Le prénom "Mael" s'orthographie t-il bien ainsi en Breton ?
Question d'origine :
Bonjour,
Avant la naissance de mon fils, sa mère et moi devions choisir son prénom. Nous avons arrêté notre choix sur un prénom d'origine Bretonne et nous souhaitions l'orthographier tel qu'il l'était en langue Bretonne. Nous l'avons donc appelé Mael sans accent car je m'étais laissé dire que le breton n'utilise pas les accents mis à part le tilde pour marquer une prononciation nasalisée. J'ai oublié d'où je tirais cette information et j'espère ne pas avoir commis d'erreur, j'aimerais en obtenir la confirmation définitive auprès de vous.
Merci beaucoup !
Bien cordialement
Kevin
Réponse du Guichet

Le prénom Maël s'orthographie bien sans tréma sur le "e" si celui-ci veut respecter la forme traditionnelle bretonne. L'accentuation n'étant pas unifiée au sein des divers dialectes bretons, difficile d'établir une règle générale de sa bonne utilisation... Certains ouvrages de référence dans nos collections pourraient vous permettre d'y voir plus clair.
Bonjour,
Oui, rassurez-vous, l'orthographe du prénom de votre enfant correspond bien à l'écriture bretonne. En effet, l'accent tréma qui orne le "e" du prénom "Maël" tel qu'il est le plus souvent orthographié (5ème prénom le plus donné en France en 2023 chez les garçons selon l'INSEE), est un signe issu de l'alphabet latin et serait l'héritier du tréma grec. En français, il sert à indiquer qu'une voyelle qui précède, en général "e" "i" et "u", doit être prononcée séparemment et ne fait pas partie d'un diagrame. Exemple : « maïs » se prononce (ma-isse) et non pas comme « mais » (Wikipedia - Tréma). Le tréma, tel que nous le connaissons, n'apparaît pas dans la langue bretonne.
Le prénom "Mael" s'écrit bien sans accent dans l'ouvrage "Tous les prénoms bretons" d'Alain Stéphan (Éditions Jean-Paul Gisserot, 1996), où nous lisons :
MAEL. Du vieux breton mael (mell en breton moderne, avec le sens de grand), prince, chef. Variante : Mae. Dérivés : Maela, Maelez, Maelenn (féminins), Maelig, Maelan (diminutifs), Maelaig, Maelennig, Maelezig, Laig, Lennig, Lezig (diminutifs féminins).
C'est aussi le "prince", le "chef", en somme celui qui dirige, pour cet article du Courrier de l'Ouest : Ces prénoms bretons ont la cote, mais quelle est leur signification ? (2023). Nous trouvons sur la page Wikipedia du prénom d'autres informations, certes non sourcées :
Le nom Mael est issu d'un mot de vieux breton proche du mot gaulois magalos, lui-même proche du grec megalos, signifiant grand et fort. C'est ce mot mael que l'on trouve dans les noms bretons Armel (Arzh-Mael, Ours fort) et Maelgwn (Chien fort, de cwn, chien).
Source : Maël - Wikipédia
Concernant l'utilisation des accents dans la langue bretonne, de premières investigations montrent de grandes variations phonologiques selon les territoires et il est difficile de dégager une règle unifiée. L'ouvrage, Le Breton, langue celtique de Yann Brekilien (Nature et Bretagne, 1976) explique que le breton fait cohabiter 4 orthographes officielles, et qu'elles sont bien davantage en pratique :
Le breton est donc riche depuis 20 ans de quatre orthographes officielles, le K.L.T, le Vannetais, le ZH et l'universitaire, dit aussi du nom de son auteur, le falhuneg. Il vient de s'y ajouter l'orthographe nouvelle de la méthode Assimil. Je ne parle pas, évidemment, des nombreuses orthographes officieuses des mauvais esprits qui, comme moi, en attendant que la question soit résolue pour de bon, inventent un nouveau système orthographique chaque fois qu'ils se mettent devant leur machine à écrire. Une orthographe n'est jamais qu'une convention qui ne change rien à la langue elle même.
Source : Le Breton, langue celtique (p. 91)
À travers une étude sur le genre dans les méthodes d'apprentissage de langue, les chercheuses Marie-Françoise Bourvon et Lena Catalan-Marcos dans un article intitulé La voix et l'accent dans les méthodes de langues. Approche genrée dans quatre méthodes de breton et de Français Langue Étrangère Revue de semio-linguistique Semen, 2022, p.55 - 72) réactualisent ce constat. Une absence de normes phonologiques, faute de normes institutionnelles, débouche sur une réalité linguistique multiple et une utilisation variée de l'accentuation que nous serions bien en peine d'expliquer.
Contrairement au français, en breton, comme dans la plupart des langues minorisée, il n’y a pas, en l’absence d’institution unificatrice, de norme phonologique. D’une part, l’Église catholique, institution qui a utilisé la langue bretonne pendant des siècles, l’a progressivement abandonnée au profit du français (Broudic 1993), et d’autre part, la scolarisation en breton est très récente (la toute première école a eu quarante ans en 2018) et concerne moins de 10 % des enfants.
(...)
L’absence de norme institutionnelle se combine donc à une très grande attention à la variation phonologique de la part des spécialistes, interdisant un repérage binaire de l’accent comme en français, c’est pourquoi nous avons adopté une classification en dialectes correspondant aux catégories perceptives des locuteu·rice·s actuel·le·s du breton. Ceux-ci regroupent traditionnellement les variantes de la langue en quatre dialectes correspondant aux quatre évêchés dont était composée la Basse-Bretagne (Cornouaille, Léon, Trégor-Goëlo, Vannetais).
Des descriptions plus modernes considèrent que ces quatre dialectes forment en réalité trois zones principales : au nord-ouest, le Léon est une zone plus conservatrice d’un point de vue linguistique, et le siège de l’ancienne norme linguistique ecclésiastique qui a perdu son influence au cours du vingtième siècle. Au sud-ouest, le vannetais présente des formes archaïques très caractéristiques comme l’accent sur la dernière syllabe ou la palatalisation des plosives. Au centre, du sud-ouest au nord-est, les locuteurs des dialectes cornouaillais et trégorrois forment une zone plus innovante d’un point de vue linguistique. C’est aussi dans une partie majoritairement rurale de cette zone que la langue s’est maintenue le plus longtemps comme langue de communication. Pour correspondre à la multitude de modèles accentuels disponibles, notre repérage de l’accent est donc ici multiple, prenant en compte ces trois principaux dialectes géographiques ainsi que le dialecte non territorialisé des nouveaux·elles locuteur·trice·s.
La page l'accent tonique breton pourrait vous aider à y voir un peu plus clair, expliquant les différences majeures parmi les principaux dialectes évoqués.
Vous trouverez de quoi améliorer votre compréhension de la langue bretonne et de l'histoire culturelle et linguistique de la région dans ces ouvrages de référence disponibles dans nos collections :
Grammaire bretonne de Pierre Trépose (Ouest France, 1980)
Perspectives nouvelles sur l'histoire de la langue bretonne de François Falc'hun (Union générale édition, 1981)
Devezh mat,