En Gaulle, la colline de Fourvière était-elle un sanctuaire dédiée au Dieu Lug ?
Question d'origine :
Bonjour
Dans le livre La Croix Rousse à travers l'histoire de Georges Rapin p15
il est écrit Fourvière étant pour les Gaulois un sanctuaire probablement dedie au Dieu Lug est ce une légende ou une invention non vérifié
en plus à la suite de cet écrit on peut lire
La Gaules Aurifère comme son nom l'indique était un pays producteur d'or d'autres part les faits relatés dans ce livre sont ils réels ou non
merci beaucoup pour votre travail de recherches car je suis perdu dans ces faits
cordialement
Réponse du Guichet

Georges Rapin fait référence à des informations dont nous pouvons retrouver la source dans la littérature scientifique. Pour autant, pouvons-nous affirmer qu'elles soient vraies ? La présence des Gaulois sur la colline de Fourvière avant la fondation de la ville par Munatius Plancus fait débat et partage la communauté des chercheurs.
Bonjour,
Pour répondre à votre première question sur la véracité de cette citation : "Fourvière étant pour les Gaulois un sanctuaire probablement dédie au Dieu Lug", nous pouvons vous renvoyer aux travaux d'Amable Audin comme Le génie de Lyon et son culte sous l'Empire romain où il mentionne explicitement la présence de ce sanctuaire :
Le nom de Lugdunum signifie en réalité colline de Lug. J. Loth attribue au terme dunum, non seulement le sens de colline, mais celui d'enclos sacré, de haut-lieu. Ce nom prouve l'existence, à Fourvière, d'un sanctuaire voué par les Celtes à Lug, dieu du soleil levant, de la lumière naissante, de l'été nouveau.
Il s'appuie pour ce faire sur les travaux de d'Arbois de Jubainville (voir la note n°4 en bas de la page 50 de l'article pré-cité), nous y reviendrons.
D'autres chercheurs sont plus sceptiques sur la présence de ce sanctuaire. Si la présence gauloise est attestée dans le quartier de Vaise, ils soulignent le manque de données archéologiques pour l'attester sur la colline de Fourvière. Dans Aux origines de Lyon sous la direction de Christian Goudineau, ouvrage de la très sérieuse collection DARA, Documents d'archéologie en Rhône-Alpes, Joëlle Burnouf, Catherine Bellion, Jean-Michel Martin et Agnès Verot-Bourrely citent l'archéologue Armand Desbat :
La confrontation entre les données historiques et les données archéologiques, particulièrement celles fournies par les fouilles récentes met en lumière l'absence d'évidence archéologique démontrant l'existence d'un établissement celtique... Il semble que la théorie des origines gauloises de Lyon procède pour une part du vieux modèle du déterminisme géographique.
Catherine Bellon et Franck Perrin dans Carte archéologique de la Gaule 69/2 émettent les même doutes quoique de façon plus ouverte :
Tous les sites découverts se situent dans la plaine de Vaise et non pas, à ce jour, sur une des hauteurs, là où devrait se situer le site fondé par des Gaulois méridionaux. La question se pose donc de savoir si le site lyonnais fut une agglomération (au tissus urbain assez lâche d'ailleurs) ouverte de plaine ou un vaste faubourg lié à un site fortifié de hauteur (Loyasse, Croix-Rousse ?).
Les historiens Marco V. García Quintela et A César González-García replacent la question du 1er août à Lugdunum, qui est au fond la question du culte de Lug dans l'antique Lyon, dans un débat historiographique entre celtisants et romanistes qui émerge dès la fin du XIXe siècle. Amable Audin qui est la grande référence sur l'archéologie à Lyon jusque dans les années 1980, s'inscrit dans cette tradition des celtisants. Georges Rapin, en érudit local, s'appuie sur les recherches et hypothèses de cette figure majeure de l'archéologie d'après-guerre, qu'il a sans doute côtoyée dans les sociétés et académies locales. L'archéologie contemporaine révise aujourd'hui les interprétations historiques et archéologiques d'Amable Audin et se rapproche davantage du courant romaniste.
Pour répondre à votre seconde question, il existe bien une Gaule aurifère dont le coeur se situait dans l'actuelle région limousin. Vous pouvez trouver de nombreux articles scientifiques sur ce sujet :
L'exploitation de l'or en Limousin, des Gaulois aux Gallo-Romains de Béatrice Cauuet
L’exploitation de l’or chez les Lemovices. La chaîne opératoire, de la mine à la métallurgie du même auteur
Bonne journée,