Est-il possible de caresser un fauve en France ?
Question d'origine :
Bonjour,
J'ai comme rêve de pouvoir caresser un grand fauve (un lion, un tigre, une panthère...) en sécurité. Où puis-je me rendre pour cela et quelles seraient les démarches à faire ? Idéalement en France !
Réponse du Guichet

En France, il est interdit de proposer ce type de prestation afin de préserver le bien-être animal. Au-delà du danger encouru, caresser un animal sauvage relève de la maltraitance et contribue à alimenter un trafic illégal voire au braconnage.
Bonjour,
A moins qu'il ne soit sédaté pour des soins comme dans cette vidéo de "Une saison au zoo", il n'est légalement pas possible de caresser un fauve adulte en France.
Cette activité est interdite que ce soit dans les zoos, les cirques, les refuges, etc.
L’arrêté du 25 mars 2004 fixant les règles générales de fonctionnement et les caractéristiques générales des installations des établissements zoologiques à caractère fixe et permanent présentant au public des spécimens vivants de la faune locale ou étrangère fixe les installations et les règles de fonctionnement que doivent satisfaire tous les établissements zoologiques fixes. Des obligations sont ainsi conférées aux parcs zoologiques en matière de sécurité des personnes et des animaux, de bien-être des animaux mais également de pédagogie vis-à-vis du public sur la biodiversité et de participation à la conservation des espèces animales.
[...]
Au sein d’un refuge pour animaux sauvages captifs, les animaux doivent être entretenus dans des conditions d’élevage qui visent à satisfaire les besoins biologiques, la santé et l’expression des comportements naturels des différentes espèces en prévoyant, notamment, des aménagements, des équipements et des enclos adaptés à chaque espèce.
Toute activité de vente, d’achat, de location, de reproduction d’animaux y est interdite. La présentation des animaux sous forme de spectacles et tout contact direct entre le public et les animaux à l’initiative du visiteur ou du personnel du refuge ou du sanctuaire y sont également interdits.
source : Faune sauvage captive
En France, certains centres qui se présentent comme des refuges, percevant des dons du public, exploitent en réalité les félins à but lucratif.
Voici un extrait d'un article du journal Libération qui témoigne et relaie les constatations de plusieurs associations de défense des animaux :
50 euros les dix minutes C'est ainsi que sous couvert d'être une «maison de retraite», un sanctuaire ou un refuge pour félins, certains établissements privés exercent avec ces animaux un commerce sans en avoir l'autorisation, selon certaines ONG. Caresse de tigre, par exemple, une association créée par des circassiens retraités en Seine-Maritime, «recueille des fauves ne pouvant être pris en charge sur leur lieu de naissance (cirques, jardins zoologiques)», indique le site web. Elle propose sur celui-ci et sur Facebook de parrainer un animal et sollicite des dons afin d'«améliorer sans cesse leur cadre de vie». Mais après des mois d'enquête menée avec l'ONG Four Paws («quatre pattes»), basée en Autriche, l'association AVES France a porté plainte fin 2019 contre Caresse de tigre et alerté l'OFB. L'enquête judiciaire est toujours en cours, mais lors d'une inspection le 24 novembre, une saisie administrative a été ordonnée. De leur côté, les propriétaires du lieu, soutenus par une pétition, se disent victimes de diffamation.
«Sur rendez-vous, les visiteurs, y compris des enfants, pouvaient interagir avec les petits, entrer dans les cages, les prendre dans les bras, les nourrir au biberon. Moyennant 15 euros l'entrée par personne et 50 euros les dix minutes avec un bébé, avance Stéphanie Lefebvre, qui a enquêté pour Four Paws. En se rendant dans ce type d'endroit -ce n'est pas le seul, il y en a au moins six en France dont je ne peux pas donner les noms car des enquêtes sont en cours -, les gens pensent sauver des bébés fauves, alors qu'ils alimentent un business lucratif qui a explosé avec le confinement et semble être la reconversion idéale après les annonces récentes sur l'interdiction des animaux sauvages dans les cirques.» Pour elle, le public participe ainsi sans le savoir à l'imprégnation et au dressage d'animaux nés dans des cirques, lesquels «les récupèrent vers 6 ou 7 mois pour le spectacle ou la revente, certains animaux étant revendus à des particuliers illégalement. Et tous les ans, parce que ça marche, les dresseurs leur font refaire des bébés et encore des bébés». Que faire pour que cesse le commerce d'animaux sauvages captifs tels que les félins des cirques ? Certains préconisent la stérilisation des bêtes. «Mais on ne peut pas forcément l'imposer dès lors que quelqu'un détient un animal légalement, et les vétérinaires conseillent de l'éviter car ce n'est pas idéal pour le bienêtre et la santé, dit-on au ministère de la Transition écologique. L'enjeu est plutôt d'arriver à maîtriser les reproductions clandestines et de multiplier les contrôles.» Las, l'OFB manque de moyens. «Il faut surtout sensibiliser le public, dire et redire qu'un bébé félin n'a rien à faire dans les bras de quelqu'un et que le seul endroit où il devrait être, c'est avec sa mère dans la savane», rappelle Nikita Bachelard, de la Fondation Droit animal, éthique et sciences. Une évidence.
source : Derrière l'amour des bêtes sauvages, l'amer trafic / Coralie Schaub - Libération - 20 février 2021
"Les gérants de cette association ont été pénalement condamnés à des amendes et contraventions avec sursis en janvier 2023 pour exploitation irrégulière de fauves. En l’occurrence 8 000 € pour le refuge, 4 000 € pour son président et 6 000 € pour sa compagne et cogérante."
source : Dans le pays de Caux, défenseurs des animaux et « Caresse de tigre » encore devant la justice
Nous vous invitons à lire le rapport de l'association AVES qui indique notamment à propos de ce type de "refuges" :
Les animaux s’y reproduisent, sont séparés de leur mère et élevés au biberon, première étape de l’imprégnation pour rendre les animaux dépendants des hommes. L’interaction avec le public, qu’on pourrait qualifier de business de selfies, est en réalité un second moyen d’habituer les jeunes animaux à être manipulés. Le public est trompé, puisqu’il pense aider l’association à prendre en charge des animaux, alors qu’il participe à l’imprégnation de félins qui seront remis dans l’industrie du divertissement lorsqu’ils seront trop grands pour les contacts avec le public. Les donateurs de l’association sont abusés, puisqu’ils croient soutenir un refuge alors qu’ils se rendent complices d’un trafic savamment mené depuis de nombreuses années.
En outre, toucher un animal sauvage que ce soit dans un zoo ou dans son milieu naturel peut s'avérer extrêmement dangereux.
Un touriste lors d'un safari en Tanzanie a eu beaucoup de chance : il a tenté de caresser un lion. Ce geste aurait pu lui couter la vie.
sources : Ce touriste inconscient tente de toucher un lion lors d'un safari et L’idée stupide du jour: un touriste essaye de caresser un lion)
Idem pour ce soigneur dans un zoo de Dakar : Zoo de Dakar: le lion manque de justesse d'arracher le bras d'un homme ou ce touriste en Afrique du Sud alors que le gardien lui aurait certifié qu'il ne risquait rien : Un homme caresse une lionne sans crainte: il ne refera plus JAMAIS cette erreur.
Cela semble toutefois possible dans certains zoos étrangers :
En Thaïlande, le Tiger Kingdom de Chiang Mai permet aux visiteurs de caresser des tigres.
Sur l'île Maurice, au parc Casela, vous pourrez vous promener aux côtés d'un lion, caresser un guépard, ou un caracal.
A Duba¨également :
Pour tromper l’ennui quand ils s’en vont à Dubaï, de nombreuses stars de télé-réalité françaises et du rap, comme les célèbres Gims, Rohff ou Alkpote, décident de se payer une visite au zoo. Ils prennent alors la route pendant une heure à travers le désert. Destination un endroit bien particulier : le zoo privé Albuqaish. De la taille d’un terrain de foot, cet endroit propose, moyennant 250 euros, de caresser un lion, de jouer avec des bébés tigres blancs ou de porter un python. A ce prix-là, les visiteurs privilégiés ne manquent pas de se prendre en photo en compagnie des fauves rares et de les partager sur les réseaux sociaux, sans se préoccuper d’où viennent ces animaux ni si cela leur cause du stress. [...]
Sur Instagram, ces photos de visiteurs en train de manipuler des bébés fauves, de nourrir un petit ours brun ou de poser fièrement à côté d'un guépard passent mal auprès des défenseurs de l'environnement. «Certains animaux montrent des comportements stéréotypés. Un loup et un tigre faisaient les cent pas. Apparemment, ils n'avaient pas la possibilité de se soustraire au regard des visiteurs», commente Céline Sissler-Bienvenu, directrice France et Afrique francophone du Fonds international pour la protection des animaux (IFAW). Après avoir visionné des images de youtubeurs, elle déplore que «les animaux soient exploités à des fins de faire-valoir. Ils ne sont pas respectés dans leurs statuts d'animaux sauvages, qui ont des besoins particuliers». En janvier 2020, le journaliste et militant pour les droits des animaux Hugo Clément avait déjà dénoncé la visite d'un couple d'influenceurs français dans ce zoo, où ils posaient avec un guépard tenu en laisse et un lionceau. La presse people s'était intéressée à l'affaire, et l'influenceuse avait fini par effacer sa publication, présenter ses excuses et faire un don à une association. Dans un communiqué, l'agence qui la représente avait réagi en déplorant une «publication maladroite», précisant qu'elle «condamne l'utilisation des animaux sauvages dans les spectacles». Quelques mois plus tard, la chanteuse Wejdene a posté des vidéos où elle joue avec un petit singe du zoo Albuqaish, qui lui «manque trop». Réaction de la Fondation 30 Millions d'amis : «Ce qu'il manque à ce pauvre petit singe, c'est de ne pas être dans son milieu sauvage naturel, c'est de ne pas être auprès de sa mère, c'est de ne pas être déguisé ET de ne pas être exploité par des humains !» [...]
De leurs visites, les influenceurs repartent toujours avec le sourire, garantissant à leur public que les animaux y sont bien traités et que les fauves «ne sont pas drogués comme en Thaïlande», où des attractions touristiques similaires existent. Pourtant, se prendre en photo avec un ours ou avec un tigre au beau milieu du désert émirati n'est pas sans conséquence, explique Céline Sissler-Bienvenu: «Ça augmente les risques d'être braconnés ou capturés pour ces animaux quand ils sont encore à l'état sauvage, afin de répondre à ces demandes qui se multiplient.»
source : Près de Dubaï, les influenceurs cumulent les fauves de goût / Jacques Pezet - Libération, 19 février 2021
Vous l'aurez compris, caresser un animal sauvage relève de la maltraitance et contribue au braconnage des bêtes sauvages.
Si nous pouvions nous permettre de vous donner un conseil, caressez plutôt un chat de compagnie.
Bonne journée.
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