Comment étaient prises les photos de rue utilisées sur les vieilles cartes postales ?
Question d'origine :
Bonjour,
Je m'intéresse aux cartes postales anciennes de mon village (début 20è siècle), et je cherche plusieurs types d'informations sur les cartes postales anciennes en général. Je n'ai pas trouvé de réponse sur Internet, aussi je vous les pose ici :
- Savez-vous depuis quand les cartes postales de rue sont animées, c’est-à-dire montrent des personnes (qui font la pose) ?
- Savez-vous si ces personnes sont de simples quidams pris en photo quand le photographe se préparait pour faire sa photo, ou s’il s’organisait par exemple avec les habitants des maisons alentours ?
Merci d'avance pour vos recherches.
Réponse du Guichet

Merci pour vos deux questions. Il est plus aisé de répondre à la première qu'à la seconde.
Bonjour,
Merci pour vos deux questions.
Nous vous invitons tout d’abord à consulter ces réponses antérieurement apportées par le Guichet à des questions portant sur des sujets voisins du vôtre. À la fin de ces réponses figurent nombre de références bibliographiques susceptibles de vous intéresser :
S’agissant de votre première question, il ressort de nos recherches que les premières cartes postales montrant des personnes photographiées prenant la pose datent de la toute fin du XIXe siècle, peu après l’apparition de la carte postale elle-même, que l'on peut faire remonter à 1869.
En effet, à la fin du XIXe siècle l’enthousiasme pour la photographie conduit les photographes à s’emparer de la rue et de la vie quotidienne, qui ne tardèrent pas à se retrouver sur les cartes postales que s’envoient alors les individus de plus en plus massivement – notamment depuis les stations balnéaires en plein essor économique.
Comme l’écrit Benjamin Caillaud dans son article "Carte postale photographique et balnéarisation des villes littorales : le cas de Royan (1895-1920)" :
À la fin du XIXesiècle, les Français ont soif d’images photographiques : images d’eux-mêmes, images de leur quotidien, du reste du monde ou de leur patrimoine monumental […] Pourtant, ce désir est encore largement bridé par une contrainte technique : l’impossibilité de reproduire à grande échelle la photographie sur papier d’imprimerie. Or en 1895, les procédés sont désormais au point tandis que les plaques négatives au gélatino-bromure d’argent permettent déjà depuis une dizaine d’années de photographier la vie en mouvement. Les procédés d’impressions des photographies sur papier, soit une reproduction mécanique, va alors s’appliquer à un support à la mode depuis un quart de siècle: la carte postale. Depuis la fin des années 1880, les Français consomment ce carton de correspondance circulant à découvert en grande quantité. La face opposée à la mention de l’adresse est illustrée par une simple frise puis par un dessin et une gravure. Avec les vues photographiques, la «carte postale» devient un phénomène international.
Une étude de l’histoire des cartes postales figure dans l’ouvrage La carte postale: son histoire, sa fonction sociale, d’Aline Ripert et Claude Frère. Nous ne disposons hélas plus de ce livre à la bibliothèque municipale de Lyon, mais vous pouvez consulter la disponibilité des exemplaires dans d’autres bibliothèques sur la base Sudoc. Un exemplaire se trouve à la Bibliothèque Diderot, relevant de l’ENS Lyon.
Il n’est pas aisé d’apporter une réponse générique à votre seconde question. On imagine que les pratiques furent très diverses, allant de la photographie dérobée à la mise en scène concertée (avec les gens résidant alentours ou simplement de passage), en passant par la prise en photo involontaire des sujets.
Notons toutefois qu’à partir de la seconde moitié du XIXe siècle, les tribunaux ont commencé à protéger le droit à l'image des personnes physiques, afin de faire face à l’essor de la photographie. Photographier les sujets à leur insu constituait donc une prise de risques, même si l’on peut supposer que la pratique n'a pas été inexistante…
L’évolution du droit à l’image est retracée dans divers ouvrages juridiques disponibles dans les bibliothèques universitaires. Citons notamment Droits de la personnalité, Paris, Ellipses, 2015, de Jean-Michel Bruguière et Bérangère Gleize, dont un exemplaire se trouve à la bibliothèque de l'Université Lyon 3.
Nous pouvons en outre vous conseiller de développer vos recherches en vous rapprochant du Musée de l'imprimerie à Lyon, ainsi que du Musée de la carte postale, à Antibes.
Enfin, à la bibliothèque de La Part-Dieu se trouve un fonds de cartes postales, sur lequel pourront vous renseigner les bibliothécaires de la Documentation régionale, située au 4e étage du bâtiment.
Bonne journée,
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