Quel lien peut-on faire entre l'arche d'alliance et la quête du graal ?
Question d'origine :
Quel lien peut-on faire entre l'arche d'alliance et la quête du graal
Merci pour vos suggestions ?
Réponse du Guichet

Il semblerait que le lien le plus clair entre ces deux objets sacrés soit… Indiana Jones ! Puisque le premier et le troisième épisode des aventures du héros au fouet portent respectivement sur l’Arche et sur le Graal. Bon, plaisanterie mise à part, ces œuvres de fiction nous rappellent que ce qui lie l’Arche et le Graal c’est d’abord leur aura de mystère : elle stimule les imaginaires les plus divers.
Mais l’existence de ces deux artefacts relève davantage du mythe que de l’Histoire.
Bonjour,
« Graal : ce mot magique existe toujours (trop) les imaginations. On l’associe à deux autres : “mystère” et “quête” ». Ces mots de l'historien Philippe Walter peuvent sans difficulté s’appliquer à l’Arche d’Alliance.
Certes, l’arche a récemment fait l’objet d’une mission archéologique codirigée par le bibliste Thomas Römer et l’archéologue Israël Finklestein. Ils ont exploré la colline de Kiriath-Jearim où l’arche aurait été entreposée quelques années avant d’être transférée à Jérusalem par le roi David. Spoiler alert : l’arche ne s’y trouve pas (mais la mission n’avait en fait pas pour objectif de la découvrir). Et d’ailleurs, si elle a réellement existé, la probabilité de la retrouver est pour le moins faible comme le rappelle l’archéologue du CNRS Christophe Nicolle dans une émission du Cours de l’histoire : « L'arche était en bois donc deux mille ans après, il y a fort peu de chance de retrouver des vestiges d'un coffre en bois ».
Quant au Graal, sa trace est encore plus fragile d’autant que contrairement à l’Arche d’Alliance, mentionnée à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament (notamment dans Exode, chapitre 25), celui-ci n’apparaît pas une seule fois dans le Nouveau Testament. En réalité, c’est le clerc Robert de Boron qui, à la suite de Chrétien de Troyes, va inventer une filiation nouvelle pour le Graal, le faisant remonter à la Cène des évangiles : il s’agirait de la coupe évoquée dans l’évangile de Luc chapitre 22 verset 20 : « après avoir soupé, il leur donna de même la coupe, en disant “cette coupe est la nouvelle alliance en mon sang, qui va être versé pour vous” ». La suite est connue : il aurait été récupéré par un certain Joseph d’Arimathie qui l’aurait utilisé pour récolter le sang du Christ à sa mort.
Soyons, avec Philippe Walter, définitif sur ce sacré Graal : « Le graal n’existe pas en dehors des œuvres littéraires qui le diffusent dans la société médiévale ».
Que ce soit l’Arche d’Alliance ou le Graal, leur attrait et leur capacité à susciter des imaginaires et des interprétations plus ou moins ésotériques tient à leur caractère commun d’être introuvables et d’avoir une existence douteuse.
Des « recherches » ésotériques et scientifiquement sans fondement n’ont cependant pas manqué d’associer ces deux reliques. Parmi les thèses qui circulent dans ces milieux, il y a celle qui les associe aux Templiers (autre source intarissable des imaginaires !). Ainsi, Charly Samson, par ailleurs versé dans le magnétisme, a publié aux éditions de l’œil du Sphinx Les Templiers. Protecteurs des secrets du Graal et de l’Arche d’Alliance. Pascal Le Charpentier dans ses Dernière révélations sur les Templiers semble soutenir la même hypothèse : le mythique trésor des Templiers pourrait contenir les deux reliques…
Toujours dans le registre ésotérique, on trouvera sur le site franc-maçon l'Edifice, une interprétation différente mais tout aussi peu fiable : « pour les Chrétiens L’Arche d’Alliance a été assimilée à Marie, la mère de Jésus et au Graal qui en serait le symbole, le cryptogramme qui la désignerait ».
Peut-être pourrions-nous faire l’hypothèse d’un lien théologique, avec toutes les précautions d’usage, puisque nous ne prétendons pas du tout être spécialistes en la matière. L’Arche est « gage de la présence et de l’assistance de Yahvé » (source : Le musée chrétien. Dictionnaire illustrée des images chrétiennes occidentales et orientale). Elle manifeste, comme son nom l’indique, l’alliance entre Dieu et les hommes. De même, le Graal, tel qu’il est réinventé dans la tradition médiévale, récolte le sang du Christ. Il serait donc également le témoin de la nouvelle alliance (i.e. du Nouveau Testament) qui se crée l’intermédiaire de la Crucifixion.
Enfin, le dossier de la BnF « les Essentiels » consacré au Graal et à sa quête dans la littérature médiévale, relève un lien matériel ténu entre les deux objets : « Le Graal est une relique dotée d’un double caractère sacré puisque le Christ y a pris son dernier repas et que Joseph d’Arimathie l’utilise comme réceptacle du Précieux Sang. Il est en outre conservé dans une arche sainte dotée de propriétés merveilleuses et interdite d’accès au commun des mortels, qui n’est pas sans rappeler l’arche d’alliance conservant les Tables de la Loi données à Moise et au peuple d’Israël dans le désert ».
Bonnes lectures.