Comment fonctionnaient les écoles ouvertes par E. Herriot pour les mutilés de guerre ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je cherche à connaitre la valeur de la solde des pensionnées à 100% de la Grande Guerre, pourriez-vous me renseigner sur celle-ci ou m'orienter dans ma recherche.
Auriez-vous des données sur les Écoles crées par le maire de Lyon Édouard Herriot pour assurer dans les années 1920 des formations pour les mutilées de 14/18 qui ne pouvaient pas reprendre leurs métiers d'origine. Sauriez-vous où sont les archives, sont-elles aux Archives Municipales de Lyon?
D'avance merci de votre retour.
Réponse du Guichet

Ce sont les Archives municipales de Lyon qui détiennent les fonds de l’école des mutilés de Lyon [cote 112 WP 43]. Un accès aux archives des pensionnés de guerre est aussi possible en contactant la Division des archives des victimes des conflits contemporains du service historique de la Défense qui se trouve à Caen. Les archives conservées à la DAVCC, fichiers et dossiers individuels pour l’essentiel, sont celles que le Ministère des pensions et ses successeurs ont produites depuis 1916.
Pour répondre à votre question sur l’existence d’écoles créées sur Lyon pour former les mutilés de la Grande Guerre, nous avons consulté l’ouvrage suivant disponible dans la salle du département Civilisation: Les mises en guerre de l'État [Livre] : 1914-1918 en perspective / sous la direction de Sylvain Bertschy et Philippe Salson. Un chapitre est consacré à ce sujet : La municipalité de Lyon et l’enseignement technique durant la Grande guerre avec en pp 224 à 230 un article précisément sur la mise en guerre et la création de l’école des mutilés.
«Le 20 novembre 1914 Herriot soumet un rapport au conseil municipal de Lyon en vue de créer une école pour la rééducation professionnelle des blessés et des mutilés de guerre. Aussi la première école de mutilés en France est fondée le 30 novembre. Installée au 41 rue Rachais, à l’angle de la rue Garibaldi dans l’ancien château de la Buire, elle accueille les 3 premiers mutilés le 14 décembre 1914. Elle prendra rapidement le nom d’«école Joffre» et fonctionnera comme un établissement privé vivant de dons et ne recevant que peu de subventions publiques. Elle est néanmoins placée sous la tutelle du ministère de la Guerre et de la ville de Lyon. Au départ, proposant de la comptabilité, elle ouvrit de nouvelles sections dès 1915 : menuiserie, brochure, tailleurs, et cordonnerie. Accueillant plus de 100 mutilés, trop exiguë, elle ouvrira un 2e établissement en mai 1915 à Tourvielle aux abords immédiats de la ville de Lyon, appelé «école Foch», sur un grand domaine agricole. Jusqu’à sa fermeture en 1921, elle accueillera 120 à 150 mutilés par mois. Quant à l’école Joffre, elle avait été rattachée à l’école Foch en novembre 1919.
Le 2 mars 1916 est créé l’Office national des mutilés et réformés. Dans le Rhône, l’Office départemental préconise de réunir les deux écoles lyonnaises. Une nouvelle école sera créée à Gerland en juillet 1919 sur le site d’une ancienne école d’armement du ministère de la Guerre, rue Challemel-Lacour. La guerre étant terminée, elle acceptera aussi les mutilés du travail, d’où son nom «école des mutilés de guerre et du travail». Elle sera entièrement reconstruite en 1932.
La création de cette école s’est accompagnée de l’ouverture d’autres centres de rééducation professionnelle pour les mutilés : à Caluire (pour les aveugles), à Ecully (dans le domaine de l’agriculture), au château de Sandar à Limonest.»
Autres sources consultées :
- Lyon dans la Grande Guerre [webinaire] sur le site des Archives municipales de Lyon. Partie «Une école pour les blessés»
- Lyon sur tous les fronts ! Une ville dans la grande guerre [expo 2014 en ligne] sur le site de la Bibliothèque municipale de Lyon. Partie "Une ville hôpital. Lyon mobilisée pour soigner les blessés"
- Maison forte dite château de la Buire, couvent de petites sœurs de l'Assomption, école de rééducation professionnelle de blessés militaires de la Ville de Lyon dite école Joffre, maison des étudiantes Lirondelle [dossier en ligne] par l’inventaire général de la Région
- Les conséquences de la Grande Guerre [Livre] : 1919-1923 / sous la direction de Jean-Paul Bled et Jean-Pierre Deschodt. Chapitre "Gérer l’après-guerre aux PTT. Que faire des veuves et mutilés de guerre ?"
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Concernant votre question sur la valeur de la solde des pensionnés de guerre, l’Encyclopédie de la Grande Guerre, 1914-1918 : histoire et culture dans son chapitre sur l’empreinte de la Grande Guerre nous rappelle qu’une nouvelle loi sur les pensions est votée le 31 mars 1919 selon le principe du droit à réparation. Elle prévoit l’indemnisation des victimes de guerre telles que les veuves, les orphelins, les ascendants grâce à un ministère des pensions créé par un décret de janvier 1920. Sera mis en place une hiérarchisation du montant des indemnisations. Le barème passe de 3 500 à 800 francs pour la veuve du général de division et celle d’un soldat. Sont prévues des majorations pour les enfants. Toutefois la plupart des pensions ne suffiront pas à assurer un niveau de vie décent, le sentiment de déclassement social sera prégnant.
Ces pensions connaitront une évolution divergente au cours de l’entre-deux-guerres. On peut distinguer des périodes de stabilité comme lors des années 1919-1925, des périodes d’augmentation générale (1925-1930) ou encore de stagnation (1930-1939).
Pour aller plus loin sur cette question, nous vous proposons de consulter le site du Service historique de la Défense , notamment la partie sur Les dossiers de pension d’anciens combattants et ayant droit, remontant à la Première Guerre mondiale, qui étaient conservés majoritairement aux Archives nationales sur le site de Fontainebleau, et qui sont versés à partir de 2013 au SHD-Caen.