et son temps. Actes du Colloque de Fontevraud. 29 septembre – 1er octobre 1990. pp. 101-110.
La diffusion du culte de Thomas Becket dans la France de l'Ouest avant la fin du XIIe siècle. In: Cahiers de civilisation médiévale, 19e année (n°76), Octobre-décembre 1976. pp. 347-369.
Mort et survie de saint Thomas Becket. In: Cahiers de civilisation médiévale, 14e année (n°53), Janvier-mars 1971. pp. 21-38.
La vie et la mort de saint Thomas de Cantorbéry, par Garnier de Pont-Sainte-Maxence.. In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1843, tome 4. pp. 208-241.
Aller plus loin avec des ouvrages sur l'hagiographie chrétienne au Moyen-âge
Enfin, n'hésitez pas à consulter les fonds des Archives municipales de Lyon et notamment les dossiers thématiques de sa bibliothèque qui comporte un dossier sur la Basilique de Fourvière (cote : 3 cp/134)
Bonne journée,
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