Quelle est la symbolique des piliers du temple de Salomon ?
Question d'origine :
Bonjour
Je suis à la recherche de renseignements sur la symbolique des pilliers en lien avec le temple de Salomon.
Et la difference avec les colonnes. Sachant qu'en anglais le mot pilars désigne les deux.
En vous remerciant
Réponse du Guichet

A l'image des grandes sources d'inspiration maçonnique, la symbolique des piliers se réfère au Premier Livre des Rois et à la Kabbale juive.
Bonjour,
L’espace dans lequel se réunit la loge est, en général, appelé Temple. (…) Il est orienté selon les points cardinaux et rappelle le temple de Jérusalem que Salomon, fils de David, construisit sur les indications directes de Yahvé. Le lieu est organisé autour de ce plan, en tenant compte des contraintes locales et administratives. Les références sont contenues dans le Premier Livre des Rois, aux versets retraçant la construction du temple de Salomon, et dans le Livre des Chroniques. Ces récits ont donné lieu à plusieurs tentatives de reconstruction, malgré des indications parfois obscures, selon le Grand dictionnaire de la franc-maçonnerie. Histoire, Philosophie, fonctionnement, symboles et rites sous la direction de Robert de Rosa.
Dans son Dictionnaire maçonnique. Le sens caché des rituels et de la symbolique maçonniques, Roger Richard précise que les piliers
dans les textes anciens soutiennent la Loge. Les piliers sont au nombre de trois et surmontés d’un candélabre. Ils sont généralement disposés autour du Tapis de Loge. Ils portent traditionnellement les noms de Sagesse, Force et Beauté. Si le pilier de la Sagesse est toujours placé du côté de l’orient et représente le Vénérable Maître, les deux autres piliers sont attribués à l’un ou à l’autre Surveillant selon les Rites.
Au R.E.R., le Vénérable Maître descend de son autel pour allumer les trois étoiles des piliers qui sont de simples candélabres hauts sur pied. Au premier Pilier, côté Orient, il dit: « Que la sagesse préside à nos travaux! » puis il allume les deux autres étoiles et remonte à son autel.
Les deux Surveillants viennent ensuite chercher la lumière aux piliers. Le premier dit : « Que la Beauté les orne! », puis le second Surveillant ajoute : « Que la Force les achève! »
A certains autres rites, la Sagesse est matérialisée par un pilier de style Ionien et attribuée au Vénérable Maître; la Force l’est avec un pilier de style dorique et attribuée au Premier Surveillant et la Beauté avec un style corinthien est attribuée au Second Surveillant. C’est parfois l’expert ou le Maître des Cérémonies qui procède à l’allumage.
Quant aux colonnes, nous avons trouvé une note dans le « Grand dictionnaire de la franc-maçonnerie » cité ci-dessus :
Les loges se réunissent dans un espace particulier, temporaire ou définitif, qui affiche les éléments symboliques de la construction. (…) L’entrée est flanquée de deux colonnes qui sont celles que le bronzier Hiram avait exécutées: Il dressa les colonnes devant le vestibule du sanctuaire ; il dressa la colonne de droite et lui donna pour nom Yakîn ; il dressa la colonne de gauche et lui donna pour nom Boaz.
Ainsi fut achevée l’œuvre des colonnes.
L’auteur note la référence du I Livre des Rois, 7, 21 à 22.
Ces colonnes placées à l’Occident et dont les chapiteaux sont couronnés de grenades font l’objet d’interprétations symboliques et leurs noms constituent les mots sacrés des apprentis et des compagnons (invariables pour chaque degré, selon l’Obédience et le Rite).
Dans ce dictionnaire, nous trouvons l’information que le mot ‘colonne’ s’applique aussi
à la situation des membres de la loge qui sont placés sur deux rangées perpendiculaires à l’Orient, comme dans les assemblées ecclésiales ou monastiques. Les apprentis siègent sur la colonne du nord, les compagnons sur celle du midi et les maîtres sur le devant de l’une ou de l’autre. Un Surveillant, qui leur fait face, gère la discipline sur chacune d’elles.
Quelques informations complémentaires apparaissent dans Le Cahier de la franc-maçonnerie n°24, consacré aux liens de celle-ci avec le temple de Salomon. En effet, le chapitre intitulé «Le devenir des deux colonnes Yakin et Boaz » rappelle l’analogie tracée par Joseph Gikatila (1248-1325) entre les deux colonnes latérales et l’arbre des séfiroth dans son livre Les Portes de la Lumière.
Partant du Cantique des Cantiques, il interprète le passage V, 15: « Ses jambes sont des colonnes de marbre fondées sur des bases d’or pur » comme une allusion aux deux colonnes. Il écrit :
« Car il y avait deux colonnes Yakin et Boaz. Mystère de « Ses jambes sont des colonnes de marbre, ammodim (colonnes), Sheish (de marbre) fondées meyoussadim sur des bases d’or pur, al adoni (bases) paz (or pur) ».
Il ajoute aussitôt : « Les jambes dont il est question sont Netsa’h et Hod qui constituent le mystère de YHVH Elohim Tsevaoth servant de colonnes aux séfiroth et qui correspondent aux deux colonnes réalisées par Salomon, Yakin et Boaz ».
Il utilise le jeu de mots en hébreu. Ainsi, en ce qui concerne les colonnes ammodim de marbre blanc sheish, elles peuvent se traduire par les six colonnes car sheish veut dire aussi le chiffre six. Soit les six colonnes qui sont ainsi assimilées aux six séfiroth latérales – trois d’un côté, trois de l’autre.
A partir de là, Joseph Gikatilla place Netsah (éternité, victoire en hébreu) et Hod (hébr. splendeur, majesté) sur les fûts; Guedoulah ou Hessed (Clémence) et Guévourah ou Din (Jugement) sur les deux chapiteaux ; Hokmah (Sagesse) et Binah (Intelligence) sur les deux bourrelets des chapiteaux.
Et donc Yakin – la colonne surmontée de la lettre hébraïque MEM - en rapport avec l’eau et la couleur blanche correspond à Hokmah, Hessed et Netsah.
Boaz – la colonne surmontée du SHIN - est en rapport avec le Feu et la couleur rouge et correspond à Binah, Din et Hod.
Les deux bases des colonnes correspondent à Yessod (fondement en hébreu) et à Malkout (le Royaume) en raison des jeux de mots autour de 'meyoussadim' et 'adoni'.
« Yakin et Boaz […] : des colonnes fondées (en hébreu 'meyoussadim', même racine que 'Yessod') sur des bases 'adoni', écrit comme Adonai, le nom divin de Malkouth ».
Chaque séfira se rapporte à un nom divin. La démonstration du kabbaliste Joseph Gikatila étant longue et complexe, on peut dire plus simplement que Tiféreth (Beauté, Soleil, Feu, Or) et Keter sont sur l’axe central, symbolisé par le mystère du chiffre Six, Sheish, qui correspond aussi à la lettre VAV. Celle-ci est traditionnellement l’axe central de l’arbre, le pilier invisible.
Enfin, il appela les séfiroth « Portes de Lumière », permettant de passer dans différentes pièces du Palais du Roi, « l’Edifice », celui de l’arbre des séfiroth.
Pour aller plus loin :
Franc-Maçonnerie et la Kabbale de Marie Delclos, éd. Escalquens, 2017 ;
Kabbale initiatique: un éclair dans l’arbre de Vie de Marc Halévy, ed. Escalquens, 2013 ;
Le Temple de Salomon : mythe et histoire de William J. Hamblin et David Rolph Seely, éd. Seuil 2007.
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