Dans l'Antiquité, les Egyptiens utilisaient-ils l'huile de moringa pour s'éclairer ?

Bonjour,

Nous trouvons mention des lampes à huile utilisées en Égypte ancienne à des fins d’éclairage dans plusieurs documents :

Adolf Erman et Hermann Ranke rapportent, dans leur ouvrage La civilisation égyptienne, que « déjà, dans les tombeaux de l’Ancien Empire, nous trouvons des supports en calcaire, d’1 à 1 ½ mètre de hauteur au sommet desquels sont encastrées de petites coupes en granit; nous devons y voir, sans aucun doute, les plus anciennes lampes sur pied. Nous devons nous figurer les vases remplis d’huile, dans laquelle baignait la mèche. Ce sont des copies des lampes en terre, dont on se servait dans les maisons, copies destinées, bien entendu, à la Maison d’éternité et plus solides que leurs modèles. […] Dans cette tombe on trouva deux de ces supports, en bois sculpté, en forme de tige de papyrus, sur les ombelles desquels reposaient les lampes en terre, fixées par des fils métalliques. Les mèches et l’huile épaissie étaient parfaitement intactes. »

Ce système d’éclairage est également mentionné dans l’ouvrage Histoire de la civilisation de l’Égypte ancienne. Son auteur, Jacques Pirenne, évoque l’éclairage en le qualifiant de « […] quasi inexistant. On s’éclairait avec de petites lampes à huile dans lesquelles plongeait une mèche. L’huile était un des éléments essentiels à l’existence. Non seulement elle servait à l’éclairage, mais elle remplaçait le beurre que l’Antiquité n’a pas connu. […] l’huile et le miel jouaient donc, dans la vie économique, un rôle considérable.»

L’huile est donc un objet et enjeu important dans la vie économique égyptienne. Alors quel type d’huile était utilisé pour allumer les mèches ? Sans doute pas l’huile d’olive : « L’huile d’olive, rare en Égypte, y était aussi importée avant la création des monopoles royaux ptolémaïques. C’est au moyen d’une cargaison d’huile, nous conte Plutarque, que Platon pensait payer son séjour sur les bords du Nil. » (Source : La civilisation de l’Égypte pharaonique, François Daumas, Paris, Arthaud, 1965)

L’article de l’archéologue Maria Mossakowska, extrait de la revue The Journal of Juristic Papyrology (vol. 24, 1994), et accessible en ligne, est en revanche assez complet sur cette question. Cet article, Les huiles utilisées pour l’éclairage en Égypte, est conçu à partir de l’étude de papyrus rédigés en grec mais portant sur l’Égypte. Il fait le point sur les différents types d’huiles ayant pu servir de combustible pour l’éclairage des égyptiens.

Voici sommairement ce qu’explique cet article :

- déjà évoquée plus haut, l’huile d’olive ne semble pas avoir rempli cet office, étant une denrée trop rare et donc trop chère pour une telle utilisation quotidienne. Longtemps importée puis cultivée progressivement en Égypte, l’olive était le plus souvent consommée directement ou sous forme d’huile. Une huile d’olive n’aurait pas été utilisée comme simple combustible, ou seulement à titre exceptionnel…Mais il ne faut pas exclure son utilisation un peu plus tardive, une fois les cultures bien lancées et le coût de fait largement abaissé.

- les types d’huiles à vocation d’éclairage les plus recensés dans les papyrus semblent être : l’huile de ricin, l’huile de sésame et l’huile de carthame. L’huile de lin est également évoquée, mais aussi et de manière très marginale l’huile de rave. Bien sûr, cette utilisation varie selon les époques. La constante en revanche tient au coût de ces huiles, nécessairement bon marché pour une telle utilisation…Par ailleurs, les chercheurs ont des analyses des sources qui peuvent aussi varier.

Citons également l’utilisation, selon les époques et les lieux, des graisses animales comme combustible des lampes.

Pour répondre à votre question « par défaut », nous n’avons trouvé aucune mention de l’utilisation de l’huile de Moringa à des effets d’éclairage en Égypte ancienne. Les utilisations de cette plante, particulièrement de la sous-espèce Moringa oleifera, sont aujourd’hui plurielles. Alimentation, santé, cosmétique, fourrage ou encore reboisement pour sa facilité de pousse et sa résilience…

Vous souhaitant de bonnes lectures !