Quelles informations pouvez-vous m'apporter sur Clément Marot ?
Question d'origine :
Bonjour !
Je cherche des infos sur Clément Marot, ma nièce s'y intéresse car elle est au collège Clément Marot et elle ne sait pas qui c'est !
Réponse du Guichet

Héritier des grands rhétoriqueurs, contemporain des humanistes de la Renaissance, poète de cour et de l'amour, esprit libre, Marot joue avec diversité du langage. Malgré la protection de Marguerite de Navarre, la sœur du roi, dont il est le poète officiel, ses sympathies pour la Réforme protestante lui valent plusieurs emprisonnements et deux exils.
En 1532, le poète décide de réunir toutes ses œuvres de jeunesse dans un recueil, "L’Adolescence clémentine", qui connaît un grand succès et frappe par l'étendue de gamme du langage. Son célèbre recueil "Les pseaumes de David", paru en langue française à Paris en 1561, aura une grande influence chez les réformés protestants de France et de Genève.
Vous trouverez ci-dessous des éléments relatifs à sa vie et son œuvre, provenant des ressources pédagogiques en ligne pour collégiens et lycéens disponibles à la Bibliothèque municipale de Lyon.
Bonjour,
Vous cherchez des informations sur Clément Marot pour votre nièce qui s'y intéresse en tant qu'élève d'un collège qui porte le nom de ce célèbre poète français du XVIe siècle. Héritier des grands rhétoriqueurs, contemporain des humanistes de la Renaissance, poète de cour et de l'amour, Marot joue avec diversité du langage.
À la fois héritier des auteurs de la fin du Moyen Âge et précurseur de la Pléiade, il est le poète le plus la important de la cour de François Ier. Malgré la protection de Marguerite de Navarre, la sœur du roi, ses sympathies marquées pour la Réforme protestante lui valent plusieurs emprisonnements et deux exils.

CC0 Paris Musées / Maisons de Victor Hugo Paris-Guernesey
Vous trouverez ci-après des éléments relatifs à sa vie et son œuvre, provenant des ressources en ligne de la Bibliothèque municipale de Lyon, et notamment de la base "toutapprendre" qui donne accès à des contenus pédagogiques pour collégiens et lycéens.
La vie de Clément Marot (1496-1544)
Fils du poète Jean Marot, Clément Marot naît à Cahors en 1496. Il apprend le latin et traduit à partir de 1512 Le Jugement de Minos de Lucien et la première églogue des Bucoliques de Virgile.
Marot fréquente les milieux humanistes et écrit ses premiers vers alors qu'il est page chez Nicolas de Neufville. Il devient le valet de chambre de Marguerite de Navarre et de François Ier, puis le poète officiel de ce dernier.
En raison de ses sympathies pour la Réforme protestante et de sa grande liberté d'esprit, il fait plusieurs séjours en prison (il est accusé, entre autres, d’avoir mangé du lard en carême).
En 1534, lors de l’Affaire des placards (écrits injurieux envers François Ier placardés sur les murs de Paris), Clément Marot est sur la liste des suspects. Il se réfugie donc chez Renée de France et s’exile à Venise.
Il renonce au protestantisme en 1536 et obtient du roi la permission de revenir en France, mais la réédition en 1542 d’une de ses œuvres, "L’Enfer", lui vaut une nouvelle accusation d’hérésie. Il se réfugie alors à Genève auprès de Calvin puis en Italie où il meurt en 1544.
Son œuvre poétique
Œuvre Marot écrit ses premiers vers (un poème allégorique Le Temple de Cupido, dans l'esprit du Roman de la Rose) ainsi que des rondeaux, ballades et chants royaux) alors qu’il est page chez Nicolas de Neufville.
Lorsqu’il est valet chez Marguerite de Navarre puis poète officiel de François Ier, il écrit des pièces de circonstances : mariages, évènements politiques, décès.
Clément Marot entreprend la traduction en français des psaumes de la Bible vers 1531 qui seront chantés dans toute la France et seront le point de départ de son célèbre recueil Les pseaumes de David paru à Paris en 1561 : ce recueil des 150 psaumes de David en langue française aura une grande influence chez les réformés de France et de Genève. Ce sera un signe de ralliement et même un chant de guerre dans les tribulations du peuple protestant français.
Pour dénoncer la prison, il publie une violente satire, L’Enfer, qui ne paraît qu’en 1534. En 1532, le poète décide de réunir toutes ses œuvres dans un recueil, L’Adolescence clémentine, qui connaît un grand succès. Il publie, deux ans plus tard une Suite à l’adolescence clémentine.
Il est aussi un poète de l’amour : il chante la beauté d’une femme, le sentiment amoureux, l’amour idéal et platonique. Ballades, épitaphes, complaintes, épîtres et rondeaux sont ses formes de prédilection.
Voici quelques citations extraites de ses poèmes :
"Ce rimailleur, qui s'allait enrimant,
Tant rimassa, rima et rimonna,
Qu'il a connu quel bien par rime on a"
Source : Petite épître au roi, 1518
"Du grand chagrin, et recueil ord, et laid,
Que je trouvai dedans le Châtelet.
Si ne crois pas, qu’il y ait chose au monde,
Qui mieux ressemble un Enfer très immonde : […]"
Source : L’Enfer, 1534
"D'être content sans vouloir davantage,
C'est un trésor qu'on ne peut estimer"
Source : Rondeau, 1540
Son ouvrage L’Adolescence clémentine
"L’Adolescence clémentine" fut un gros succès : sept éditions de 1533 à 1535. Clément Marot est à l'apogée de son talent ! Cet ouvrage rassemble les textes de jeunesse du poète qui tente de leur donner une cohérence, en classant par genre et par ordre ses poèmes : Les Opuscules, les Épîtres, les Complaintes, puis les Épitaphes, les Ballades, les Rondeaux et enfin, les Chansons.
L’ouvrage s’ouvre sur "Les Opuscules" qui compte quatre traductions : "La Première Églogue des Bucoliques de Virgile", "le jugement de Minos", les "Tristes vers de Philippe Béroalde" et "L’Oraison contemplative ". On trouve aussi un poème allégorique, "Le Temple de Cupidon", qui célèbre le mariage du futur François Ier.
Les Épîtres sont au nombre de dix et comportent une grande part autobiographique. "L’Épître en prose à ladite Dame touchant l’armée du roi en Hainaut" ferme le cycle et est dédié à sa maîtresse, Marguerite de Navarre.
Les Complaintes proposent des leçons sur la brièveté de la vie. La première complainte évoque la mort du baron de Malleville chez les Turcs. Immédiatement, elle contraste avec le ton de la dernière épître.
Avec ses Épitaphes, Marot observe des types sociaux et leurs différents comportements face à la mort. La dernière épitaphe porte en elle une réflexion sur le genre et rappelle l’esthétique des danses macabres.
Ses Ballades sont au nombre de quatorze, c’est la section la plus riche du recueil. La première ballade parle d’une jeunesse insouciante qui n’existe déjà plus. La deuxième et la troisième ballade renvoient au théâtre de rue. La quatrième évoque pour la première fois l’amour sensuel. La cinquième ballade est adressée à la duchesse d’Alençon autre nom de Marguerite de Navarre, "princesse du Ferme Amour". Les ballades suivantes parlent des guerres et appellent à la paix.
Les Rondeaux sont au nombre de soixante-sept. Les trois premiers rondeaux sont consacrés à la poésie. Du rondeau IV au rondeau XI, le poète évoque le désir sensuel et l’amour ardent. La douleur et la mort sont causées par un regard de la femme aimée.
Les Chansons sont au nombre de quarante-deux. La chanson III traite plus particulièrement de l’amour courtois. Les chansons X à XII abordent la thématique de l’envie et des envieux. La chanson XIII, elle, se consacre à l’amour malheureux.
Pour en savoir plus sur cet ouvrage, vous pouvez consulter la fiche de lecture en ligne de l'Encyclopédie Universalis : L'adolescence clémentine, Clément Marot - Fiche de lecture [en ligne] (consulté le 20 février 2025).
Citons en conclusion Pierre Jourda dans son article sur Marot :
Marot poète léger.... Le gentil Marot... Marot amuseur de la cour... Le thème est usé, mais tenace. On le doit à Boileau. Or, le protégé de Marguerite de Navarre a été autre chose. Il a su rire, certes, et faire rire. Mais il a été aussi, et plus souvent qu'on ne le croit, un vrai poète : il a parlé d'amour, avec sincérité ; il a poursuivi de sa verve les mauvais juges et les policiers ; il a dénoncé les faiblesses de l'Église ; il a cherché des rythmes nouveaux. Bref, il est simplement un poète tour à tour rieur et émouvant. Avec lui, comme avec sa protectrice, commence la Renaissance. [...]
Reste une question délicate : ses opinions religieuses. Fut-il protestant ? Demeura-t-il dans l'orthodoxie catholique ? On peut plaider le pour et le contre. La Sorbonne l'a poursuivi. Calvin ne l'a pas laissé séjourner à Genève. Il faut le classer parmi ces esprits indépendants qui cherchaient alors leur voie en marge des Églises. Il cherchait sa vérité. Il se situerait aujourd'hui parmi les progressistes. L'obéissance pure et simple n'a jamais été son fait.
Poète de cour ? Oui. Chef d'école ? Peut-être. Il mérite ce titre même si ses disciples furent des poètes mineurs. Les classiques l'ont admiré. Cela compte. Avec lui, la poésie s'est réveillée ; il lui a manqué, pour être grand, une personnalité plus marquée. Il reste un poète des plus spirituels.
À retrouver à la Bibliothèque municipale de Lyon
La littérature critique sur Clément Marot et son œuvre
Le Moyen Age et la Renaissance [Livre] / Alain Viala, 2014
Louise Labé Lyonnaise [Livre] : ou la Renaissance au féminin / François Rigolot, 2022
Pour le public adolescent en particulier, voici des documents sur la Renaissance et la Poésie.
Ressources en ligne
Sur Clément Marot : Marot Clément (1496-1544) [en ligne]. In Encyclopædia Universalis (consulté le 20 février 2025)
Sur la littérature du XVIe sièce : Française Littérature, XVIe s. [en ligne]. In Encyclopædia Universalis (consulté le 20 février 2025)
Sur la Renaissance : Renaissance [en ligne]. In Encyclopædia Universalis (consulté le 20 février 2025)
En espérant que ces quelques sources vous permettront de partager avec votre nièce la poésie pleine d'esprit et de coeur de Clément Marot et plus largement l'esprit fécond de la Renaissance !
Bonne journée,