Les guides conférenciers sont-ils les seuls autorisés sur les sites classés Monuments Historiques ?
Question d'origine :
Bonjour,
les guidés conférenciers sont-ils bien les seuls à être autorisés à guider au sein des Monuments Historiques, "Musées de France", dans les périmètres classés UNESCO, et/ou d'autres endroits précis ?
En vous remerciant.
Réponse du Guichet

Oui, le Code du Tourisme dispose que les visites commentées dans les musées de France et monuments historiques doivent obligatoirement s'effectuer par le recours de guides conférenciers agréés. Pourtant malgré la loi, de nouvelles pratiques détricotent et précarisent le statut de guide conférencier... Les associations et organismes sans buts lucratifs ne sont pas soumises à ces obligations, ni même les monuments historiques privés.
Bonjour,
Le guide conférencier est un médiateur culturel qui assure des visites commentées dans une démarche de valorisation patrimoniale dans les territoires et dans les lieux patrimoniaux, en français ou dans une langue étrangère.
En France, la profession de guide-conférencier est réglementée par l'article L-221-1 du Code du Tourisme. Le site entreprise.gouv du Ministère de l'économie indique qu'il fait "obligation pour la visite commentée dans les musées et monuments historiques, dans le cadre d’une prestation commercialisée par un opérateur de voyages et de séjours, d’avoir recours à des personnes qualifiées, détentrices de la carte professionnelle de guide-conférencier. La délivrance de cette carte professionnelle est soumise aux conditions fixées par les articles R. 221-1 et suivants du code du tourisme".
Attention toutefois, le point III de l'article L211-18 précise que les associations et organismes sans buts lucratifs ne sont pas tenues de satisfaire à ces obligations pour conduire des visites guidées dans ces monuments.
Aussi, ce petit article de l'association la Demeure Historique indique, après prise de contact avec le Directeur général des Patrimoines, que l’obligation de recours aux guides conférenciers ne s’applique pas aux monuments historiques privés.
Pour rappel en France, le guide-conférencier peut exercer son activité en qualité de travailleur indépendant ou de salarié (CDI, CDD, saisonnier, indépendant ou autoentrepreneur). C'est sur ces statuts que jouent dorénavant certains musées pour tenter d'économiser en externalisant le service de guide conférencier. On passe par des agences touristiques qui fonctionnent avec le statut de microentrepreneur. Vous pouvez lire à ce titre cet article du journal Le Monde qui illustrait en 2023 cette pratique avec pour exemple la politique du Musée national de l'immigration : A Paris, les guides-conférenciers du Palais de la Porte-Dorée dénoncent la précarisation de leur métier (lisible sur Europresse grâce à un abonnement BmL).
Les guides conférenciers accusent les institutions culturelles de faire fi de la loi et dénoncent une "ubérisation" de leur métier. L'article évoque notamment une multiplication des appels d'offre qui passeraient outre l'obligation de la carte professionnelle. La députée LFI Danielle Simonnet alertait en 2023 le gouvernement « On est passé d’une logique de fonctionnaire à celle de vacataire, puis on dégringole de vacataire à autoentrepreneur ». Tout comme son homologue, la sénatrice de Paris Colombe Brossel qui, dans une question à la ministre de la Culture en octobre 2024, dénonçait "l'ubérisation de la profession des guides interprètes et conférenciers. Cette dernière insiste également sur la multiplication des "Free Walking Tour" dans les grandes métropoles françaises :
Alors que les professionnels sont garants de notre culture et de notre patrimoine, ils subissent la dégradation des conditions d'exercice de leur métier, qui s'intensifie année après année. Celle-ci repose sur plusieurs phénomènes : le développement des « free tours » par des agences aux pratiques douteuses : salariat déguisé, imposition du régime d'auto-entrepreneur, commissions déterminées à l'avance pour les guides, alors même que les visites sont rémunérées « au chapeau » ; la sous-traitance des visites et guidages des musées par des agences extérieures ; le statut d'auto-entrepreneur devenant de plus en plus fréquent, prenant le pas sur celui de salarié pour les guides interprètes et conférenciers, et étant le vecteur d'une précarité certaine.
Nous assistons en effet à une massification des « free walking tours » dans les grandes métropoles, dont le principe est celui d'une rémunération des guides reposant seulement sur les pourboires que peuvent octroyer les visiteurs. Ces types de visites entretiennent la précarité de ces personnes, qui n'ont aucune certitude quant au montant des recettes.
Sur ces effets de concurrence et la précarisation du métier vous pourriez trouver des ressources et obtenir des informations en parcourant ces sites ou en contactant la Fédération nationale des guides interprètes et conférenciers et le Syndicat national des guides-conférenciers.
Bonne journée,